Vue du stand de Parallel à Luxembourg Art Week. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Vue du stand de Parallel à Luxembourg Art Week. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Les œuvres NFT (non-fongible token) ont connu un engouement particulier à partir de 2020, au moment des confinements qui étaient plus propices à la vie numérique. Aujourd’hui, elles entrent pleinement dans le monde de l’art et un stand leur est dédié à Luxembourg Art Week. Alexandre Czetwertynski de Parallel a répondu à nos questions.

Où peut-on acheter des œuvres NFT?

Alexandre Czetwertynski. – «Il existe différentes plateformes de vente, ou market place, qui agissent comme un intermédiaire entre les artistes et les collectionneurs. On peut citer par exemple Open Sea ou Feral File. Mais on peut aussi trouver des œuvres NFT dans des galeries présentes dans le metaverse ou sur les sites des artistes eux-mêmes. Parfois, même il y a des modes de vente très créatifs, comme la remise d’un bout de papier qui contient un code et qui vous donne accès par la suite au NFT.

Est-ce que le marché des NFT répond aux mêmes règles que le marché de l’art traditionnel?

«Le lien est souvent plus direct entre l’artiste et le collectionneur. Il s’agit aussi beaucoup de communautés. Les personnes qui font partie de la communauté d’un artiste par exemple, pourront avoir accès en priorité aux nouveaux NFT créés par cet artiste. Ce qui change est que l’artiste fait beaucoup plus lui-même: il crée l’œuvre, fixe son prix et fait la promotion de l’œuvre. Ces deux dernières étapes sur le marché traditionnel sont plutôt gérées par la galerie. Or, aujourd’hui, il n’existe pas encore vraiment de galeries spécialisées dans les NFT. Il existe par contre des curators qui sélectionnent des NFT pour les montrer dans des expositions dont les œuvres sont aussi en vente.

Aujourd’hui, il n’existe pas encore vraiment de galeries spécialisées dans les NFT.

Alexandre CzetwertynskiParallel

Existe-t-il des risques spécifiques liés à la possession d’œuvres NFT?

«Il s’agit des mêmes risques que pour les autres cryptomonnaies. Il faut savoir gérer correctement son portefeuille.

Peut-on assurer une œuvre NFT? «Pas encore à l’heure actuelle, mais les compagnies d’assurance sont en train de travailler sur cette question. Ce qui pourrait être assuré, c’est son Ledger, sorte de clé USB qui fait office de portefeuille physique pour ses cryptomonnaies.

Quel est le profil d’un collectionneur NFT? «Ce sont en général des personnes qui sont au quotidien dans ces environnements virtuels et qui sont déjà familiarisées avec les cryptomonnaies. Mais cela peut être aussi une tout autre personne qui est simplement curieuse de cet art. Il y a peut-être plus de très jeunes collectionneurs. On parle de personnes qui ont moins de 20 ans. Car l’avantage des NFT est aussi que vous pouvez devenir collectionneur avec un budget beaucoup plus modeste que dans l’art contemporain par exemple. Après, au sein des collectionneurs, les profils sont très divers: il y a des personnes qui n’achètent que sur Tezos, ou d’autres que de l’art génératif… Il y a des collectionneurs spéculatifs et d’autres qui n’achètent qu’au coup de cœur…

Quels sont les avantages pour les artistes qui produisent ces œuvres NFT?

«Le lien avec les collectionneurs est beaucoup plus direct. Ils peuvent aussi toucher plus facilement des royalties sur le second marché.

Les musées traditionnels s’intéressent-ils aux NFT? «Oui, il y a déjà des exemples. La Galerie des Offices par exemple a déjà vendu une version NFT d’une peinture de Michel-Ange. Cet exemplaire numérique, authentique, infalsifiable et crypté, a permis une rentrée d’argent supplémentaire pour le musée qui avait perdu beaucoup d’argent avec la pandémie. La Fondation Vasarely a fait de même et a utilisé l’argent pour restaurer des œuvres d’art. C’est une nouvelle forme de mécénat dans ce cas précis. Par ailleurs, le Moma commence à collectionner les NFT, et la Fondation Luma à Arles et Art Basel se sont associés pour créer une blockchain spécialisée dans le monde de l’art, Arcual.»