Des membres de l’armée luxembourgeoise lors d’un défilé en 2018. (Photo: Édouard Olszewski/Archives)

Des membres de l’armée luxembourgeoise lors d’un défilé en 2018. (Photo: Édouard Olszewski/Archives)

Dans le cadre d’un engagement envers l’OTAN, le Luxembourg portera ses dépenses militaires annuelles à 994 millions d’euros d’ici 2028, a déclaré vendredi le ministre de la Défense, François Bausch.

En 2014, tous les pays membres de l’Otan se sont engagés à «tendre vers» une dépense de 2% de leur PIB pour la défense «en vue de réaliser les priorités capacitaires de l’Otan.» Depuis 2013, le Luxembourg a augmenté son budget de défense de 0,3% du PIB à 0,6% et a présenté vendredi des plans pour arriver à 1% au cours des cinq prochaines années.

«Nous respectons l’engagement d’aller dans la direction des 2%, mais dans le cadre des spécificités du Luxembourg», a déclaré (déi Gréng) lors d’une conférence de presse. Le système actuel pénalise le Luxembourg, dont le PIB est élevé par rapport à sa taille et à celle de son armée, qui compte environ 900 soldats actifs et qui est la plus petite de tous les membres de l’Otan.

Un bataillon commun des armées luxembourgeoise et belge est un élément clé des plans de dépenses, bien que le chef de la défense, le général Steve Thull, ait déclaré qu’il était trop tôt pour donner un budget détaillé, car les plans étaient encore en cours d’élaboration. Une centaine de personnes devrait être embauchée au sein de l’armée, a-t-il précisé, les autres troupes étant réaffectées dans le cadre de l’unité conjointe.

Le Luxembourg souhaite également développer des capacités en matière de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, de transport aérien, d’espace et de cybersécurité. Par exemple, les avions d’alerte précoce et de contrôle de l’OTAN – connus sous le nom d’Awacs – devront être remplacés dans les années à venir.

C’est un effort considérable que le Luxembourg envisage de faire.

Georges Campilllieutenant-colonelMinistère de la Défense

Le Luxembourg a récemment signé une lettre d’intention pour soutenir le développement de drones fonctionnant à l’énergie solaire, et il continuera à investir dans la technologie des véhicules aériens sans pilote à des fins d’observation et de surveillance. Il prévoit d’introduire des projets sur l’espace libre ainsi que la remise en état des infrastructures militaires, également dans le but de réduire l’empreinte carbone de l’armée.

De 573 millions d’euros budgétisés pour la défense en 2023, les dépenses passeront à 994 millions d’euros en 2028. Par rapport aux plans de dépenses précédents, cela représente une augmentation de 278 millions d’euros en 2028 et de 793 millions d’euros pour les cinq années allant de 2024 à 2028. «C’est un effort considérable que le Luxembourg prévoit de faire», a déclaré Georges Campill, de l’armée et du département de la défense.

Le ministère et le département de la défense chercheront à embaucher entre cinq et dix personnes pour aider à développer et à gérer les nouveaux projets, a déclaré François Bausch.

Discussion au sein de l’Otan

«Si nous voulions atteindre les 2%, nous devrions faire un effort irréaliste et que nous ne serions pas en mesure de gérer», a déclaré François Bausch. Par habitant, le Luxembourg s’est classé au 10e rang des membres de l’OTAN en termes de dépenses l’année dernière, 19 autres membres dépensant moins si on les mesure en fonction de leur population plutôt que de leur économie.

La Lettonie, qui consacre 2,14% de son PIB à son armée, devrait dépenser six fois plus pour sa défense si elle avait le produit intérieur brut du Luxembourg, a déclaré François Bausch. «Il ne s’agit pas seulement de dépenser de l’argent», a déclaré le ministre, ajoutant que les projets doivent servir l’Otan et contribuer à améliorer la sécurité. «Dépenser simplement plus d’argent ne permettra pas d’atteindre cet objectif», a-t-il ajouté.

Les membres de l’OTAN se réuniront pour un sommet à Madrid en juin, où l’objectif des 2% sera discuté. Alors que certains pays font pression pour une augmentation des dépenses, François Bausch a déclaré qu’il souhaitait que l’objectif actuel «évolue dans le sens d’une préservation des 2%», mais aussi que l’Otan adopte une vision plus large des dépenses de défense.

Le Luxembourg finance actuellement un projet environnemental de maintien de la paix au Sahel pour aider à prévenir les conflits liés aux ressources. Le ministre de la Défense fait depuis longtemps pression pour que les dépenses environnementales jouent un rôle plus important dans le cadre des critères de l’Otan. L’organisation a reconnu le changement climatique comme un risque pour la sécurité, mais a déclaré que «le chemin est encore long» pour que les membres se mettent d’accord sur ce que cela signifie pour leurs dépenses de défense.

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.