Frank Wolff, directeur adjoint, Administration de la nature et des forêts (Photo: Frank Wolff)

Frank Wolff, directeur adjoint, Administration de la nature et des forêts (Photo: Frank Wolff)

Dans le cadre de notre opération «Luxembourg Recovery: 50 idées pour reconstruire», partagez une idée concrète, une expérience ou une mesure à mettre en œuvre pour faciliter le rebond de l’économie luxembourgeoise. Aujourd’hui, Frank Wolff propose de développer le secteur des services écologiques.

Le pitch: Envahis par un sentiment de solidarité généralisé envers les producteurs nationaux en tout genre, pris au piège par le coronavirus, de nombreux concitoyens ont soudainement privilégié la consommation locale et ont été amenés à repenser leurs habitudes de consommation d’avant-crise. Cette prise de conscience a le potentiel de durablement changer les rapports de l’offre et de la demande et, par conséquent, les modes de production de l’agriculture nationale. Si les politiques, les consommateurs et les agriculteurs s’emparent de cette opportunité de remise en question, le pays peut émerger de la crise actuelle avec une vraie recette, lui permettant de résolument adresser certains défis environnementaux majeurs.

L’idée: «Pendant six années, tu ensemenceras ton champ, pendant six années, tu tailleras ta vigne; et tu en recueilleras le produit. Mais la septième année sera un sabbat, un temps de repos pour la terre, un sabbat en l’honneur de l’Éternel: tu n’ensemenceras point ton champ, et tu ne tailleras point ta vigne […]: ce sera une année de repos pour la terre.» Ce message divin à l’attention de Moïse sur le mont Sinaï semble avoir frappé involontairement la population mondiale avec la pandémie de Covid-19. Nous sommes à l’arrêt, la nature semble, contre toute attente, avoir eu un moment de répit face à l’exploitation sans relâche de ses ressources.

Climat et biodiversité bénéficient au moins partiellement d’une période de réduction des effets néfastes du développement économique et démographique effréné des dernières décennies. Pourtant, ce répit est comme le message divin du Sinaï, symbolique et éphémère. Il ne brisera pas les tendances alarmantes de perte de la biodiversité et d’engrenage climatique. À nous de revoir notre modèle économique et la façon dont nous voulons gérer les ressources naturelles à la base de notre survie, à savoir l’air pur, l’eau potable, les sols productifs, et le maillage fabuleux de la vie, du virus (sic!) aux séquoias géants, qui crée les conditions propices à la vie sur la planète bleue.

Le Luxembourg est riche en termes d’espèces, de biotopes et habitats et de paysages proches d’un état naturel, malgré une pression folle exercée sur ces derniers par la croissance, et un modèle agricole, qui s’obstine contre vents et marées et avec des moyens dérisoires, à suivre les marchés mondiaux.

L’agriculture nationale semble majoritairement résignée devant l’indomptable force des marchés internationaux, tout en puisant la part du lion de ses revenus dans des aides étatiques ou l’UE.

Les défis de la protection de la nature au Luxembourg sont tributaires d’un autre modèle agricole. En effet, c’est dans nos campagnes que nous perdons le combat pour la préservation de la biodiversité à cause des pratiques agricoles productivistes actuelles. C’est en proposant des alternatives aux agriculteurs que nous arriverons à préserver nos espaces vitaux.

Deux moyens pour nous réapproprier l’agriculture et la maîtrise de nos territoires et ressources:

1. Politiques et citoyens devront devenir les moteurs de la demande pour une production locale et respectueuse de la nature. L’augmentation significative de la demande pour des produits d’une agriculture nationale résolument tournée vers des modes de production respectueux de l’environnement est la voie royale pour la préservation de notre qualité de vie.

2. Maintenons les aides pour l’agriculture à un niveau élevé, non pas pour permettre aux agriculteurs de survivre face aux géants du marché globalisé, mais pour leur permettre de devenir les fournisseurs engagés de services écologiques rendus à la société par une gestion respectueuse du sol, de la biodiversité et de l’eau. Oui aux subsides, mais à condition que la société en général en tire profit par le biais des effets pour le bien commun d’une agriculture qui cultive et protège la biodiversité et les ressources naturelles en général.

En tant que gestionnaire de plus de 50% de notre territoire national, l’agriculture a la chance inouïe de se projeter dans l’avenir, à la sortie de crise, comme un moteur puissant du redémarrage de la vie économique et sociale du pays, à condition qu’elle se transforme résolument comme un garant de la qualité de vie du pays. À nous tous de l’aider à y parvenir!

L’auteur: Frank Wolff, directeur adjoint, Administration de la nature et des forêts

Toutes les idées sont bonnes à prendre, nous ne souhaitons restreindre ni votre réflexion ni votre imagination. Si, comme Frank Wolff, vous souhaitez contribuer à cette initiative, vous pouvez nous envoyer votre idée sous ce format:

- un mot-clé, par exemple: fiscalité;

- un titre explicite, par exemple: baisser la TVA dans la restauration;

- un résumé en 300 signes maximum;

- un développement en 3.000 signes maximum;

- une photo de vous qui permettra d’illustrer l’article sur paperjam.lu.

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