Les valeurs technologiques ont surperformé dans l’ensemble au cours de la pandémie. La croissance des bénéfices des entreprises de l’IT a été supérieure à la moyenne, selon le groupe financier Oddo BHF. Il s’agit du «meilleur secteur au cours des 5 et 10 dernières années», explique le groupe dans un mémo pour ses investisseurs. En 2020, ces valeurs ont même atteint des sommets qualifiés d’historiques.
Le tableau s’est quelque peu noirci en 2021 pour certaines valeurs technologiques. La fin des aides de soutien à l’économie en période de confinement, la fièvre inflationniste, les annonces de relèvement des taux d’intérêt aux États-Unis et des niveaux de valorisation élevés forment autant de vents contraires pour ces valeurs. Les équipes d’Oddo BHF indiquent qu’un «ralentissement de l’économie aurait un impact sur les entreprises cycliques, par exemple sur la plupart des sociétés de semi-conducteurs». Certaines branches du secteur se trouveraient d’ailleurs déjà en fin de cycle, comme celles produisant des composants pour ordinateurs et smartphones.
Avec un essoufflement de certaines valeurs technologiques en 2021, les investisseurs pourraient maintenant se tourner vers les méta-investissements. Composant l’univers d’opportunités d’investissement découlant du metaverse, ces nouvelles sources de revenus regroupent des secteurs tels que l’e-commerce, l’enseignement à distance ou le télétravail. Plus qu’un phénomène en vogue, les analystes de Pictet Asset Management déclarent que cet environnement virtuel partagé «viendra remplacer l’internet 3.0 dans les 5 à 10 prochaines années».
Un univers d’investissement diversifié
En plus d’une accélération de la tendance numérique causée par la pandémie de Covid, qui a poussé le taux d’utilisation global d’internet à 65% en mars 2021, les entreprises actives dans l’ère du metaverse pourraient bénéficier des effets de la génération Z. «Cette ‘génération hashtag’ représente 32% de la population, soit plus de 2,5 milliards d’individus», relève Sylvie Sejournet, gérante d’investissement senior au sein de l’équipe spécialisée dans les actions thématiques chez Pictet Asset Management. Pour elle, la génération des millennials représente un potentiel: «C’est un accélérateur très important dans les modèles commerciaux numériques. C’est une génération qui est complètement interactive, y compris dans le metaverse, la blockchain et tout ce qui touche au monde virtuel.»
Cette ‘génération hashtag’ représente 32% de la population, soit plus de 2,5 milliards d’individus. C’est un accélérateur très important dans les modèles commerciaux numériques. C’est une génération qui est complètement interactive, y compris dans le metaverse, la blockchain et tout ce qui touche au monde virtuel.
Sans surprise, Pictet Asset Management a donc inclus le metaverse dans ses «key megatrend themes for 2022». Le gestionnaire d’actifs y explique que le secteur était encore récemment freiné par des accessoires électroniques encombrants, un manque de connectivité convenable et une absence de contenus pertinents. Toutefois, la donne pourrait bien être en train de changer avec l’arrivée du haut débit mobile offert par la 5G et les progrès du côté des smartphones. Le public s’est en même temps ouvert aux interactions en ligne, observe Pictet Asset Management. L’attrait pour le metaverse semble se confirmer pour l’avenir. Comme le prévoit une étude de Gartner, 25% de la population passera au moins une heure par jour dans le metaverse d’ici 2026, que ce soit pour y travailler, faire des achats, s’instruire, utiliser des réseaux sociaux ou se divertir.
Le metaverse nécessitant la combinaison de plusieurs technologies, ses opportunités touchent aussi bien la réalité augmentée (RA), la réalité virtuelle (RV), les modes de travail flexibles, les écrans, l’internet des objets (IoT), la 5G et l’intelligence artificielle que les technologies spatiales. L’univers d’investissement proposé par le metaverse pourrait atteindre les 800 milliards de dollars en 2024 contre 500 milliards en 2020, selon une analyse menée par Bloomberg Intelligence. Ce chiffre se partageant entre le marché primaire, composé des fabricants de jeux en ligne et du matériel de jeu, et du marché secondaire, l’industrie du divertissement en ligne et celle des réseaux sociaux, pourrait ainsi dépasser 2,7 fois celui des logiciels de jeux et des services et revenus publicitaires.
Les opportunités du marché primaire pourraient atteindre 412,9 milliards de dollars en 2024 contre 275,9 milliards en 2020. Le marché secondaire ne serait pas laissé pour compte non plus. Les revenus du divertissement en direct, ce qui inclut les films, la musique et les sports, pourraient quant à eux passer la barre des 200 milliards de dollars en 2024. Une aubaine pour les entreprises de ce secteur qui se remettent à peine des pertes essuyées au cours de la pandémie de Covid.
La réalité augmentée et la réalité virtuelle
Pour sa part, Pictet Asset Management anticipe des opportunités pour le marché de la réalité augmentée (RA) et de la réalité virtuelle (RV). Les dépenses liées aux casques de réalité virtuelle ont atteint les 12 milliards de dollars en 2020, soit une augmentation de près de 25% en 2020. Le gestionnaire d’actifs indique que les estimations de ce secteur devraient témoigner d’un taux de croissance annuel de 40-50% entre 2020 et 2025. «Le gros thème qui se joue dans le metaverse aujourd’hui est celui de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle», confirme Sylvie Sejournet.
Le gros thème qui se joue dans le metaverse aujourd’hui est celui de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle.
Des secteurs ont déjà emboîté le pas aux développements de la RA et de la RV. C’est notamment le cas de l’e-commerce et de la distribution qui consacrent déjà plus d’un milliard de dollars chaque année à ces technologies. Leur objectif est de rendre plus réels et d’améliorer l’interactivité des produits affichés sur un écran. Des exemples tels que des cabines d’essayage virtuelles, des essais de voiture virtuels ou des visites d’hébergements touristiques commencent à voir le jour.
Malgré le nouvel univers d’investissement rendu possible par le metaverse, l’amélioration de l’infrastructure numérique en reste la pierre d’achoppement. Les utilisateurs doivent en effet pouvoir compter sur une bande passante suffisamment large, des temps de latence faibles, une grande fiabilité et une interopérabilité entre les différentes plateformes. La forte demande en la matière devrait permettre aux infrastructures de réseau de connaître une innovation et donc de nouveaux investissements.