Katharine Pulvermacher de Microinsurance Network lors de la visite du ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP) et de la ministre des Finances Yuriko Backes (DP) à la Maison de la microfinance à Luxembourg, le 2 mai 2022. (Photo: SIP/ Archives)

Katharine Pulvermacher de Microinsurance Network lors de la visite du ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP) et de la ministre des Finances Yuriko Backes (DP) à la Maison de la microfinance à Luxembourg, le 2 mai 2022. (Photo: SIP/ Archives)

Pour 2023 et au-delà, Microinsurance Network (MiN) se prépare à un surplus d’activité. Katharine Pulvermacher a évoqué pour Paperjam + Delano Finance le plan d’action du réseau et les opportunités du marché.

La vision stratégique de Microinsurance Network pour 2026 comprend des actions qui permettront d’obtenir plus facilement des données aux niveaux nationaux sur la mise en œuvre des programmes d’assurance inclusifs à l’échelle mondiale. Dans le prolongement de cet objectif à long terme, la plateforme, engagée dans la croissance des marchés d’assurance inclusifs, a vu augmenter les adhésions institutionnelles de plus de 10% pour la deuxième année consécutive.

Pour Katharine Pulvermacher, directrice exécutive, l’augmentation du nombre d’adhérents est due à une plus grande sensibilisation à divers risques, notamment climatiques et sanitaires, ainsi qu’aux préoccupations en matière de sécurité des revenus associées à un besoin accru de protection. Et ce plus particulièrement dans les secteurs économiques informels, très présents dans les pays en développement.

Elle a mentionné comme autre facteur d’adhésion l’importance accrue accordée à la numérisation et à l’innovation technologique, qu’elle considère comme un élément essentiel pour fournir efficacement des services d’assurance, mais qui reste inégale en raison de certains retardataires dans le secteur de l’assurance.

Un sentiment d’urgence

«Il y a une prise de conscience croissante des difficultés que la vie présente. Je pense que dans le monde des affaires, tout comme dans le monde politique, il y a un sentiment d’urgence… pour certains changements systémiques pour aborder ces questions», a-t-elle déclaré.

Au-delà de la croissance du nombre d’adhérents, ce sentiment d’urgence a fait évoluer le dialogue même dans le Nord, où les services d’assurance inclusifs sont souvent considérés comme moins importants, car les gens se rendent compte que «l’exclusion n’est pas seulement un problème dans le Sud».

Le chaînon manquant du secteur de l’assurance

En matière d’assurance inclusive, certaines des lacunes qui existent encore et doivent être comblées dans de nombreuses économies avancées se trouvent dans ce que Katharine Pulvermacher appelle le «chaînon manquant»: le segment des PME des pays en voie de développement.

«Elles représentent 90% des entreprises et sont de gros employeurs. Ce ne sont pas les grandes entreprises et les grandes marques dont nous avons toujours entendu parler, mais elles sont l’épine dorsale de presque toutes les économies», a-t-elle souligné. En ajoutant qu’il existe une opportunité pour les assureurs du Nord, y compris dans les petits pays, de travailler ce segment d’activité et de créer des produits d’assurance qui répondent aux besoins de ces PME et également aux besoins des consommateurs émergents – définis comme gagnant de 3 à 20 dollars par jour –, qui ont besoin de solutions sur mesure pour éviter de retomber dans le piège de la pauvreté dans le contexte d’une crise ou de chocs soudains.

«Seule une infime partie des consommateurs émergents et des petits producteurs du monde entier disposent d’une assurance, quelle qu’elle soit – même pour les risques plus petits et plus fréquents qui peuvent avoir un effet dévastateur sur leur mode de vie et leur bien-être économique.»

Dynamisme dans les partenariats, tirer les leçons des autres

Les assureurs qui privilégient les partenariats stratégiques restent pertinents dans tous les domaines. Katharine Pulvermacher a fourni des exemples de collaborations complexes, inhabituelles et bien planifiées entre acteurs publics et privés, ainsi qu’entre secteurs. Par exemple, des assureurs collaborant avec des sociétés d’alarme incendie pour fournir une assurance de biens contre le feu, ou des assureurs collaborant avec des applications de covoiturage dans des pays sujets aux accidents. Elle a donné des exemples en Afrique du Sud, où l’économie comportementale a influencé le développement et l’innovation des produits. Les bénéficiaires de l’aide médicale, par exemple, ont tout à gagner des programmes de vitalité qui subventionnent les adhésions à des salles de sport, des remises en espèces pour une alimentation saine ou d’autres offres d’assurance qui récompensent par des miles de vol, des surclassements d’adhésion, etc.

