Pour Marie Grillot, il faut de nouvelles formations pour ouvrir les portes de la fonction de compliance officer. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Pour Marie Grillot, il faut de nouvelles formations pour ouvrir les portes de la fonction de compliance officer. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Après un début de carrière dans l’audit et la réglementation, Marie Grillot est, depuis le 1er juin, directrice générale de l’Alco. Elle en détaille les enjeux.

Qu’est-ce qui vous a poussée à prendre la direction de l’Association luxembourgeoise des compliance officers (Alco)?

Marie Grillot. – «J’ai été attirée par la possibilité de mettre mes compétences au service de l’Alco et de l’ensemble de ses membres. Il s’agit d’une création de poste. De nombreux challenges y sont liés.

Quelles seront vos premières missions?

«D’abord, renforcer le service offert aux membres et la visibilité de l’Alco. Cela passera par l’amélioration du site internet afin que les membres puissent trouver les informations plus facilement et que l’on puisse y relayer les travaux effectués par les différents groupes de travail. Ensuite, nous mettrons en place de nouveaux groupes de travail dédiés à des sujets actuels, comme les critères ESG, AML 6 ou encore la digitalisation du KYC.

Quelles sont les principales préoccupations du secteur?

«Les membres sont très attentifs à toutes les évo­lutions réglementaires qui se succèdent depuis plusieurs années et à la manière de les mettre en place au sein de leur entreprise. Les sujets principaux concernent la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, ainsi que les sujets de société actuels tels que le développement durable et la digitalisation. Enfin, la visite du Gafi, reportée à 2022, fait aussi partie des priorités.

Le secteur de la compliance au Luxembourg représente combien de personnes?

«Au sein de l’association, nous comptons plus de 1.300 membres. Ce nombre augmente tous les ans, ce qui montre bien la croissance du secteur.

Mais, en prenant de l’importance, il connaît aussi de plus en plus de problèmes de recrutement…

«Étant donné l’évolution des réglementations, les acteurs de la Place doivent renforcer leurs équipes en recrutant. Mais il n’y a effectivement pas assez de personnes formées et compétentes pour répondre aux offres d’emploi.

Dans la pratique, ça se passe comment?

«Les spécialistes sont souvent sollicités par la con­-currence pour de nouveaux postes. À chaque entreprise de mettre en place les moyens pour conserver ses talents, mais les directions devraient, encore davantage, valoriser les métiers de la conformité. Cela dit, la conformité est un métier très diversifié qui peut accueillir des profils très variés. L’idée est donc de développer des formations pour ouvrir l’accès à ces métiers.

L’Association luxembourgeoise des compliance officers a son rôle à jouer dans la formation?

«C’est une de nos préoccupations principales. Pour prévenir les risques, les compliance officers ont besoin de formation continue. Nous travaillons avec la House of Training, qui a développé un programme de formation continue et certifiant qui est mis à jour régulièrement. Mais c’est avant tout aux entreprises d’assurer des formations pour que des personnes d’autres métiers puissent accéder à la conformité.

Il faut mieux faire connaître le métier de compliance officer?

«Il n’est pas très connu, ni des entreprises ni des étudiants. Il est à la fois très varié et abstrait. Il faut donc démontrer que c’est un métier passionnant, qui exige de l’agilité et d’être en mouvement perpétuel.

L’importance des compliance officers est-elle suffisamment reconnue par le management des entreprises où ils sont actifs?

«Elle l’est de plus en plus. Le métier de compliance officer s’est transformé et est davantage ancré dans la stratégie et la gouvernance des entreprises. Les compliance officers ont désormais souvent un rôle de conseiller auprès de la direction.

Ne faudrait-il pas leur prévoir un statut spécial pour plus d’autonomie par rapport à leur management?

«La fonction est déjà indépendante. Les compliance officers ont directement accès aux conseils d’administration et aux organes de régulation. C’est prévu par la loi. Mais c’est vrai que c’est une fonction très exposée et tout ce qui peut être mis en place pour la protéger et lui apporter des garanties est le bienvenu.»

Cet article a été rédigé pour  parue le 15 juillet 2021.

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