800 milliards d’euros devront être investis d’ici 2050 pour que l’Europe puisse tirer profit de sa «centrale électrique», la mer du Nord. (Photo: Shutterstock)

800 milliards d’euros devront être investis d’ici 2050 pour que l’Europe puisse tirer profit de sa «centrale électrique», la mer du Nord. (Photo: Shutterstock)

Pourquoi le Premier ministre, Xavier Bettel, et son ministre de l’Énergie, Claude Turmes, ont-ils tellement envie de communiquer sur le sommet de la mer du Nord à Ostende? Parce que l’enjeu européen à 800 milliards d’euros cache un enjeu pour l’industrie luxembourgeoise et une première pour le Luxembourg.

Pourquoi le Premier ministre, (DP), et son ministre de l’Énergie, (déi Gréng) se sont-ils lancés dans une débauche… d’énergie pour vanter les charmes du sommet de la mer du Nord, qui se tient ce lundi soir à Ostende?

Pour deux raisons, en réalité. Qui dit énergies renouvelables et ambitions luxembourgeoises dit non pas deux, mais trois manières d’y parvenir: soit avoir assez de capacités de production pour répondre aux ambitions, soit il faudra les acheter… soit il faudrait pouvoir les cofinancer, dans la mer du Nord, pour en profiter.

C’est justement l’idée d’un auquel le Luxembourg est le premier État membre de l’Union européenne à contribuer, à hauteur de 40 millions d’euros. Un appel d’offres a été lancé la semaine dernière qui permet à des opérateurs finlandais d’obtenir un soutien financier pour développer un parc éolien en mer dont l’électricité reviendra au moins en partie au Luxembourg. La première enveloppe n’est qu’un début, note l’entourage du ministre de l’Énergie.

Une solution pour ArcelorMittal

Pour le ministre, l’énergie renouvelable produite au Luxembourg est consommée à 18% par les particuliers et à 35% par la seule ArcelorMittal. «La surface disponible au Luxembourg pour ces projets est assez réduite», explique-t-il depuis Ostende par téléphone, «et nous serons capables de produire assez d’électricité pour répondre à la demande des particuliers, mais ce sera plus compliqué pour les industriels».

«La mer du Nord», dit encore Claude Turmes, «est un joker de l’Union européenne. Et il serait intéressant que des industriels luxembourgeois puissent financer directement des infrastructures en mer!»

Jusqu’à 800 milliards d’euros d’investissement

À Ostende, les Européens présents veulent réaffirmer leur ambition de produire 300 gigawatts en 2050 (contre 30 aujourd’hui), ce qui devrait nécessiter jusqu’à 800 milliards d’euros d’investissements.

Le deuxième sommet de la mer du Nord réunit, sous l’égide du Premier ministre belge, Alexander De Croo, les chefs d’État et de gouvernement et les ministres de l’Énergie de Belgique, du Danemark, d’Allemagne, des Pays-Bas, du Luxembourg, de France, d’Irlande, de Norvège et du Royaume-Uni. Ils doivent signer deux textes, une «Déclaration d’Ostende sur la mer du Nord comme une centrale électrique d’Europe» et la même version des ministres de l’Énergie, dans les deux cas avec l’ambition d’accroître la production d’énergie offshore. Plus de 100 entreprises sont aussi représentées au sommet.


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