Les banques anticipent une remontée de la demande de crédits immobiliers dès ce premier trimestre 2024 (Photo: Shutterstock)

Les banques anticipent une remontée de la demande de crédits immobiliers dès ce premier trimestre 2024 (Photo: Shutterstock)

Si la conjoncture stagne et ne devrait pas redécoller avant le second semestre, les premiers signes, fragiles, d’une détente sur le front du marché du crédit hypothécaire apparaissent selon le Statec.

Le constat fait l’unanimité: personne – la Commission européenne en tête – ne s’attend à un redressement conjoncturel significatif sur le premier semestre de l’année en cours, vu notamment le poids que font peser les taux d’intérêt élevés sur les capacités de financement des ménages et des entreprises. Tous attendent l’assouplissement à venir de la politique monétaire portée par le reflux significatif de l’inflation en zone euro, passé sous la barre des 3% depuis octobre. «La question reste de savoir à partir de quand et à quel rythme», résume le Statec dans la dernière livraison de Conjoncture Flash, publication mensuelle sur l’état de la conjoncture luxembourgeoise.

Les effets d’une potentielle baisse des taux ne seront cependant pas immédiats. Il faut en général jusqu’à six mois pour qu’une décision de politique monétaire produise des effets sur le terrain en général et sur le marché du crédit en particulier. Et que voit-on sur ce marché actuellement?

Des banques moins réticentes

En deux ans et dix relèvements de ses taux directeurs par la Banque centrale européenne (BCE), les taux d’intérêt ont été multipliés par trois pour les nouveaux prêts immobiliers et par deux pour les prêts à la consommation au Luxembourg et en zone euro. Depuis la dernière hausse des taux directeurs (septembre 2023), les taux d’intérêt appliqués aux ménages se stabilisent à des niveaux historiquement élevés. «Les perspectives semblent néanmoins s’améliorer», estime le Statec citant l’enquête sur la distribution du crédit bancaire au Luxembourg selon laquelle les banques disent refuser moins de crédits et annoncent qu’elles ne durciraient pas davantage les critères d’octroi de crédits immobiliers au cours des prochains mois. Elles anticipent une remontée de la demande de crédits immobiliers dès ce premier trimestre 2024 alors que celle de crédits à la consommation demeurerait inchangée. Les taux devraient être plus ou moins stables sur la première moitié de l’année puis commencer à diminuer avec la réduction des taux directeurs attendue. 

Un repli inégal

En attendant, le phénomène de repli des crédits immobiliers se poursuit: les montants des nouveaux crédits immobiliers octroyés au Luxembourg ont encore diminué au quatrième trimestre 2023 (-14% sur un an et -17% sur un trimestre sur base des données désaisonnalisées).

Un recul inégal. Ainsi, si les prêts pour des logements individuels (maisons ou appartements) – catégorie qui constitue la majorité des nouveaux prêts immobiliers – reculent pour le sixième trimestre consécutif pour atteindre son point le plus bas depuis 2013, les prêts octroyés pour des immeubles résidentiels et des améliorations de logements existants repartent à la hausse au quatrième trimestre 2023 (+25% sur douze mois et +40% sur un trimestre) retrouvant leur niveau d’il y a un an. Les crédits accordés aux promoteurs progressent également (+27% sur un trimestre, +24% sur un an). Les crédits au secteur non résidentiel, qui s’étaient redressés au premier semestre 2023, repartent depuis à la baisse.

Des entreprises en recherche de confiance

Sur le front macro-économique, le Statec relève des signes de la fin de la dégradation de la confiance des entreprises au Luxembourg.

«Dans l’industrie, à l’instar de ce que l’on peut observer à l’échelle de la zone euro, le moral des entreprises tend à remonter depuis l’été dernier, bénéficiant d’opinions plus favorables sur les perspectives de production et l’état des carnets de commandes (notamment dans le domaine de la métallurgie). Les perspectives d’emploi des industriels, à défaut d’enregistrer un rebond, semblent au moins avoir cessé de se dégrader à l’entrée de 2024», note l’Office statistique luxembourgeois. La tendance est la même dans les services non financiers où la confiance se redresse depuis septembre 2023 tout en restant inférieure à sa moyenne de long terme. Il n’y a que dans la construction où le moral des entrepreneurs reste orienté à la baisse.