L’indépendance des États-Unis ou de l’Europe dans les semi-conducteurs ne se fera qu’au prix d’investissements massifs, surtout privés, dans la recherche et le développement. (Photo; Shutterstock)

L’indépendance des États-Unis ou de l’Europe dans les semi-conducteurs ne se fera qu’au prix d’investissements massifs, surtout privés, dans la recherche et le développement. (Photo; Shutterstock)

Les puces (électroniques) vous démangent? Attention avant d’en mettre dans son portefeuille: derrière les lieux communs, la chaîne d’approvisionnement est très fracturée et régionalisée. La technologie évolue et la capitalisation boursière du secteur aussi…

+3,3% en 2022. -10,3% en 2023. +11,8% en 2024 à 576 milliards de dollars. Le marché des semi-conducteurs fait le yoyo, selon l’Association mondiale des statistiques sur les semi-conducteurs (WSTS). «Cette expansion devrait être principalement tirée par le segment de la mémoire, qui devrait remonter à 120 milliards de dollars américains en 2024, marquant une augmentation de plus de 40% par rapport à l’année précédente. Presque toutes les autres catégories clés, y compris discrètes, capteurs, analogiques, logiques et micro, devraient afficher une croissance à un chiffre.»

Car derrière le mot «puce» se cache une diversité de technologies.

«Il existe plus de 50 points dans la chaîne de valeur où une région détient plus de 65% de la part de marché mondial», complète le Boston Consulting Group pour la Semiconductor Industry Association. «Il s’agit de points de défaillance uniques potentiels qui pourraient être perturbés par des catastrophes naturelles, des fermetures d’infrastructures ou des conflits internationaux, et qui pourraient entraîner de graves interruptions de l’approvisionnement en puces essentielles. Environ 75% de la capacité mondiale de fabrication de semi-conducteurs, par exemple, est concentrée en Chine et en Asie de l’Est, une région fortement exposée à une forte activité sismique et à des tensions géopolitiques. De plus, 100% de la capacité de fabrication de semi-conducteurs la plus avancée au monde (moins de 10 nanomètres) est actuellement située à Taïwan (92%) et en Corée du Sud (8%). Ces puces avancées sont essentielles à l’économie, à la sécurité nationale et aux infrastructures critiques des États-Unis.»

Et les différents écosystèmes vont devoir collaborer entre eux, défend le même BCG. «Une alternative hypothétique avec des chaînes d’approvisionnement locales entièrement autosuffisantes dans chaque région nécessiterait au moins 1.000 milliards de dollars d’investissement initial supplémentaire et entraînerait une augmentation globale de 35 à 65% des prix des semi-conducteurs, entraînant finalement une augmentation des coûts des appareils électroniques pour les consommateurs.»

La clé est dans la recherche et le développement autour de la miniaturisation. Un dollar investi en génère 24 à 30 dans la vente liée à la conception. «Un investissement public dans la conception et la R&D d’environ 20 à 30 milliards de dollars jusqu’en 2030 (y compris une incitation fiscale de 15 à 20 milliards de dollars pour la conception) générerait des ventes supplémentaires liées à la conception d’environ 450 milliards de dollars sur dix ans, tout en soutenant la formation. Et l’emploi pour environ 23.000 emplois de conception et 130.000 emplois indirects et induits, et renforcer la position de leader des États-Unis dans la conception de semi-conducteurs.»

C’est justement par la recherche que .

Une valeur à suivre

Lattice Semiconductor Corporation. Honorée de plusieurs récompenses, la société américaine a fini 2022 sur un nouveau record à 660 millions de dollars de revenus (+24%) et vise autour de 750 millions cette année. Elle dépense déjà plus de 20% de ses ressources en recherche et développement. La société de Jim Anderson, qui réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires dans le secteur automobile, compte déjà dans son portefeuille de clients une sacrée bande de champions: Amazon, Bosch, Canon, Cisco, Dell, Ericsson, Ford, Fujitsu, Google, HP, Hitachi, Lenovo, Samsung, Lockheed Martin, Siemens, Sony, Nokia, Panasonic, Raytheon ou encore ZTE (pour n’en nommer que quelques-uns…). Autour de 85 dollars l’action mi-juillet, elle a pris 70% en un an mais il est déjà un peu tard pour s’y mettre…