Optimiste par nature, j’essaie toujours d’imaginer les opportunités d’avenir que chaque crise génère, quelle que soit son ampleur. Je suis convaincu que la crise sanitaire, économique et financière actuelle en offre potentiellement de nombreuses, petites ou grandes. À nous de les saisir au plus tôt à titre individuel comme collectif.
Le confinement, qu’il soit total ou partiel, que nous vivons tous de différentes façons, nous fait d’abord réapprécier pleinement le besoin inné et la nécessité existentielle du contact humain. Contact qu’avec les nouvelles technologies nous avions peut-être tendance à reléguer au second plan ces dernières années – tout en réalisant aussi que ce sont ces mêmes technologies qui nous permettent de maintenir un minimum de contact avec nos proches à distance.
La situation actuelle nous fait aussi redécouvrir certaines des valeurs de base que nous avions aussi tendance à négliger, voire oublier:
- la place prépondérante de la famille ou en tout cas de nos proches – ou l’importance d’aimer, d’être aimé, d’être entouré;
- la place primordiale de la santé dans notre bien-être;
- l’importance de la solidarité par opposition à l’égoïsme individuel.
Nous recommençons à valoriser à juste titre des besoins de base comme l’accès à la nourriture, à l’eau potable et à des médicaments de la vie courante; besoins que nous avions tendance à considérer comme un acquis, sans trop nous poser les questions de savoir qui les produisait, où, comment, et avec quelles ressources. Et nous réalisons en parallèle que nous pouvons très bien vivre sans d’autres produits – de luxe notamment – qui nous paraissaient jusqu’à récemment nécessaires et qui sont en réalité superflus.
C’est uniquement par un effort concerté et de solidarité internationale substantielle que nous parviendrons à tirer notre épingle du jeu dans cette attaque planétaire.
Retour donc, d’après la pyramide de Maslow, en cette période crise, à un monde beaucoup plus tourné vers des besoins primaires et moins accessoires.
La crise sanitaire actuelle nous montre aussi, comme l’a récemment évoqué Bill Gates, que devant une telle crise:
- nous sommes tous égaux indépendamment de notre culture, religion, occupation, situation financière ou de notre notoriété;
- nous sommes tous connectés entre nous et les frontières sont illusoires puisque le virus n’a pas besoin de passeport pour les traverser.
Nous sommes en train de réaliser, enfin, que c’est uniquement par un effort concerté et de solidarité internationale substantielle que nous parviendrons à tirer notre épingle du jeu dans cette attaque planétaire.
Des grands gagnants
Les grands gagnants de cette crise seront à mon avis d’une part le regain d’esprit de solidarité et de discipline que nous observons actuellement: avouons-le, esprit de solidarité et discipline que nous pensions disparus, mais qui heureusement ne faisaient que somnoler comme s’ils attendaient d’être réveillés par une crise d’une ampleur suffisante.
Mais comme l’a mentionné aussi récemment Yuval Noah Harari (auteur de «Sapiens» et «Homo Deus»), qui dit solidarité dit nécessairement aussi confiance dans la science, les décideurs politiques et les médias. Et je suis, comme Harari, convaincu que la crise actuelle nous a en effet énormément aidés à réécouter et réapprécier l’avis des scientifiques; à faire le tri entre les décideurs politiques irresponsables qui ignorent voire même contredisent les scientifiques et cachent des informations cruciales à leurs citoyens, et ceux qui ont, en transparence totale, développé en partenariat avec les scientifiques des systèmes de protection bien structurés et efficaces.
Il suffit d’analyser en détail l’efficacité des plans nationaux respectifs en place pour faire ce tri. Cette crise nous aide aussi à faire le tri entre les médias qui ont comme stratégie de marketing d’alimenter la ‘peur’ de leurs ‘clients’, et ceux qui ont pris leur responsabilité en s’efforçant d’informer sans polémique leurs auditeurs en reprenant factuellement les mauvaises comme les bonnes nouvelles.
Nous pourrions imaginer réaliser une étude d’impact comparative de chacun des métiers de notre société, afin de les juger et de réajuster leurs rémunérations respectives à leur juste valeur.
D’autre part, les autres grands gagnants de cette crise seront aussi certains métiers qui voient leur aura se redéployer, car nous avons appris à les réapprécier à leur juste valeur. Je pense aux métiers de la santé, les pompiers, les routiers, les magasiniers, les caissières, etc. Mais aussi, je l’espère du moins, nous serons en mesure de nous pencher sur les écarts importants qui existent en matière de rémunération entre des métiers à faible valeur ajoutée pour la communauté et pourtant très rémunérateurs, et les métiers de santé qui sont nettement moins bien lotis, mais dont nos vies dépendent littéralement.
Comme aujourd’hui dans toutes les discussions sur le développement durable, l’appréciation et la mesure de l’impact semblent constituer la clé de différenciation, nous pourrions de fait imaginer réaliser une étude d’impact comparative de chacun des métiers de notre société, afin de les juger et de réajuster leurs rémunérations respectives à leur juste valeur. Voilà un chantier qui promet d’être épineux, mais salvateur.
Retour aux sources
Un autre grand gagnant, je l’espère, sera la nature ou la lutte contre le réchauffement climatique – soit le bien-être de notre planète.
En effet, la période de confinement partielle que nous vivons nous permet, par le manque, de réaliser la valeur d’un coin de ciel bleu. Et pour ceux qui en ont la chance, elle permet de se promener seul ou en famille et ainsi réapprécier les bienfaits de la nature sur le bien-être (et pour certains même sur la santé mentale).
Nous avons pu observer la rapidité de réaction de la nature au shutdown économique de ces dernières semaines: il suffit pour s’en apercevoir de regarder les cartes de pollution comparatives de la Chine ou l’Inde, ou de constater que les dauphins sont de retour aux alentours de la Sardaigne par exemple. J’ose espérer que cela suffira à démontrer aux décideurs politiques et économiques l’urgence dans laquelle nous nous trouvons, mais aussi l’impact rapide et sans équivoque que leurs décisions futures en matière de réchauffement climatique pourraient avoir.
J’ose espérer que la même volonté des décideurs politiques, économiques et le même support des citoyens puissent être déployés pour sauver et guérir les poumons de notre planète, à savoir les arbres.
Et ce n’est certainement pas un hasard si les pays dont les décideurs politiques ne prennent pas au sérieux, voire même tendent à ignorer et à contredire les cris d’alarme des scientifiques sur le réchauffement climatique, comme les US ou le Brésil par exemple, sont aussi les pays qui semblent les plus durement touchés par la crise sanitaire actuelle.
Je me permets ici de faire une comparaison entre la crise Covid-19 et la crise du réchauffement climatique. Le Covid-19, comme nous le savons, attaque les poumons ou plus précisément les alvéoles pulmonaires, là où les échanges ont lieu entre l’air inhalé et le sang – et nous nous félicitons qu’en l’espace de quelques semaines les décideurs politiques, économiques et financiers, avec le support de tous, aient développé et lancé des stratégies d’actions très concrètes et financées pour le combattre.
J’ose espérer que la même volonté des décideurs politiques, économiques et le même support des citoyens puissent être déployés pour sauver et guérir les poumons de notre planète, à savoir les arbres qui de fait jouent pour la planète un rôle presque identique et parfaitement complémentaire à celui que nos poumons jouent pour nous.