De la «fumée blanche» au-dessus de la cathédrale de Metz. Bien malin est celui qui pourrait prédire ce que les élections municipales décideront dans six mois exactement. (Photo: Paperjam)

De la «fumée blanche» au-dessus de la cathédrale de Metz. Bien malin est celui qui pourrait prédire ce que les élections municipales décideront dans six mois exactement. (Photo: Paperjam)

À six mois du premier tour des élections municipales, la campagne est bien lancée à Metz. Comme en témoigne ce premier bug autour de l’absence de Metz sur une carte de France des villes universitaires. Dans les coulisses de ce vrai-faux scandale...

Qui dit campagne politique, dit bug? Metz n’échappe pas à cette règle, qui montre les limites du renouvellement de la vie politique française.

Mercredi 11 septembre, le sénateur François Grosdidier lance le premier missile dans la campagne pour la mairie de Metz, à six mois du premier tour. Selon le candidat des Républicains (droite), la Ville de Metz a été rayée d’une carte de France des villes universitaires, publiée par la Conférence des présidents d’université.

En fin de journée, vendredi, un autre tandem s’indigne de cette disparition, composé de l’actuel maire de Metz, le socialiste Dominique Gros, et le patron de Metz-Métropole, de centre droit, Jean-Luc Bohl. Dans un courrier envoyé au président de la CPU... et à toutes les rédactions, ils s’émeuvent de cette disparition. 

Aucun des trois hommes n’ignore pourtant que la carte de France  à l’intention du gouvernement français.

Le président de l’Université de Lorraine, Pierre Mutzenhardt, avait demandé la rectification de la carte dès sa publication, le 2 septembre. Comme pour Aix-Marseille qui ne compte qu’un seul point sur la carte, à Marseille, l’université de Lorraine, à deux têtes, Metz et Nancy, n’est représentée que par un point, Nancy.

Au lieu d’être rectifiée, la carte a été retirée. C’est ce qu’explique le président, mais cela ne suffit pas à convaincre les trois politiques de premier plan qui ont porté ce premier coup d’épée dans l’eau.

Dimanche, le sénateur, qui a quitté la mairie de Woippy pour s’offrir celle de Metz, en remet une couche, après la lecture du Républicain Lorrain.

Derrière cette alliance gauche-droite de circonstance se cache la volonté de s’en prendre à Richard Lioger, qui fut le président de l’université de 2003 à 2008, même si la «fusion» avec Nancy ne date que de 2012.

«Outre les deux ‘bâtisseurs’», persifle un fin connaisseur de la politique messine pour Paperjam, «il y aura forcément un candidat de centre-droit». François Grosdidier et Richard Lioger sont surnommés ainsi en raison de leurs liens supposés avec des promoteurs immobiliers, le premier quand il était maire de Woippy, à la périphérie de Metz, de 2001 à 2017, et le second quand il était en charge de l’urbanisme à la maire de Metz jusqu’en 2017 également.

Les difficultés de Griesbeck

Qui sera ce troisième homme au centre? Une femme? Nathalie Griesbeck? C’est l’option que le président du Modem et allié du président Macron, François Bayrou, envisage. Seulement au-delà de la difficulté à mettre en place une liste autour de l’ancienne députée européenne qui n’a plus aucun mandat dans un monde où l’on vous oublie si vous disparaissez une heure. La protégée de Bayrou risque d’avoir des difficultés à rassembler au deuxième tour.

Au nom d’une investiture de la République en marche, pourrait-elle «récupérer» Hacène Lekadir, qui a fait allégeance à Lioger il y a deux semaines à la différence ? Et l’ex-candidat de droite Jérémy Aldrin?

Après avoir été le premier à se lancer, en juin, puis avoir montré sur les réseaux sociaux combien son équipe travaillait, l'ex-président de la commission des finances de la Ville a indiqué, ce lundi, qu’il devenait le chef de file... d’Agir, mouvement de la majorité présidentielle (En Marche!) et donc moins à droite.

Car à gauche, il ne fait pas beaucoup de doute que le mieux placé du premier tour devrait pouvoir compter sur les autres. Premier à se lancer dans une investiture annulée à la fin de l’été, Thomas Scuderi a vu un autre adjoint de Dominique Gros carrément se passer de la fameuse investiture du Parti socialiste. La semaine dernière, Jean-Michel Toulouze, deuxième adjoint, a officiellement annoncé qu’il était candidat.

Revenu à Metz pour la deuxième campagne du maire de Metz, son stratège de l’ombre qui dirigeait l’agence de développement local Inspire Metz depuis 2017, Xavier Bouvet a lui aussi annoncé sa candidature. Le jeune candidat souffre peut-être d’un défaut de notoriété pour séduire Metz la bourgeoise, mais ses équipes travaillent sans compter à élaborer un programme qui rassemble entre autres les «Nuit debout», les «Place publique», les «Esplanade» ou les radicaux de gauche. «Notre composante centrale en est Europe-Ecologie-Les Verts», explique M. Bouvet.

Peut-il capitaliser sur le ras-le-bol d’une partie de l’électorat de voir toujours les mêmes acteurs se disputer les mêmes places? C’est une question ouverte.

«C’est pour lui que le maire de Metz a signé le permis de construire de la grande mosquée de Metz ou propose d’accueillir des réfugiés», analyse un certain Emmanuel Lebeau dont on ignore encore s’il pourrait sauter dans la brèche en cas de non-candidature de Mme Griesbeck. Selon lui,  et  viendraient affaiblir les autres candidats.

Ces deux sujets clivants devraient obliger tout le monde à se positionner. Ce que n’a pas attendu la candidate d’extrême droite, pardon du Rassemblement National, Françoise Grolet. Dimanche soir, à son retour de formation à la gestion d’une ville à Fréjus, pour la rentrée du mouvement de Marine Le Pen, elle tweetait sur la gare, plus belle gare de France.

«Metz, la belle endormie» , s’est réveillée. Et suscite toutes les convoitises cet été. De là à savoir qui saura conquérir son cœur (et comment), c’est une autre histoire...