La manifestation pour le logement abordable organisée le week-end dernier rappelle que la politique doit s’atteler à cet enjeu de longue date. La flexibilité budgétaire consentie par Bruxelles pourrait constituer une opportunité, selon M. O’Donnell. (Photo : Matic Zorman / archives / Maison Moderne)

La manifestation pour le logement abordable organisée le week-end dernier rappelle que la politique doit s’atteler à cet enjeu de longue date. La flexibilité budgétaire consentie par Bruxelles pourrait constituer une opportunité, selon M. O’Donnell. (Photo : Matic Zorman / archives / Maison Moderne)

C’est ce mercredi matin que le ministre des Finances Pierre Gramegna doit déposer son projet de budget 2021 à la Chambre, dans un contexte de crise qui pourrait lui être favorable, selon l’analyse de Keith O’Donnell, managing partner d’Atoz.

Taxation des fonds d’investissement spécialisés, abolition du régime spécial des stock-options, contribution écologique sur le carburant: quelques-unes des mesures du projet de budget 2021 par le Premier ministre  (DP), mais demandent à être précisées. Ce à quoi s’emploiera  (DP) mercredi matin.

Ce coin de voile levé démontre déjà que le gouvernement, malgré la crise, ne reste pas sans agir. Et pour cause. «En termes budgétaires, le Luxembourg se trouve dans une situation un peu paradoxale, avec d’un côté un dévissage radical de la situation budgétaire – le ministre des Finances a calculé un d’euros par rapport à l’an dernier», indique . «Cela semble gravissime, mais vu la situation globale, il existe une tolérance pour les déficits budgétaires comme pour la dette de l’État. Les règles européennes sont suspendues et les marchés de capitaux tolèrent un niveau de dette sans le moindre souci par rapport à sa pérennité, en partie en raison de la politique monétaire menée par les banques centrales, dont la Fed et la BCE.»

Cela pourrait être intéressant de contracter des emprunts pour investir dans les infrastructures, comme un programme de construction de logements.
Keith O’Donnell

Keith O’Donnellmanaging partnerAtoz

Une tolérance renforcée par la certitude que la priorité doit être laissée à la reprise. «Il est urgent de ne rien faire: la reprise économique est la meilleure façon de combler la dette résultant du déficit, et pour que l’économie actuellement très fragile reprenne, il va falloir lui en laisser le temps. La santé financière de beaucoup d’entreprises est périlleuse, au Luxembourg comme ailleurs. L’OCDE a également suggéré que ce n’était pas le moment d’essayer de réparer le bilan budgétaire des États.»

C’est pourquoi, d’après le fiscaliste, «le moment n’est vraiment pas opportun pour introduire de nouveaux impôts ou une modification de la politique fiscale, comme un impôt sur la fortune ou sur la succession», replacé dans le débat public par le président du CSV, , à la fin de l’été, . D’autant que l’ardoise en fin d’année reste incertaine: le déficit s’établira-t-il autour de 3 ou de 5 milliards? Le choix de «mesures ponctuelles plutôt liées au Covid-19» semble plus logique, selon M. O’Donnell, dans le sens de compensations pour soutenir la trésorerie des particuliers et des entreprises.

Quant aux emprunts souscrits par l’État luxembourgeois – dont l’émission de en septembre –, le fiscaliste n’y voit pas de «danger», surtout dans un contexte de taux d’intérêt négatifs. «Si un choix a été fait entre contracter des emprunts et sabrer dans les dépenses, le choix a été bon de vouloir essayer de maintenir l’activité économique et sociale à niveau par la voie d’emprunts. Cela ne peut en revanche constituer une solution à long terme pour financer les dépenses courantes. Mais si nous sortons de la crise du Covid-19 et avons besoin de relancer l’économie, cela pourrait être intéressant de contracter des emprunts pour investir dans les infrastructures, comme un programme de construction de logements.» Des investissements contre-cycliques déjà expérimentés avec succès par , ministre des Finances durant la crise économique et financière née en 2008.