Les personnes moins valides peuvent être encore plus fragilisées avec le contexte de la crise sanitaire. (Photo: Shutterstock)

Les personnes moins valides peuvent être encore plus fragilisées avec le contexte de la crise sanitaire. (Photo: Shutterstock)

Pour les personnes les plus vulnérables, et notamment les moins valides, la période de crise sanitaire est source de nombreuses difficultés. Plusieurs associations et le Conseil national des personnes handicapées – Info-Handicap ont essayé d’y sensibiliser le gouvernement.

Pour une personne sourde ou malentendante, le port du masque est un sacré obstacle. En effet, si son interlocuteur en porte un, il est bien difficile de lire sur ses lèvres et de le comprendre. Face à cela, en France, certains ont créé des masques transparents. 

«C’est un exemple de problème qui se pose de manière très concrète», confirme Olivier Grüneisen, directeur d’Info-Handicap, la «fédération» des associations de personnes moins valides ou handicapées. «Mais ce n’est pas le seul, hélas. Attention, face à cette crise, je pense que le Luxembourg a plutôt bien réagi, mais il y a eu des couacs au niveau de la communication.»

Dans des courriers, des cartes blanches ou autres prises de position publiques, plusieurs associations et Info-Handicap ont tenté d’attirer l’attention du gouvernement sur ces difficultés.

Les notices des masques pas traduites en braille

Les plus concernés de tous ont sans doute été les aveugles. «On a encore commis la même erreur en oubliant les documents en braille avec les masques, par exemple. Comment savoir alors comment bien les mettre? Quand une information n’est pas en braille, ils risquent de passer à côté. Et si cette info circule aussi beaucoup via les réseaux sociaux, ce n’est pas plus simple. Des sites web sont accessibles aux malvoyants, mais pas tous. Ainsi, les consignes à respecter dans les transports en commun n’ont certainement pas été transmises facilement aux malvoyants et aveugles», développe Olivier Grüneisen.

Et si les recommandations arrivent finalement, «ce n’est pas en temps réel et c’est un problème».

De plus, la nécessaire distanciation sociale n’aide guère ces personnes, notamment quand un contact physique est utile pour être guidé.

Les sourds et malentendants connaissent aussi des problèmes, outre ceux liés au port du masque. «La plupart des chaînes de télé proposent une retranscription en langue des signes, mais pas au Luxembourg. Certes, les communications du gouvernement sont traduites. Mais la langue des signes officielle est depuis 2009 l’allemand. Quid de ceux qui ne parlent pas cette langue? De plus, le pays ne compte que trois interprètes officiels. Même nous, quand nous devons organiser un événement et le faire signer, nous devons aller chercher le traducteur en Allemagne», souligne-t-il.

Du stress face à un langage trop compliqué

Avant d’évoquer la réalité des personnes qui ont des problèmes cognitifs, autistiques ou qui souffrent d’un handicap psychologique «et qui ont besoin d’explications en langage simple, sinon ce n’est pas compris, Klaro, le bureau officiel pour le langage facile, a été totalement débordé et manque de moyens. Cela a suscité beaucoup d’inquiétude.»

Les acteurs de terrain ont d’ailleurs constaté que «des humeurs négatives sont apparues de plus en plus souvent au cours de cette période. On observe désormais des comportements qui peuvent être attribués à la peur, au stress et à la perte de contrôle. Les troubles obsessionnels compulsifs, par exemple, ont réapparu plus fréquemment; cela représente un défi pour les personnes concernées et le personnel, et signifie qu’ils doivent chercher ensemble des solutions adaptées à la vie quotidienne.»

Info-Handicap a donc «créé une section spéciale ‘Information en langage simple’  Les informations sont également envoyées dans un bulletin d’information hebdomadaire à une liste de diffusion et à nos associations membres.»

Une demande d’un congé familial spécifique pour les deux parents

Le secteur du handicap moteur et mental a, lui aussi, «été un peu oublié» même s’«il y a eu un échange régulier entre le ministère de la Famille et Info-Handicap». . «Oui, c’est évidemment une bonne chose, car les structures d’accueil sont toujours fermées. Mais nous aurions aimé que dans le cas d’enfants ou de personnes adultes moins valides, la possibilité existe que les deux parents puissent prendre ce congé», conclut Olivier Grüneisen. Sans succès jusqu’à présent.

Avant de souligner «que les contacts ont toujours eu lieu entre le gouvernement et Info-Handicap. Malheureusement, la communication n’a pas toujours été bonne vers l’extérieur. J’espère que nous tirerons tous les leçons de ces événements pour améliorer les choses.»