Le ministre du Travail, , a répondu à une question parlementaire des députés socialistes et sur la nouvelle liste des métiers en très forte pénurie publiée fin mars. Fondée sur les données de l’année 2024, cette liste recense 22 métiers qui peinent à trouver preneur au Luxembourg. Un chiffre en légère baisse par rapport à l’année précédente (24), mais qui reflète toujours des tensions fortes sur le marché du travail.
Le cœur de la pénurie se concentre dans quatre grands secteurs: la finance, les soins et l’action sociale, l’informatique, et l’industrie.
Dans la finance, le Luxembourg cherche désespérément des analystes de crédits et risques, des chargés de clientèle bancaire, ainsi que des profils spécialisés en conformité comme les analystes KYC/AML. Le dynamisme du secteur est freiné par un manque de profils qualifiés, en particulier pour les fonctions qui nécessitent une double expertise technique et réglementaire.
Dans les soins, la pénurie est chronique: le pays manque d’infirmiers, d’aides-soignants, d’assistants sociaux, mais aussi d’éducateurs spécialisés et de professionnels de la petite enfance. Ces métiers souffrent d’un manque d’attractivité, mais leur besoin ne faiblit pas, surtout avec le vieillissement de la population.
Côté IT, les développeurs web, data analysts, architectes cloud, experts en cybersécurité ou encore administrateurs de systèmes font cruellement défaut. Le secteur est en tension permanente, malgré les nombreuses formations lancées ces dernières années.
Enfin, dans l’industrie, le gouvernement constate un manque aigu de mécaniciens industriels, techniciens en maintenance aéronautique, mais aussi carrossiers, peintres en carrosserie ou ingénieurs R&D. Le problème est à la fois générationnel et structurel: certains métiers manuels peinent à attirer de nouvelles vocations.
Formations ciblées, mais résultats encore limités
Le gouvernement mise sur la formation pour répondre à ces tensions. En 2024, 9.170 demandeurs d’emploi ont suivi une formation, dont plus de 2.000 dans des formations sectorielles. Parmi les dispositifs récents:
- le programme AML/KYC & Compliance, ciblant les métiers bancaires en tension.
- le cursus Data Analyst lancé avec le CNFPC.
- , pour former des développeurs.
- le programme Skills4Job, axé sur la reconversion vers les métiers en pénurie (572 participants, 43% de retour à l’emploi).
Pour les métiers de la santé, l’Adem travaille avec le ministère concerné sur des cours de langue à visée professionnelle, tandis que des contingents de formation sont mis en place avec les chambres professionnelles pour répondre aux besoins urgents du marché.
Autre levier: le recrutement international. Entre septembre 2023 et mars 2025, pour ces métiers – soit 70% du total sur cette période. Les réfugiés, eux, ne nécessitent pas de certificat pour travailler, mais aucune donnée spécifique n’est disponible sur leur insertion dans ces métiers.
Si ces mesures montrent une volonté d’adaptation, elles peinent encore à combler les écarts. La tension persiste, et dans certains secteurs comme la santé ou la tech, elle pourrait encore s’aggraver si les tendances démographiques et économiques se confirment.