«Cela fait 20 ans que nous travaillons dans le quartier. Nous venons de livrer , travaillons actuellement à , explique , fondateur du bureau Metafom architects. Parce que nous sommes aussi urbanistes, il n’est pas envisageable pour nous de travailler sur le parking à vélos souterrain sans réfléchir à ce que pourrait devenir la place de la Gare en surface. Aussi, nous avons réalisé spontanément une étude de faisabilité pour réfléchir à ce que pourrait être l’aménagement de cette place.»
Historiquement, la place a toujours servi de lieu de transition et de déplacement. D’abord pour permettre à l’ancien tram de faire demi-tour, puis comme gare routière. Aujourd’hui, cette place a besoin d’être revitalisée et réaffectée.

La taille de la place de la Gare est comparable à d’autres place de la ville. (Illustration: Metaform architects)
«Nous avons en premier lieu élaboré une analyse du site, relevé l’existant, étudié les différents flux, les commerces présents, son rôle dans le quartier… L’offre présente autour est déjà bien développée. Il ne manque vraiment pas grand-chose pour que cette place devienne un lieu de vie et offre une nouvelle complémentarité.»
Par ailleurs, cette place est bordée de beaux bâtiments historiques, appartenant au patrimoine de la ville comme le bâtiment des CFL, qui est en cours de rénovation ou encore le pavillon de la Gare.
Par contre, la porosité avec le quartier est moins forte que pour d’autres places à cause de la barrière que représentent les voies ferrées. «Mais il s’agit quand même d’un espace généreux de 4.000m2, quasi aussi grand que la place de Paris ou la place d’Armes», souligne Shahram Agaajani.
Un parking à vélos performant
«Nous sommes partis du principe que (PNM 2035). Celui-ci peut se réaliser en parallèle du chantier mis en place pour le bâtiment des CFL. Si on veut que la politique de mobilité douce soit un succès, il faut donner des infrastructures adaptées et performantes pour que les usagers se les approprient et qu’elles deviennent un succès. Prenez un cycliste de haut niveau. Si vous lui donnez un vélo partagé de la ville, jamais il n’arrivera à faire le tour de France! Il lui faut du matériel performant.»
Partant de cette idée, Metaform architects conçoit un parking à vélo souterrain accessible par une rampe. Afin que celle-ci s’intègre harmonieusement sur la place et ne vienne couper ni les flux de circulations ni l’espace, ils la font s’enrouler autour d’un pavillon de faible hauteur dans lequel pourrait s’installer un nouveau commerce.
Au demi-niveau se trouvent l’espace de contrôle d’accès et le Repair Shop spécialisé en vélos. Puis au niveau -1 se trouvent les places de parking à vélo, avec d’abord les vélos cargos, puis les vélos standards et les vélos avec accessoires. «Nous nous sommes entourés de Movares, une équipe néerlandaise spécialisée ce sujet pour concevoir ce parking à vélos, précise Shahram Agaajani. Nous proposons également, et parce que nous sommes exactement au même niveau de sous-sol, de connecter le parking avec le quai de la galerie nord de la Gare centrale. Ainsi, les usagers du train peuvent facilement accéder au parking à vélos sans avoir à repasser en surface. Cette possibilité a été confirmée par nos collègues du bureau INCA avec qui nous avons travaillé sur cette étude de faisabilité.»
Articuler la place en surface
En surface, le nouveau pavillon permettrait d’articuler la place et de légèrement la refermer vers le sud. «Ce pavillon est comme une couche qu’on ajoute à un millefeuille et qu’on adapte en fonction des besoins observés», image Shahram Agaajani. Ce kiosque prendrait place sous une toiture inclinée qui viendrait protéger la rampe d’accès au parking et servir de support à des gradins par exemple. La toiture serait végétalisée. En plus de cela, les architectes-urbanistes proposent de planter des arbres à tiges hautes et d’ajouter un plan d’eau qui agirait aussi comme un miroir pour les bâtiments alentour.
«Je ne prétends pas que l’aménagement de cette place va résoudre tous les problèmes d’insécurité dans le quartier. Mais il faut bien commencer quelque part. Regardez ce qu’il s’est passé à la place Flagey à Bruxelles. Aujourd’hui, c’est une place sur laquelle les enfants peuvent jouer alors qu’avant on devait griller les feux rouges pour ne pas se faire agresser», raconte un brin provocateur l’architecte.
Actuellement, des réunions sont menées entre les CFL, propriétaires de la place, la Ville de Luxembourg et le ministère de la Mobilité pour travailler sur ce dossier. «Nous devons réfléchir à une proposition qui puisse augmenter l’attractivité de la place de la Gare et augmenter l’offre qui y est proposée. Nous devons proposer une offre qui accroche les gens à cet espace public et qu’il ne soit pas qu’un espace de transit. Je pense que nous avons ici un début de réflexion qui mérite d’être approfondie», conclut Shahram Agaajani.