Cela a été un véritable marathon et une épreuve pour les nerfs. Tous les interlocuteurs s’accordent sur ce point, car en plus de la difficulté et de l’ampleur de la tâche de la rénovation, les contraintes liées à la pandémie se sont invitées sur le chantier. Mais le bâtiment industriel de la Möllerei est prêt (ou presque) pour accueillir les visiteurs d’Esch2022.
En effet, la Möllerei – qui servait autrefois à stocker le minerai et le coke – va servir de lieu d’exposition pour des installations numériques et interactives présentées dans le cadre de la Capitale européenne de la culture qui commence samedi 26 février. 22 millions d’euros ont été nécessaires pour financer ce chantier complexe, «un budget qui se justifie pleinement», a précisé le vice-Premier ministre et ministre de la Mobilité et des Travaux publics, (déi Greng).
Désormais, la Möllerei va pouvoir accueillir du public. C’est une des infrastructures phares d’Esch2022 et rend possible le projet «Digital Spaces» (initialement imaginé pour la halle des soufflantes qui n’était pas exploitable à cette fin) et qui s’appuie sur la présentation de créations multimédias. «L’idée du Remix d’Esch2022 prend dans ce bâtiment toute sa signification» a souligné la ministre de la Culture, (déi Greng). «Le patrimoine historique connait ici une nouvelle vie dans une qualité de haut niveau.»
Une conservation aussi remarquable que discrète
Construite en 1910, la Möllerei a fait l’objet d’une transformation profonde entre 1965 et 1970 et n’était plus en service depuis l’arrêt du dernier haut fourneau en 1997. Inscrit sur l’inventaire supplémentaire du Service des sites et monuments nationaux (SSMN) depuis 2000, le bâtiment a fait l’objet d’une opération de conservation, sur les huit premières travées, et entre ainsi dans l’ensemble des édifices qui documentent le fonctionnement du haut fourneau A. La partie Nord de la construction a été vidée de ses équipements et intégrée à la Maison du Livre, bibliothèque universitaire voisine.
Cette transformation aussi remarquable que discrète et sensible, on la doit au bureau d’architectes Beiler François Fritsch, qui était déjà en charge de la conservation des hauts fourneaux. En plus de la conservation, stabilisation et restauration des éléments existants, ils ont apporté quelques nouveaux éléments qui rendent l’accès au public possible comme de nouvelles passerelles pour une circulation en boucle permettant de découvrir le bâtiment de manière sécurisée et surplombant l’espace d’exposition au deuxième sous-sol. Les menuiseries métalliques extérieures ont par ailleurs dû être remplacées, les anciennes étant fortement corrodées. On compte également un nouvel escalier et un ascenseur. À l’extérieur, les surfaces en briques ont été nettoyées et la toiture remplacée.
Vue de l’intérieur de la Möllerei avec un écran géant déjà installé pour Esch2022. (Photo: Paperjam)
D’un point de vue équipement, un éclairage de base et de secours a été mis en place, permettant également l’organisation de visites nocturnes. Au vu du caractère industriel de la Möllerei, l’installation de chauffage a été réduite au minimum, mais n’exclut pas l’organisation d’événements à la période froide.
Dehors, une nouvelle passerelle de 24 tonnes a été installée entre la Möllerei et le haut fourneau A, venant compléter le circuit de visite déjà existant. Respectant la charte de Venise, ces nouveaux éléments contemporains sont clairement identifiables comme tels et ont été approuvés par le Service des sites et monuments nationaux.
Les abords ont aussi été retravaillés, en particulier sur la surface Ouest du bâtiment avec un nouvel espace vert accessible au public. Au niveau de la place de l’Académie, le mur de soutènement d’origine a été restauré. Le concept paysager prévoit que le sol soit traité de manière similaire que le niveau situé en partie supérieure, c’est-à-dire par la mise en œuvre d’une végétation de nature pionnière encadrée de couvre-sol; cet aménagement permet de gérer le raccord entre ce mur historique et la Place de l’Académie.
La Masse noire améliorée
Mais la Möllerei n’est pas le seul bâtiment à avoir subi des travaux ces derniers mois. La Masse noire voisine, ouverte en 2010, a elle aussi été le sujet de transformations pour Esch2022. Ce bâtiment, mis en service en 1965 servait à l’origine à la fabrication de la masse de bouchage du trou de coulée du haut fourneau. Sur son prolongement latéral, la halle comporte à l’extérieur une partie couverte qui servait d’abri à des séchoirs de poches à fonte.
Vue extérieur de la Masse noire, après ravalement. (Photo: Fonds Belval)
Jusqu’à présent, le bâtiment servait comme point d’information, d’exposition et d’accueil des visiteurs du site. À l’occasion d’Esch2022, il a été vidé et réaménagé en lieu multifonctionnel. Les transformations concernent le remplacement d’éléments endommagés (tôles en partie haute, menuiseries métalliques), l’amélioration du confort thermique et l’installation d’un système (discret) de désenfumage. La façade en brique a également été ravalée. De nouveaux sanitaires ont été installés.
Fiche technique de la Möllerei
Maitre d’ouvrage: Le Fonds Belval
Architecte: Beiler François Fritsch
Ingénieur génie civil: RW-Consult
Ingénieur génie technique: Paul Wurth Geprolux
Début des travaux: mars 2020
Fin des travaux: février 2022
Surface: 60m2 pour la zone d’accueil, 375m2 pour la zone d’exposition
Longueur du vestige: 164m
Largeur: 25,5m
Hauteur moyenne: 26m
Fiche technique de la Masse noire
Maitre d’ouvrage: Le Fonds Belval
Architecte: Beiler François Fritsch
Ingénieur génie civil: RW-Consult
Ingénieur génie technique: Paul Wurth Geprolux
Début des travaux: janvier 2021
Fin des travaux: janvier 2022
Budget: 2,4 millions d’euros
Surface d’exposition: 550m2