Si le principe reste le même, les techniques de fraude deviennent de plus en plus sophistiquées (Photo: Nader Ghavami / archives Maison Moderne)

Si le principe reste le même, les techniques de fraude deviennent de plus en plus sophistiquées (Photo: Nader Ghavami / archives Maison Moderne)

Huit signalements, ces 30 derniers jours. Dont cinq depuis le début de l’année: les tentatives d’arnaque via de prétendues sociétés d’investissement sans agrément se multiplient. Signaler, c’est donc prévenir.

Stocksons.live; Pro Trader Ltd.; Zenith Assets Management; www.bit-forex.ltd; Sun CFD Trading Inc.; www.500.trade; Global Markets Association ou encore IGLS Invest: autant de sociétés qui ont pour point commun d’être dans le collimateur de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). Il faut dire que ces sociétés qui fleurent bon la finance sont en fait des pièges pour investisseurs peu méfiants. Des investisseurs appâtés par la mise en avant d’un agrément luxembourgeois et, très souvent, d’adresses prestigieuses où l’on peut trouver de vraies banques et de vraies sociétés d’investissement. Autant d’éléments factices facilitant les méprises.

«La vaste majorité de nos alertes visent des sites internet ou des sociétés fictives, et non pas des sociétés réellement existantes qui seraient établies au Luxembourg en y exerçant des activités sans agrément. Sur ces sites internet fabriqués de toutes pièces, des personnes inconnues prétendent exister sous forme de société au Luxembourg en utilisant des adresses au Luxembourg sans y avoir établi de bureau ou clonent des sociétés existantes dont ils usurpent l’identité», explique la CSSF.

La tactique du «vrai faux»

C’est ce que l’on appelle la tactique du «vrai faux», qui consiste pour les faussaires à mettre en avant un nom de firme authentique ou un peu détourné, un numéro d’agrément existant – dont ils ne disposent pas –, une référence à un régulateur officiel ou d’autres détails véritables, mais réinterprétés.

Face au risque de réputation pour la Place, la CSSF veille au grain depuis de nombreuses années déjà. Et ce, d’autant plus que les victimes viennent potentiellement du monde entier. Avec donc à la clé un impact international. Les signalements sont remontés à la CSSF grâce à différentes sources: des particuliers qui se renseignent auprès de leur prestataire financier habituel ou directement auprès de la Commission, des banques ou d’institutions agréées, ou encore de collègues régulateurs.

«Ce fléau n’est pas limité au Luxembourg, mais concerne tous les pays, et les avertissements y relatifs sont nombreux également auprès des autorités homologues», poursuit le gendarme de la Place. Qui explique l’augmentation de ce type d’arnaques, ces dernières années, par la conjonction de trois facteurs. D’abord, «la facilité de créer ou de dupliquer des sites internet et de les héberger auprès des ‘providers’ et sur des serveurs à n’importe quel endroit du monde».

Viennent ensuite «tous les nouveaux moyens virtuels de communication/investissement/virement ne nécessitant plus de contact physique entre fournisseurs de services frauduleux et clients». La recrudescence de ce type de fraude dans un contexte de confinement n’est évidemment pas un hasard. Et, dernier point, mais pas le moindre: «L’appât de gains faussement promis avec le ‘online trading’ et les cryptomonnaies». Sans oublier «la crédulité des personnes abordées par les fraudeurs très rodés à convaincre».

Signalement au Parquet

Il est difficile d’estimer le nombre de victimes. Par pudeur, sans doute, peu d’entre elles se signalent auprès des autorités. Contribuant ainsi à une certaine impunité pour les escrocs.

La CSSF ne se contente pas de faire des alertes sur son site internet. Chacune d’entre elles fait l’objet d’un signalement auprès du Parquet, qui dispose de pouvoirs d’investigation bien plus larges, notamment au travers de la coopération judiciaire internationale. Si la CSSF dispose de pouvoirs d’enquête et de sanctions sur les entités qui sont soumises à sa surveillance, ils sont inopérants dans le contexte. Contacté par rapport aux suites données à ces signalements, le Parquet est resté muet.

La CSSF essaie également de sensibiliser le grand public à ces arnaques. À travers l’initiative www.letzfin.lu,  expliquant comment réagir face aux fraudes financières.