Il n’est pas toujours aisé d’arriver à mener à bien un projet urbanistique, les communes ou les aménageurs se retrouvant souvent bloqués à l’une ou l’autre étape du processus pour des raisons administratives ou techniques, parfois les deux.
Une situation frustrante et contre-productive quand on connaît l’urgence du Luxembourg à développer de nouveaux quartiers pour créer plus de logements et accueillir de nouveaux résidents.
La Cipu, un outil facilitateur
C’est pour cela que la Cellule nationale d’information pour la politique urbaine (Cipu) organise régulièrement des ateliers pour, au-delà du constat, parvenir à trouver des solutions et faire avancer la situation. Plate-forme d’échange entre les différents acteurs actifs dans le domaine de la politique urbaine au Luxembourg, la Cipu est basée sur une convention entre le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire, le ministère du Logement, ainsi que les Villes de Luxembourg, Esch-sur-Alzette et Dudelange.
En 2017-2018, la Cipu s’était penchée sur la question du logement abordable. Pour l’année 2019, le sujet des études portait sur les «grands projets urbains au Luxembourg», ceux qui sont caractérisés par une grande complexité territoriale et de gouvernance. Les ateliers se sont donc concentrés sur des sujets procéduraux et des instruments à disposition des villes luxembourgeoises afin de promouvoir le bon déroulement des grands projets.
De nombreux défis
Ces projets de grande envergure sont de vrais challenges pour parvenir à les faire aboutir. «Les défis à relever sont nombreux à Luxembourg-ville et les blocages ne manquent pas», a souligné la bourgmestre (DP). «Le projet ‘Centre de Merl’ est bloqué depuis 2014 par exemple, tout comme celui des Arquebusiers pour les questions de remembrement ou un autre à Bonnevoie à cause d’une question de canalisation. Nous avons plusieurs grands terrains qui peuvent être développés, mais qui n’avancent pas, et ce pour différentes raisons».
La situation n’est pas plus facile à Dudelange, où la Ville travaille au redéveloppement des terrains d’ArcelorMittal pour créer le nouveau quartier Neischmelz. «ArcelorMittal a arrêté ses activités sur le site en 2005, mais le transfert de propriété n’a pu être effectif qu’en 2016 et nous n’avons pu déposer les quatre PAP que tout récemment», explique le bourgmestre (LSAP).
La situation n’est pas mieux à Esch-sur-Alzette où «le projet ‘Nonnewisen’ a été bloqué pendant 12 ans faute d’un remembrement possible entre les terrains, qui appartenaient aux 2/3 à des propriétaires privés», explique Martin Kox (Déi Gréng), échevin à la Ville d’Esch-sur-Alzette. «Sans oublier une multitude d’acteurs cachés qui interviennent sur les projets urbains tels que les Ponts & Chaussées ou les CFL par exemple, et avec qui les démarches peuvent être longues et sinueuses», renchérit Lydie Polfer.
Deux ateliers pour avancer
Aussi, pour essayer de démêler les fils de ces nœuds, deux ateliers organisés par la Cipu se sont tenus en mai et en octobre 2019, et ont réuni des représentants des ministères, des communes, des institutions de recherche, des promoteurs publics, des sociétés de développement et des experts. Ces discussions ont fait l’objet de deux publications regroupant les points abordés et les propositions évoquées.
«Ces conclusions doivent nous servir de vade-mecum pour le développement urbain et nous aider à prendre les bonnes décisions», explique (Déi Gréng), ministre de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire. «Il est très important de pouvoir lever les problèmes au fur et à mesure qu’on les rencontre. Il s’agit de trouver les bons instruments pour mettre en place le plus facilement possible le logement abordable, aussi bien pour les grandes communes comme Luxembourg, Esch-sur-Alzette ou Dudelange, mais aussi pour les plus petites qui doivent également faire face à des développements urbains», renchérit (Déi Gréng), ministre du Logement. «Il s’agit de guider les acteurs dans les étapes qui peuvent être bloquantes.»
Des solutions apportées
Les conclusions élaborées par la Cipu sont résumées en quatre points:
– mettre en place un cadre adapté à la complexité des grands projets urbains au niveau national et communal;
– assurer une phase préparatoire et garantir la participation anticipée de tous les acteurs concernés;
– mettre en place des concepts novateurs à travers des processus de planification professionnels;
– assurer un accompagnement et un suivi adéquats de la mise en œuvre des grands projets urbains.
Parmi les améliorations possibles est ressortie la question du remembrement urbain. Facteur bloquant de plusieurs projets d’envergure, le remembrement devrait être facilité pour les communes, notamment à travers la mise en place d’un système d’échange de terrains plutôt que de s’appuyer sur les mesures longues et compliquées de l’expropriation.
Une nouvelle proposition de loi pourrait être soumise à la Chambre des députés avant l’été 2020. Elle pourrait s’inspirer de ce qui a été réalisé dans le passé pour le remembrement des parcelles viticoles. Ces sujets sont très complexes et les conclusions apportées par la Cipu ne peuvent à elles seules résoudre toutes les difficultés, mais elles sont de manière sûre un chemin qui peut faciliter le développement de ces grands ensembles urbains.