Pour Fredrik Skoglund, la numérisation est l’une des tendances déterminantes pour le monde de demain. (Photo: BIL)

Pour Fredrik Skoglund, la numérisation est l’une des tendances déterminantes pour le monde de demain. (Photo: BIL)

Nous sommes aujourd’hui à la veille d’un tournant majeur: celui où le temps passé dans le monde virtuel sera supérieur à celui passé dans le monde réel. Un nouvel horizon se dessine avec l’avènement du metaverse et des entreprises de premier plan s’y intéressent de près.

Le metaverse est une interface informatique universelle qui permet aux utilisateurs de vivre, travailler et jouer dans des mondes virtuels. Son nom combine le terme grec «meta», qui signifie «au-delà/après», et «univers». S’il existe des versions préliminaires, la technologie est encore loin d’être aboutie. À terme, dans sa version définitive, des casques de réalité virtuelle (RV) permettraient aux utilisateurs d’évoluer dans une réalité alternative, dans laquelle ils pourraient par exemple aller au bureau et interagir avec leurs collègues sans quitter leur canapé. Des versions moins sophistiquées feraient intervenir des avatars 2D sur les écrans de nos ordinateurs ou de nos smartphones, ou utiliseraient des lunettes de réalité augmentée pour superposer des images numériques sur le monde réel. Le film «Ready Player One» de Steven Spielberg offre un bon point de départ pour se faire une idée de ce que pourrait être le metaverse.

Les entreprises misent gros sur le metaverse

S’il trouve son public, le metaverse pourrait devenir une économie alternative à part entière. Selon les calculs de Bloomberg, les revenus potentiels au niveau mondial pourraient atteindre près de 800 milliards de dollars à l’horizon 2024 et, déjà, des entreprises de premier plan se lancent dans une véritable «conquête numérique» pour affirmer leur présence dans ce nouveau monde.

Facebook va investir 10 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie pour créer son propre monde virtuel immersif, tandis que Microsoft a récemment conclu une transaction en vue du rachat de l’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard, pour pas moins de 68,7 milliards de dollars. Selon Satya Nadella, le PDG de Microsoft, «à l’heure actuelle, les jeux représentent la catégorie la plus dynamique et la plus prometteuse dans le domaine des loisirs, toutes plateformes confondues, et nous jouerons un rôle-clé dans le développement des plateformes metaverse». Dès lors que les vêtements font office de marqueur de statut social dans le monde physique, les acteurs de la distribution pensent qu’il en sera de même dans le monde numérique. Afin de tirer profit de cette tendance, Nike, par exemple, a récemment racheté RTFKT Studios, une société spécialisée dans la création de chaussures virtuelles.

Quelles opportunités pour les investisseurs?

Le metaverse n’en est encore qu’à ses prémices, et s’il pouvait représenter le monde de demain, les technologies qui le sous-tendent peuvent offrir des opportunités aux investisseurs dès maintenant. Le succès du metaverse suppose plusieurs conditions préalables:

- la vitesse est primordiale, et les temps de latence offerts par la technologie 5G seront déterminants;

- la blockchain jouera un rôle crucial en permettant d’authentifier les données et leurs propriétaires;

- les infrastructures basées sur le cloud sont essentielles compte tenu des énormes volumes de données devant être transmises et stockées;

- le metaverse nécessitera une grande puissance de calcul, les semi-conducteurs auront une importance capitale;

- matériel: des expériences virtuelles fluides requièrent des équipements de pointe, qu’il s’agisse de casques, de capteurs ou même de vêtements ou de caméras qui détectent les mouvements;

- cybersécurité: plus le numérique occupe une place importante dans nos vies, plus nous sommes vulnérables aux cyberattaques;

- interopérabilité des logiciels entre les plateformes.

Que le metaverse devienne la norme ou non, le temps passé connecté est amené à augmenter encore, aussi bien pour nos loisirs, pour jouer et apprendre, qu’en matière de services financiers… La numérisation engendrera des gagnants et des perdants dans pratiquement tous les secteurs et il ne suffit pas d’acheter des actions de sociétés technologiques pour s’exposer à cette tendance de fond. Les décisions d’investissement dans ce domaine doivent nécessairement tenir compte de la capacité des entreprises à innover et à s’adapter à cette nouvelle réalité.

Cette chronique a été préparée par Fredrik Skoglund, chief investment officer, et Jade Marie Bajai, investment strategy communication manager au sein de la BIL.