Ces types de solutions et de partenariats inhabituels et stratégiques représentent les meilleures pratiques du réseau. «Ce que le réseau de microassurance apporte à ces acteurs, c’est l’opportunité d’apprendre de ce corpus de connaissances accumulées qui est constamment rafraîchi… la vision, la cohérence et le soutien du gouvernement luxembourgeois ont été inestimables à cet égard.»


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Le gouvernement luxembourgeois – le ministère des Finances et la direction de la coopération au développement et des affaires humanitaires du ministère des Affaires étrangères et européennes – soutient le MiN. Le réseau a débuté en tant que groupe de travail spécialisé dans les questions de microassurance du CGAP (The Consultative Group to Assist the Poor, organisme dépendant de la Banque Mondiale) en 2002. Il est devenu un organisme indépendant à but non lucratif en 2012.

Le CGAP a réintégré le réseau MiN cette année en tant que l’un des 13 nouveaux membres institutionnels. Dreamlopments Foundation, finaliste du Prix européen de la microfinance 2021, figure également sur la liste des nouveaux membres. Katharine Pulvermacher a expliqué que d’autres contacts du Prix européen de la microfinance comme la fondation pakistanaise Kashf et l’assurance kenyane APA sont également des membres de longue date.

«Il devrait y avoir une synergie naturelle entre les institutions de microfinance et l’assurance. C’est un domaine dans lequel je pense qu’il y a une marge d’amélioration considérable. Les assureurs devront recommencer à réfléchir sérieusement à leur activité principale, à savoir fournir des services d’assurance et de gestion des risques.»

 

Une autre fait significatif dans la croissance des adhésions est «l’afflux de superviseurs d’assurance» qu’elle décrit comme des organismes gouvernementaux s’associant au réseau alors qu’ils développent des stratégies d’inclusion financière et de développement socio-économique. «Faire partie du groupe envoie un signal très puissant au secteur privé dans leurs pays respectifs.» La Banque mondiale, les agences des Nations unies et les donateurs européens font également partie du réseau MiN.

J’aime voir ces synergies entre le travail des différentes organisations… Réunir des personnes de différents secteurs pour échanger des idées est un avantage supplémentaire.
Katharine Pulvermacher

Katharine Pulvermacherdirecteur exécutif Microinsurance Network (MiN)

Une chance pour le Luxembourg

Pour le secteur public, et compte tenu de la diversité des nationalités au Luxembourg, elle affirme que la croissance des adhésions représente un sentiment de fierté pour les multiples nationalités du Grand-Duché lorsqu’elles réalisent la portée du gouvernement luxembourgeois par le biais de programmes directs, par le biais d’agences comme LuxDev, mais aussi via d’autres organisations qu’il soutient. «C’est une façon d’améliorer l’image du Luxembourg» qui a déjà la réputation d’être un centre d’excellence pour l’inclusion financière.

En tant que membre du comité de direction de l’Insurance Development Forum, Katharine Pulvermacher a souligné que les débats actuels ont mis l’accent sur l’importance du financement responsable, étant donné que les assureurs constituent le plus grand groupe d’investisseurs institutionnels au monde.

À l’avenir, «les assureurs en tant qu’investisseurs ont un rôle à jouer en réfléchissant à ce dans quoi ils investissent et à la manière dont ils investissent», a-t-elle déclaré, en faisant un appel du pied aux assureurs luxembourgeois qui, selon elle, disposent d’actifs importants malgré la petite taille du marché.

Elle a ajouté que la communauté financière luxembourgeoise doit reconnaître l’assurance et les pensions comme faisant partie intégrante d’une offre financière holistique et complète qui va au-delà de la banque et de l’investissement.

Cet article a été publié dans le cadre de la newsletter Paperjam+Delano Finance, la source hebdomadaire d’informations financières au Luxembourg. .

Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.