Micaela Forelli, Managing director, M&G Luxembourg (Photo: Maison moderne)

Micaela Forelli, Managing director, M&G Luxembourg (Photo: Maison moderne)

Trois ans et demi après le référendum, le Brexit est désormais quasiment une réalité. L’occasion de faire connaissance avec les acteurs de la finance établis à Londres qui ont choisi de faire du Luxembourg leur QG européen ou leur base de repli pour garder un pied dans le marché unique. Une série qui démarre avec M&G Investments.

En mars 2017, le gestionnaire d’actifs britanniques M&G Investments avait confirmé son intention de créer deux entités: une structure juridique ainsi qu’une plate-forme de distribution. À l’époque, l’annonce de ce géant des fonds de transférer une partie de ses activités de Londres vers le Luxembourg avait prouvé que la place financière du Grand-Duché aurait son rôle à jouer dans le grand Monopoly version Brexit. «Nous avons pris la décision de cette nouvelle implantation dès que les résultats du référendum britannique ont été connus, en juin 2016.

Quelle que soit l’issue future du Brexit, nous ne voulions prendre aucun risque par rapport aux actifs de nos clients internationaux», explique Micaela Forelli, nommée managing director de M&G Luxembourg en septembre 2019 pour guider ces deux entités opérationnelles, en plus de ses responsabilités initiales en tant que head of Euro­pean & global banks distribution et directrice de M&G Interna­tional Investments.

Depuis Londres, M&G Invest­ments gérait 50 milliards d’euros d’actifs en provenance de clients internationaux. Une somme considérable, investie en grande partie dans des fonds Ucits. Or, le départ des Britan­niques de l’UE les aurait privés du label Ucits. «Mais nos clients internationaux veulent pouvoir investir dans des produits Ucits», poursuit la responsable de M&G Luxembourg.

Le gestionnaire d’actifs a donc rapidement décidé de créer une nouvelle structure au sein de l’UE pour pouvoir disposer aussi, dans le futur, du passeport lui permettant d’écouler ses produits dans l’espace à 27. «Nous voulions un nouveau lieu sécurisé pour nos clients, et Luxembourg nous a semblé être la meilleure Place en Europe, notamment par rapport à l’importance de son activité dans la distribution transfrontalière des fonds», commente Micaela Forelli, qui travaille chez M&G Investments depuis 2001.

Le Luxembourg est désormais la plate-forme à partir de laquelle se fait l'expansion internationale du groupe.
Micaela Forelli

Micaela ForelliManaging DirectorM&G Luxembourg

De 12 à 35 employés

À partir du moment où le choix de la Place grand-ducale a été acté, deux programmes ont été menés en parallèle. L’un visait à transformer les fonds à rapatrier depuis Londres en sicav luxembourgeoises. L’autre était destiné à créer une société corporate sur la Place grand-ducale. M&G y était déjà représenté, depuis 2002, par une société de gestion centrée sur les investissements dans le secteur immobilier.

Une douzaine de personnes étaient déjà actives dans les bureaux de l’avenue de la Liberté. Pour assurer son développement, le groupe britannique a fait le choix, fin 2017, de s’installer au boulevard Royal. Aujourd’hui, 35 personnes sont employées dans ce nouveau hub européen — un nombre nécessaire pour assurer les activités ainsi que les exigences des régulateurs en termes de substance.

«Nous avons reçu nos licences entre février et avril 2018. Les activités ont donc pu démarrer en août de la même année et, en octobre, nous étions totalement opérationnels», explique la responsable qui arrivait, cette année-là, en provenance de Suisse, où elle dirigeait la filiale helvétique de M&G Investments.

77 milliards d’euros d’actifs

Depuis que la structure luxembourgeoise tourne à plein régime, les activités se sont déjà fortement développées. En moins de 18 mois, les 50 milliards d’euros d’actifs transférés de Londres sont devenus 77 milliards. «Le Luxembourg est désormais la plate-forme à partir de laquelle se fait l’expansion internationale du groupe, poursuit Madame Forelli. Même si les portfolio managers sont basés à Londres ou en Asie, les licences de nos produits sont luxembourgeoises. Elles offrent un droit d’entrée dans tous les pays du monde, à l’exception des États-Unis.» De même, l’ensemble des succursales en Europe dans l’activité de distribution dépend des bureaux grand-ducaux.

Le bilan est donc globalement positif. La responsable d’origine italienne, qui a longtemps travaillé à Londres pour le groupe, se réjouit d’avoir vu se créer un centre où règne une mentalité plus internationale. «Sur 35 personnes, nous abritons des gens de 14 nationalités.» Un panachage plus facile à obtenir qu’à Londres, et important pour la distribution internationale.

Pour l’avenir proche, elle entend à la fois étendre l’activité internationale depuis Luxembourg et élargir la gamme de services. «Chaque année, nous lançons de nouveaux fonds. Je pense qu’il existe de plus en plus d’opportunités pour les fonds alternatifs, dont la croissance est de plus en plus marquée en Europe et dont M&G est un des grands spécialistes.

Or, cela tombe bien, le Luxembourg a mis en place des outils très intéressants dans les fonds alternatifs», pointe Micaela Forelli.