Pierre Gramegna a averti la semaine dernière que le déficit de l’État plongerait probablement à -5 milliards d’euros. Il en affiche plus de la moitié fin septembre. (Photo: Romain Gamba / Archives Maison Moderne)

Pierre Gramegna a averti la semaine dernière que le déficit de l’État plongerait probablement à -5 milliards d’euros. Il en affiche plus de la moitié fin septembre. (Photo: Romain Gamba / Archives Maison Moderne)

Lestés par la crise du Covid-19, les comptes publics affichent fin septembre des recettes inférieures de 7,1% à celles enregistrées il y a un an, alors que les dépenses ont bondi de 17,4%.

Prévoyant un rebond de l’économie en 2021 qui , le ministre des Finances (DP) avait estimé à 5 milliards d’euros le plus bas que devrait atteindre le solde de l’Administration centrale fin 2020. Les chiffres publiés mardi soir pour le troisième trimestre vont effectivement dans ce sens.

Les recettes de l’Administration centrale ont fondu de 7,1% entre septembre 2019 et septembre 2020, soit d’un milliard d’euros, en raison des diverses aides versées aux entreprises confrontées à un manque cruel de liquidités pour traverser la crise. Les annulations des avances et les délais de paiements des impôts directs engendrent fin septembre des moins-values de 228 millions d’euros, tandis que l’administration a accéléré ses remboursements en matière de TVA qui s’établissent à 1,36 milliard d’euros (+9,4% sur un an).

Quant aux dépenses, elles ont crû de 2,4 milliards d’euros soit 17,4%, à attribuer «aux investissements élevés entrepris dans le contexte de la crise et l’acquisition de l’avion militaire», précise le ministère des Finances. Ainsi, les investissements représentent à eux seuls 2 milliards d’euros de dépenses – en comptant les aides aux entreprises –, ce qui correspond à une hausse de 30% par rapport à fin septembre 2019.

Un effet ciseaux négatif dévastateur

De tels écarts tant pour les dépenses que pour les recettes mènent sans surprise à une dégradation de 3,5 milliards d’euros du solde de l’Administration centrale sur un an pour atteindre un déficit de 2,75 milliards d’euros.

Cet effet ciseaux négatif se ressent également au niveau de l’exécution du budget 2020 tel que voté fin décembre 2019: au 30 septembre, 66,7% des recettes prévues avaient effectivement été encaissées (au lieu de 75%) tandis que 84,8% des dépenses s’étaient réellement produites.

«Comme le montrent les chiffres au 30 septembre 2020, la pandémie du Covid-19 continue à affecter négativement les finances publiques de notre pays, tant pour les recettes que pour les dépenses», commente M. Gramegna dans son communiqué. «Grâce à la politique budgétaire prudente des dernières années, le gouvernement dispose toutefois de toutes les capacités financières nécessaires pour affronter les défis sur le plan économique de manière intelligente et proportionnée. Je me réjouis par ailleurs des premiers signes laissant entrevoir une stabilisation au niveau des recettes fiscales. Toutefois, il est important de rester très prudent pour les mois à venir en raison du déficit accumulé depuis mars 2020 et des nombreuses incertitudes entourant l’évolution future de la pandémie du Covid-19.»

Le projet de budget 2021 présenté mercredi dernier table sur un déficit de l’Administration centrale ramené à 2,5 milliards en 2021 contre 5 milliards en 2020, insuffisamment comblé par les recettes de la Sécurité sociale, pour atteindre un déficit public de 4,4 milliards d’euros (-7,4% du PIB) en 2020 et de 1,8 milliard en 2021 (-2,7% du PIB).