Les instruments permettant de contrôler ses développements et la communication des acteurs sont encore loin d’être aboutis. (Photo: Shutterstock)

Les instruments permettant de contrôler ses développements et la communication des acteurs sont encore loin d’être aboutis. (Photo: Shutterstock)

Pendant la semaine Luxflag de l’investissement durable, Linklaters a fait le point sur l’intégration des critères ESG (environnement, social et gouvernance) par les acteurs financiers et le rôle de la réglementation en la matière.

«Il n’y a rien qui ressemble plus à une œuvre de Jackson Pollock que le package finance durable», affirmait Vanessa Havard-Williams, partner et global head of environment chez Linklaters London, lors d’une conférence organisée dans le cadre de la , le 24 octobre. Le ton est donné.

La volonté d’avancer dans le sens d’une finance plus soutenable et actrice du changement climatique est là. Mais les instruments permettant de contrôler ses développements et la communication des acteurs sont encore loin d’être aboutis.

«Au cours des 18 derniers mois, les décideurs politiques ont commencé à élaborer une réglementation visant à flécher les flux financiers vers les secteurs d’activité verts, afin de favoriser la transition énergétique», observe Vanessa Havard-Williams.

Avant d’ajouter: «Il faut maintenant créer une approche et des contraintes réglementaires cohérentes pour formaliser la demande du marché. L’impact sera alors significatif pour éviter le ‘greenwashing’».

Règles de reporting

Celle-ci dresse le tableau des différentes initiatives en cours d’élaboration par , comme la taxonomie sur la finance verte, la régulation sur les benchmarks ou celle en matière de reporting climat («disclosure regulation»).

La taxonomie bâtie par la Commission européenne (référentiel qui catégorise les activités économiques «durables»), permettra à tous les acteurs de parler le même langage et devrait s’appliquer en 2022.

Quant aux règles de reporting, elles vont notamment demander aux acteurs financiers de rendre publiques leur politique concernant les risques liés à la «soutenabilité» et leurs prises de décision en matière d'investissement (objectifs d’investissements responsables, méthodologie utilisée...).

«Les ‘disclosures’ seront plus régulés et plus granulaires. Au final, ce sont d’ambitieux, mais délicats projets», résume Vanessa Havard-Williams. Sans compter le besoin de cohérence en matière de données et de méthodologies de scoring.

Vanessa Havard-Williams, partner et global head of environment chez Linklaters London, intervenait lors d’une conférence organisée dans le cadre de la semaine Luxflag de l’investissement durable, le 24 octobre. (Photo: Luxflag/Linklaters)

Vanessa Havard-Williams, partner et global head of environment chez Linklaters London, intervenait lors d’une conférence organisée dans le cadre de la semaine Luxflag de l’investissement durable, le 24 octobre. (Photo: Luxflag/Linklaters)

Risque de réputation

En attendant, la «soft law» comble les vides. Pour Vanessa Havard-Williams, deux «soft laws» couvrent aujourd’hui les enjeux principaux de la finance durable: les principes pour l’investissement responsable de l’Onu (UN PRI) et la TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures).

Nul besoin cependant d’attendre les développements réglementaires pour se mettre au vert: Vanessa Havard-Williams exhorte ainsi les acteurs financiers à intégrer d’ores et déjà les facteurs ESG (environnement, social, gouvernance) à leurs activités quotidiennes, et surtout, à leurs fonctions de compliance.

«Assurez-vous que votre conseil d'administration dispose des compétences et des connaissances nécessaires, et intégrez ensuite ces principes dans les fonctions exécutives», conseille Vanessa Havard-Williams.

Quant aux différentes issues réglementaires, le minimum vital consiste à établir un calendrier clair de leur application au sein de l’entreprise, et à évaluer le degré de risque associé au reporting.

«Vous pouvez publier beaucoup de choses, mais cela réduit-il pour autant votre risque? Attention aux promesses exagérées en matière de finance durable! Prenez le sujet au sérieux», lance Vanessa Havard-Williams, qui pointe du doigt un risque majeur d’atteinte à la réputation.