La conférence de Deloitte sur la finance durable a attiré plus de 130 personnes. (Photo: Patricia Pitsch - Maison Moderne)

La conférence de Deloitte sur la finance durable a attiré plus de 130 personnes. (Photo: Patricia Pitsch - Maison Moderne)

Deloitte Luxembourg a tenu sa première conférence sur la finance soutenable. Un événement qui doit se répéter pour faire face à l’urgence et mobiliser les investisseurs dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Alors que les lycéens battent inlassablement le pavé pour réclamer du monde politique une prise en charge plus volontariste des questions liées au climat, le monde de la finance réfléchit à la manière d’investir de manière plus durable.

Ce jeudi 28 février, Deloitte Luxembourg a ainsi organisé sa première conférence sur la finance soutenable, qui a rassemblé 130 personnes d’horizons très différents. Un événement qui va dans le sens de la Conférence de Paris de 2015 sur le climat, qui avait bien insisté sur le rassemblement de tous les acteurs – politiques, industriels ou financiers – pour le grand combat du 21e siècle.

Et dans ce combat, si le Luxembourg ne peut agir que de façon limitée dans la diminution des émissions de CO2 planétaires, il peut par contre mobiliser le monde financier vers des objectifs ambitieux.

Unir les forces

«Grâce à sa place financière, le Luxembourg a tous les outils pour agir. Mais ils ne suffisent pas, il faut aussi l'agilité», a lancé , CEO de Deloitte Luxembourg, en guise d’introduction.

Dans une intervention commune, , ministre de l’Environnement et du Climat, et , ministre des Finances, ont également insisté sur le regroupement des forces nécessaire pour une action efficace.

Ils ont notamment rappelé que le gouvernement s’était donné pour objectif d’atteindre le niveau de zéro émission de CO2 dès 2050. Pour le ministre des Finances, «il faudra, pour y parvenir, mobiliser les banques et les business angels afin de soutenir les projets des entreprises et des start-up».

«Ce gouvernement a placé les enjeux sociaux et environnementaux sur le même plan que les enjeux économiques», a encore insisté Pierre Gramegna. «Le prochain budget prévoit aussi des moyens importants par rapport à l’environnement.»

Interpellée sur le faible niveau des taxes sur les carburants, Carole Dieschbourg a expliqué qu’un groupe réfléchissait à une solution, mais que le problème numéro un était la mobilité au niveau du pays tout entier. «Nous pouvons gagner beaucoup à ce niveau en misant davantage sur les transports publics. Il faut agir au niveau du comportement de la population pour promouvoir la mobilité douce.» Mais, selon elle, le pays bouge rapidement.

L’enjeu est en tout cas vital, comme l’a rappelé le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele, professeur à l’Université catholique de Louvain. «En 2018, les émissions de gaz à effet de serre ont poursuivi leur croissance. On observe donc toujours un épaississement de la couche d’isolation autour de la Terre, qui emprisonne la chaleur.»

Ancien vice-président du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), il explique que les scientifiques qui le composent ont maintenant pu déterminer de manière sûre un effet de l’activité humaine sur l’augmentation des températures.

Les choix de l’humanité dans les prochaines années vont vraiment orienter la santé de la planète.

Jean-Pascal van YperseleClimatologueUniversité catholique de Louvain

«C’est une mauvaise nouvelle, mais elle prouve au moins que l’on peut s’en sortir en agissant.» Pour le scientifique, il faut une transformation de l’économie mondiale. «Mais ce n’est pas ce que nous voyons. L’Europe dépense encore 400 milliards d’euros par an pour importer des énergies fossiles sur son territoire.»

«Les choix de l’humanité dans les prochaines années vont vraiment orienter la santé de la planète. Si les bonnes décisions sont prises, il y aura évidemment des conséquences, mais on pourra s’adapter», conclut-il.