Une réflexion est donc en cours sur de futures recommandations, afin d’envisager une utilisation optimale des actifs de propriété intellectuelle brevetables dans le secteur des industries créatives et culturelles, note Marc Lis. (Photo: Luxinnovation)

Une réflexion est donc en cours sur de futures recommandations, afin d’envisager une utilisation optimale des actifs de propriété intellectuelle brevetables dans le secteur des industries créatives et culturelles, note Marc Lis. (Photo: Luxinnovation)

Avec la plateforme Creatives Unite, à laquelle contribue l’Institut de la propriété intellectuelle Luxembourg (Ipil), les acteurs européens des industries créatives et culturelles disposent d’un outil pour partager les bonnes pratiques et les expériences liées à la crise sanitaire actuelle. Les choses bougent aussi au Grand-Duché.

Comme tous les secteurs d’activité, celui des industries créatives et culturelles a fortement été impacté par la crise du Covid-19. Concerts et spectacles annulés, campagnes de communication fortement réduites, voire supprimées, projets architecturaux repoussés… Les temps sont durs aussi pour tous les créatifs, quels que soient leurs domaines de création.

Selon les données de l’office statistique de la Commission européenne, Eurostat, les activités de l’industrie culturelle et créative représentaient en 2015 près de 3,7% de l’emploi dans l’UE, soit quelque 8,4 millions de personnes. C’est plus, par exemple, que l’industrie automobile. Ces activités contribuaient au PIB de l’Union européenne à hauteur de 4,2%.

Au Luxembourg, l’étude «Le poids économique des industries créatives», réalisée par le consultant en statistiques Philippe Robin pour le compte du Luxembourg Creative Industries Cluster et publiée en mars 2018, indiquait qu’en 2015, le secteur pesait environ 1% de la richesse nationale et occupait plus de 7.100 personnes (travailleurs salariés et indépendants), soit 1,8% de l’emploi intérieur national.

Au sein du Luxembourg Creative Industries Cluster, nous avons pu constater que, durant les premières semaines de la pandémie, beaucoup de chefs d’entreprise créatifs ont dû adapter leurs propres modèles d’entreprise ou produire de nouveaux outils et idées liés au Covid-19. Il a fallu être réactif, et très rapidement.

C’est dans cet état d’esprit que nous avons organisé, au mois d’avril, la série de webinaires #CREAction. Cela a permis de présenter certains de ces projets, tout en encourageant des échanges de vues avec les porteurs de ces projets.

Dans le même temps, la plateforme a vu le jour. Mise sur les rails en avril dernier, cette structure digitale permet à l’ensemble des acteurs européens des industries créatives de partager des informations et des bonnes pratiques, de communiquer des références d’autres sites internet ou initiatives existantes, et de donner ainsi l’opportunité de co-créer ou de partager des solutions en réponse à la crise du Covid-19.

En ligne depuis le 5 mai, la plateforme a enregistré, dans son premier mois de fonctionnement, quelque 15.000 visites et a reçu plus de 150 contributions émanant du secteur lui-même.

L’opportunité de créer une vue globale de la contribution des industries créatives et culturelles via un site web comme Creatives Unite est absolument fantastique. Cela met véritablement en lumière un secteur qui est plus que jamais devenu un facteur-clé important pour trouver de nouvelles solutions innovantes en termes de besoins sociaux, mais surtout en apportant de nouvelles réponses numériques et en devenant de plus en plus circulaire.

«Creatives Unite» est l’une des réalisations du projet européen Creative FLIP (Finance, Learning, Innovation and Patenting), lancé en février 2019 et qui s’adresse directement à l’ensemble des industries créatives et culturelles. L’objectif de cette plateforme est double: d’une part, renforcer les potentiels de croissance et de développement des industries culturelles et créatives en améliorant l’accès au financement, la reconnaissance de leurs actifs et la capacité des acteurs à tirer profit de la propriété intellectuelle, et, d’autre part, favoriser les interactions avec les autres secteurs économiques en appuyant le développement des compétences et la promotion des compétences créatives.

Piloté par le Goethe Institut, FLIP regroupe cinq autres partenaires européens, parmi lesquels l’Institut de la propriété intellectuelle Luxembourg (Ipil).

La propriété intellectuelle est évidemment au cœur du processus créatif, et à partir du moment où il y a création, cet aspect entre, parmi d’autres, en ligne de compte. Il est donc important d’apporter, dans ce domaine, toute l’expertise requise aux acteurs culturels et créatifs, et c’est dans ce cadre-là que l’Ipil intervient, en planchant plus spécifiquement sur toutes les réflexions en relation avec la brevetabilité.

Cela passe par l’analyse des pratiques déjà en œuvre au sein du secteur, mais aussi par des études de terrain et la mise en œuvre d’analyses statistiques et bibliométriques spécifiques. Comme le rappelait Cyrille Dubois, manager International Cooperation à l’Ipil, dans une récente interview, le champ des industries créatives et culturelles est très vaste, ce qui rend la tâche particulièrement complexe.

Une réflexion est donc en cours sur de futures recommandations, afin d’envisager une utilisation optimale des actifs de propriété intellectuelle brevetables dans le secteur des industries créatives et culturelles. Cela fera partie de l’ensemble des recommandations qui seront présentées, à l’attention du Parlement européen et de la Commission européenne, par tous les partenaires de Creative FLIP début 2021.

Il s’agira d’apporter un maximum d’outils et de solutions concrètes pour ce secteur, en matière de financement, de formation, d’innovation et de propriété intellectuelle au sens large.

Marc Lis est manager du Luxembourg Creative Industries Cluster.