Même le ministre de l’Économie et des PME s’est montré surpris du chiffre. Au point que (DP) a demandé à ses équipes de lui faire savoir, plus tard, la nature exacte des établissements rangés dans la catégorie «fast-foods» de la deuxième édition du Retail Report, dont la présentation s’est déroulée ce mercredi 28 février dans les locaux de Luxembourg Confederation.
Avec 79 adresses supplémentaires par rapport au volume de 2019, année de référence de l’étude, la restauration rapide est en effet le créneau commercial ayant enregistré la croissance la plus soutenue (+28,9%) en 2023. Un score qui tranche avec le déclin des bars luxembourgeois, en chute de 8% sur cinq ans, tandis que les restaurants «traditionnels» font un peu mieux que se maintenir (+1,5%).
18.000 m 2 de bricolage en plus
Autre grand gagnant de ce bilan annuel: le bricolage. Les enseignes généralistes du secteur sont en progression de 22,5% (soit 18.000 mètres carrés de surfaces de vente de plus depuis 2019), entraînant dans leur sillage les jardineries et animaleries (+15,6%). Les magasins de sport et de loisirs complètent le podium (+10%).
À l’autre bout du classement, l’habillement, comme attendu, tire la langue (-9,8%), au même titre que les commerces de bouche dits «artisanaux»: -8,8% pour les boucheries, -4,3% pour les boulangeries.
Un résident = 1,67 m 2 de magasin
Plus largement, l’alimentation générale, qui représente 62% de l’offre alimentaire totale, continue d’augmenter (+4,7%), mais c’est la croissance des enseignes à l’offre ciblée que souligne ce Retail Report: +78,9% pour les enseignes spécialisées, +27,6% pour les magasins bio ou de ferme, +19,2% pour les enseignes internationales (celles proposant des produits spécifiques à un pays).
Au global, la surface commerciale sur l’ensemble du Grand-Duché s’élève à 1,11 million de mètres carrés, soit en moyenne 1,67 mètre carré par habitant. Un score qui situe le Luxembourg tout en haut du panier européen. «Mais n’oublions pas qu’en journée, 300.000 personnes supplémentaires rejoignent le pays. Ce n’est donc pas trop», nuance le président de l’Observatoire national des PME et directeur de Luxembourg Confederation, . «Nous sommes dans un marché libre», poursuit-il, «ce n’est pas à nous, par exemple, de dire qu’il y a trop de magasins de bricolage ici ou là. Il y a des gens qui investissent, il faut croire en ces investisseurs.» «Il s’agit d’une augmentation naturelle», tranche Lex Delles.
Le boom du hard-discount
Depuis 2019, note d’ailleurs le rapport, la courbe d’évolution des surfaces de vente (+5,2%) progresse peu ou prou au même rythme que celle de la population résidente (+5,5%). En revanche, le commerce de détail alimentaire va plus vite que la croissance démographique, porté par le hard-discount qui «a connu depuis 2019 une croissance supérieure à la moyenne de près de 20%» et dont les surfaces de vente «ont même augmenté de plus de 35%», peut-on encore lire.
Autre enseignement, mais qui cette fois n’étonnera personne: le «léger recul» de l’activité commerciale dans les centres-villes (-1,4% de surfaces), le commerce de détail ne pesant plus, en fin d’année dernière, que pour 37,5% de l’ensemble des secteurs économiques, contre 41,6% en 2019. «On a besoin d’une muldimensionnalité des surfaces», pense à ce titre le ministre Lex Delles, la photographie 2023 témoignant d’une réaffectation de nombreuses cellules. Passé de 12,2% il y a cinq ans à 12,7% maintenant, le taux de vacance de celles-ci reste plutôt stable quant à lui.
«Pas fondamentalement inquiets»
«C’est important d’avoir des chiffres clairs et de l’objectivité», indique encore Lex Delles à propos de cet outil encore assez neuf, que complètent , qui permet via les données du cadastre aux commerçants désireux de s’installer quelque part de prendre une décision à la lumière de critères tels que la concurrence déjà implantée ou l’évolution socio-démographique.
«Nous ne sommes pas fondamentalement inquiets pour le commerce, d’autres secteurs sont plus pessimistes. Hormis pour le logement, le pouvoir d’achat des consommateurs n’a pas diminué», analyse le directeur de la Chambre de commerce, . «Ce qui peut changer en revanche, c’est leur psychologie, en raison des crises géopolitiques, et ainsi leurs comportements. Mais ces changements doivent aussi conduire les commerçants à changer leur stratégie. Nous sommes confiants dans leurs capacités d’innovation.»
En 2023, le territoire luxembourgeois comptait 3.275 magasins, contre 3.228 en 2019.