C’est le directeur du Grand Théâtre de Luxembourg, , qui a présenté lui-même toute la programmation de la saison 2024-2025. Et il est tellement appréciable de voir un directeur si engagé et toujours aussi passionné par son métier. Certes, il est acteur, ce qui aide à une grande aisance sur scène lors de son discours, mais on ressent sans aucun trouble l’engagement et la proximité qu’il a avec la programmation mise en place avec l’aide de son équipe. Et c’est très appréciable.
Pour commencer, une nouveauté: un focus conçu pour le public adolescent. Une très bonne nouvelle pour le public de cette tranche d’âge qui, jusque-là, était un peu le parent pauvre des institutions dédiées au spectacle vivant. Treize productions, trois créations, deux commandes, trois spectacles de danse, neuf pièces de théâtre, un opéra… autant dire qu’il y a du choix pour ce public «qui se trouve dans un moment de sa vie où tout est à construire», souligne Tom Leick. Cela passera aussi par un travail encore plus étroit avec certains établissements scolaires, et pour les particuliers, par des spectacles labellisés «générati#n.s», pour un repérage plus aisé.
Opéra et contemporain
Le lancement de la saison d’opéra se fera avec «Così fan tutte» (6, 8, 10 décembre), mis en scène par Dmitri Tcherniakov, qui choisit de réinterpréter l’œuvre de Mozart dans un tout autre contexte, les personnages étant joués par des acteurs plus âgés qui vont tester leur fidélité dans une soirée peu conventionnelle, plutôt proche d’un contexte échangiste…
Acclamé lors du Festival d’Aix-en-Provence en 2023, il ne faudra pas rater «Picture a day like this» (28 février et 2 mars). Cette fable initiatique sur la nature humaine et la découverte de soi en un acte est écrite par un des grands compositeurs contemporains, George Benjamin, tandis que Corinna Niemeyer dirigera l’Orchestre de chambre du Luxembourg.
Troisième suggestion: «Gypsy» (30 avril, 2 et 3 mai), l’une des plus grandes comédies musicales de Broadway, qui raconte le destin déchirant d’une mère dévorée par son rêve de célébrité, avec dans le rôle principal rien de moins que la soprano Natalie Dessay.
De la danse, toujours à la pointe
Le Grand Théâtre est aussi une maison où la danse a toujours sa place. Pour la prochaine saison, on vous recommande particulièrement les créations de la talentueuse Oona Doherty (14 et 15 décembre), qui vient au Luxembourg pour la première fois avec deux spectacles phares, le solo «Hope Hunt and the Ascension into Lazarus» et sa pièce pour 12 danseurs «Navy Blue».
Très connue en Grande-Bretagne, mais présentée pour la première fois au Luxembourg, la compagnie Rambert est à découvrir (6, 7, 8, 9 novembre) dans une «dansical» (comprendre un mix entre de la danse et un musical) inspirée de l’histoire de «Peaky Blinders», avec des performances époustouflantes.
Le public luxembourgeois pourra aussi découvrir «Liberté Cathédrale» (4, 5, 6 octobre), la première création de Boris Charmatz (et dont le mémorable «10.000 gestes» a été présenté lors de la saison 23-24) pour l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch. Cette pièce est «comme une cathédrale sans murs, dont l’architecture est humaine», est-il précisé dans la programmation.
À ces dates, il ne faudra pas oublier d’ajouter les représentations des chorégraphes locaux. Cette saison sera l’occasion de découvrir la dernière création de Jean-Guillaume Weiss, «Groove Club» (31 janvier et 1er février), le grand final du projet «The Game» (13 et 14 février) de Jill Crovisier et «In the bushes» (22 et 23 novembre) de la talentueuse Léa Tirabasso.
Et du théâtre fort et dense
Le temps fort de la saison théâtrale sera la représentation de «Bérénice» (20, 21 octobre), mise en scène par Romeo Castellucci, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, avec dans le rôle principal Isabelle Huppert.
Séverine Chavrier revient, après son adaptation des «Palmiers sauvages», avec un autre texte de William Faulkner. Cette fois-ci, c’est «Absalon, Absalon!» (5 et 6 février) qu’elle mettra en scène. Une grande épopée de trois familles du sud des États-Unis, pendant et après la guerre de Sécession. Attention: le spectacle dure plus de 3h.
Enfin, pour rire en toute intelligence, il faudra aller voir «La vie est une fête» (20 et 21 mars), de Jean-Christophe Meurisse, avec Les Chiens de Navarre. «Une pièce d’une grande liberté d’expression, très drôle et politiquement incorrecte», a précisé Tom Leick.
Pour le théâtre en allemand, il faut noter «Die Dreigroschenoper» (7, 8 et 9 mars), du talentueux Barrie Kosky, et pour le théâtre en anglais, «Noises off» (13, 14 et 15 juin), de Douglas Rintoul, qui est «une pièce de théâtre qui jouit d’une des meilleures popularités en Grande-Bretagne», selon le directeur du Grand Théâtre.
Et enfin, le spectacle de fin d’année s’est orienté vers un public familial et le choix est tombé sur «Le Petit Prince» (27, 28, 29, 31 décembre, 1er, 2, 3, 4, 5 janvier), dans une production de Broadway Entertainment Group.