Déployer les infrastructures nécessaires à un usage massif des transports publics et faire évoluer les mentalités dans ce sens prendra du temps. Maison Moderne 

Déployer les infrastructures nécessaires à un usage massif des transports publics et faire évoluer les mentalités dans ce sens prendra du temps. Maison Moderne 

Alors que la majorité des travailleurs utilisent leur voiture pour se rendre au travail, la question de la mobilité constitue un enjeu de plus en plus important pour les employeurs. S’ils veulent parvenir à attirer des talents, ils ne doivent pas faire l’économie de ce sujet dans leurs offres d’emploi.

 Sondage mobilité réalisé par jobs.lu.  Maison Moderne 

 Sondage mobilité réalisé par jobs.lu.  Maison Moderne 

Comment vous rendez-vous au travail? D’après un sondage réalisé par jobs.lu en octobre dernier au Luxembourg, 65% des répondants disent rejoindre leur lieu de travail en voiture, 30% en transport en commun et 5% à vélo ou à pied. Des résultats que corrobore l’étude la plus récente que le gouvernement luxembourgeois a réalisée sur ce sujet. Selon l’enquête Luxmobil menée en 2017, à l’époque, 73% des personnes interrogées utilisaient en effet leur voiture pour se rendre au travail, 19% empruntaient les transports publics, 6% le rejoignaient à pied et 2% y allaient à vélo.

Ce partage modal n’est pas sans causer des problèmes de mobilité dans le pays, notamment aux heures de pointe. «Le Luxembourg est une machine à créer des emplois», souligne Vincent Hein, économiste au sein de la Fondation IDEA. Depuis plusieurs années, et ces derniers mois également, malgré le contexte sanitaire difficile, les entreprises du pays ne cessent de recruter. «Le Grand-Duché crée en moyenne 254 nouveaux postes chaque semaine, poursuit Vincent Hein. Si l’on se réfère au partage modal, cela représente donc un potentiel de 165 voitures supplémentaires chaque semaine sur les routes!» Et la situation pourrait encore s’aggraver. À l’avenir, le Luxembourg devrait attirer quelque 10.000 travailleurs supplémentaires chaque année, selon la Fondation IDEA.

Rester attractif aux yeux des talents

Pour éviter les problèmes d’engorgement des axes routiers, le gouvernement a mis en place une stratégie visant à modifier cette répartition modale et à encourager davantage le recours aux transports en commun et à la mobilité douce. Les résultats du sondage jobs.lu prouvent que, dans la pratique, les comportements n’ont pas encore vraiment évolué.

Pourtant, l’enjeu est de taille. «Il y va de l’attractivité du pays et de ses entreprises.»

Si le Luxembourg veut continuer à séduire les travailleurs dont il a besoin, il est obligé de réaliser de gros efforts en matière de mobilité.

Vincent Hein Économiste  Fondation IDEA 

«Si le Luxembourg veut continuer à séduire les travailleurs dont il a besoin, il est obligé de réaliser de gros efforts en matière de mobilité», confie Vincent Hein. «Les candidats, et notamment les candidats frontaliers qui sont essentiels au marché de l’emploi grand-ducal, mettent aujourd’hui de plus en plus dans la balance le salaire, la mission proposée et la qualité de vie. Le challenge est donc énorme», renchérit Arthur Meulman, directeur général de jobs.lu.

Les entreprises ont un rôle à jouer

Déployer les infrastructures nécessaires à un usage massif des transports publics et faire évoluer les mentalités dans ce sens prendra du temps. Si le travail des pouvoirs publics est essentiel, les communes, les écoles, les universités et les entreprises sont elles aussi pleinement actrices d’une meilleure mobilité et peuvent dès à présent proposer des solutions.

«La première chose à laquelle les employeurs doivent être attentifs concerne l’emplacement de leurs locaux, explique Arthur Meulman. Idéalement, ceux-ci devraient être installés à l’abri des embouteillages, mais sans être trop décentralisés, pour offrir tout de même aux collaborateurs de quoi luncher ou faire du sport, le temps de midi, par exemple.» Les sociétés qui sont bien connectées aux transports publics sont davantage susceptibles d’attirer des candidats. «Au Luxembourg, nous avons la chance d’avoir accès à des transports en commun gratuits, bien organisés, propres et globalement à l’heure», ajoute le directeur général de jobs.lu.

Les entreprises peuvent aussi mettre en place des solutions individuelles, telles que le covoiturage, «en créant des communautés de partage au sein de la société, en développant leur propre plateforme et en mettant à disposition de leurs collaborateurs une flotte de véhicules pour leur garantir le retour», explique Vincent Hein.

Enfin, proposer des horaires flexibles – arriver/partir plus tôt ou plus tard du bureau pour éviter le trafic – et pratiquer le télétravail peut également contribuer à répondre aux problèmes de mobilité et offrir aux collaborateurs une meilleure qualité de vie.

Parlez mobilité dès l’offre d’emploi

Le recrutement d’un futur collaborateur commence dès la parution de l’offre d’emploi.

Pour retenir l’attention des candidats, les employeurs ne doivent donc pas négliger ce sujet dans leurs annonces.

Arthur MeulmanDirecteur général jobs.lu

Vous mettez à disposition de vos collaborateurs des places de parking ou des bornes de recharge pour véhicules électriques? Votre entreprise est située près de la gare ou d’un arrêt de bus? Vous avez mis en place du covoiturage? Vous possédez des bureaux satellites aux frontières du pays? «Dites-le! Cela peut faire la différence», ajoute Arthur Meulman. Et sur un marché de l’emploi aussi tendu que celui du Luxembourg, chacun sait combien c’est important…