Près de 100 millions d’euros de financements européens sont déjà programmés pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Et ce n’est sans doute qu’un début.  (Photo: Bohumil Kostohryz)

Près de 100 millions d’euros de financements européens sont déjà programmés pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Et ce n’est sans doute qu’un début.  (Photo: Bohumil Kostohryz)

Face à l’épidémie planétaire de Covid-19, les acteurs institutionnels et privés en matière de recherche, développement et innovation montent au front. Les premiers résultats sont déjà tangibles.

À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. À tous les échelons de l’économie mondiale, les annonces se multiplient et les cordons des bourses se délient pour permettre de limiter au maximum les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire du moment.

Le secteur de la recherche-développement et de l’innovation n’est pas en reste, lui que l’on attend tout particulièrement au tournant pour trouver des solutions technologiques (ou pas) et innovantes afin de contribuer efficacement à cette «guerre» d’un nouveau genre.

À l’échelle européenne, un appel à proposition de projets de recherche est sur le point d’être clôturé (date limite le 31 mars). Lancé au début du mois, dans le cadre de l’Initiative en matière de médicaments innovants (IMI, un partenariat public-privé entre l’UE et les industries pharmaceutiques), ce projet vise à soutenir des programmes de développement de traitements et diagnostics pour mieux lutter contre l’épidémie actuelle, tout en augmentant la préparation à d’éventuelles futures épidémies.

La Commission européenne finance le programme IMI dans le cadre du programme-cadre Horizon 2020 et a déjà annoncé une contribution de 45 millions d’euros. Un engagement d’une ampleur similaire étant attendu de la part de l’industrie pharmaceutique, l’investissement total pourrait dès lors atteindre 90 millions d’euros.

Horizons nouveaux

Ce programme Horizon 2020 et son successeur, Horizon Europe, constituent, à n’en pas douter, la clé de voûte de tout le dispositif qui se met en place. «Lorsque cette crise sera terminée, nous devrons immédiatement nous préparer à la prochaine. Cela signifie qu’il faut investir davantage dans la recherche et s’assurer que des programmes tels qu’Horizon Europe ne deviennent pas les otages de querelles de court terme entre États membres», prévient déjà le député européen allemand Christian Ehler (PPE), rapporteur du programme-cadre Horizon Europe.

Du reste, dès le 30 janvier, la Commission européenne avait lancé un appel d’urgence dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Deux mois plus tard, ce sont 47,5 millions d’euros que Bruxelles a mobilisés, dont 37,5 millions provenant du programme Horizon 2020 et directement affectés à des travaux de recherche urgents pour l’élaboration de tests de diagnostic, de vaccins et de traitements. Au final, 17 projets (sur 91 soumis) ont été sélectionnés, auxquels prendront part 136 équipes de recherche établies partout dans l’Union et au-delà.

Une task force au Luxembourg

Aucune équipe luxembourgeoise ne figure au casting de ces 17 projets, ce qui ne signifie évidemment pas que rien ne bouge au Grand-Duché. Tous les acteurs publics nationaux (les centres de recherche publics LIH, LISER et LIST, le Laboratoire national de Santé, l’Université et le Fonds national de la Recherche) ont ainsi constitué une task force, sous la coordination du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Sur sa feuille de route: coordination du soutien de la communauté nationale de recherche aux acteurs de soins de santé et au gouvernement; aide à l’identification et à la centralisation des activités prioritaires; centralisation des contacts entre l’écosystème national de la recherche, la communauté clinique et les autorités.

Cette task force coordonnera également des études devant permettre d’évaluer l’ampleur de la propagation du virus, d’identifier les facteurs de risque qui contribuent à la progression négative de la maladie et de réaliser des simulations et projections à court et moyen termes par des mesures de l’évolution, de l’impact et de la propagation de la pandémie de Covid-19. Un outil indispensable pour les futures prises de décision sur les restrictions à mettre en place ou à lever.

Publications scientifiques en accès libre

Dans le même temps, toutes les institutions de recherche ont déjà mis à disposition du secteur de santé des équipements et le personnel spécialisé dans sa manipulation. L’initiative «Research Luxembourg», qui regroupe les principaux acteurs de la recherche publique luxembourgeoise, se félicite par ailleurs de la grande mobilisation des médecins généralistes encore en cours de formation, qui se sont portés volontaires pour renforcer les équipes soignantes dans les quatre établissements hospitaliers luxembourgeois.

«Par ailleurs, la quasi-totalité de données et publications scientifiques sur le Covid-19 est en accès libre, sous forme numérique. Ces données constituent une source très précieuse, se prêtant facilement à la fouille massive par des techniques de l’intelligence artificielle. Il s’agit d’un domaine où le Luxembourg possède de fortes compétences», explique un communiqué diffusé ce jeudi par Research Luxembourg.

Il est évidemment prévu que le Fonds national de la Recherche assure un financement complémentaire pour accélérer tous ces efforts et catalyser les nouvelles idées et nouvelles collaborations entre les chercheurs et chercheuses.