Entre 2019 et 2020, les faillites ont diminué de 3,6% au Luxembourg. Mais elles ont rebondi de 8% au premier semestre de cette année. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Entre 2019 et 2020, les faillites ont diminué de 3,6% au Luxembourg. Mais elles ont rebondi de 8% au premier semestre de cette année. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Chaque mercredi de ce mois d’août, la Fondation Idea propose une réflexion un peu provocatrice sur un thème lié à l’économie au sens large. Pour ce troisième exercice, Narimène Dahmani se penche sur la vague de faillites redoutée depuis l’éclatement de la pandémie de Covid-19, au printemps 2020.

Quand adviendra la vague de faillites? Cette question plane depuis le début de la crise, avec tout son lot d’incertitudes.

Factuellement, cette potentielle vague de faillites n’a pas (encore?) pointé le bout de son nez. Entre 2019 et 2020, les faillites ont diminué de 3,6%. Depuis le début de l’année 2021, elles repartent à la hausse. Elles sont 8% plus nombreuses sur le premier semestre que celles enregistrées en moyenne au cours des premiers semestres des deux années précédant la crise sanitaire. Cependant, cette progression mérite d’être mise en perspective, avec l’augmentation beaucoup plus marquée observée lors de la précédente récession, à la suite de laquelle elles avaient augmenté de 21% en 2009, puis de 33% en 2010.


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Peut-être que le pire est à venir et que, , la vague déferlera au second semestre; à moins que la question pertinente ne soit plus «Quand la vague de faillites adviendra-t-elle?», mais bien «Et si la vague de faillites n’arrivait pas?».

Cette nouvelle interrogation n’est pas aussi saugrenue qu’elle l’aurait été au début de la pandémie, et il n’y a, pour le moment, pas de raisons d’anticiper une explosion des faillites. À moins que les aides accordées à certains secteurs d’activité (comme l’horeca, par exemple) ne soient subitement stoppées, ce qui poserait de réels problèmes de trésorerie et/ou de liquidités pour des entreprises qui étaient viables et ne connaissaient pas de difficultés majeures avant la crise.

Du bon dosage et de la progressivité de l’arrêt des aides

Les fermetures successives, ainsi que les restrictions d’accès, ont en effet fragilisé les acteurs de manière inégale, et le regain d’activité constaté ces derniers mois pourrait ne pas avoir été suffisant pour rétablir pleinement toutes les «trésoreries». La clé de leur survie résidera donc dans le bon dosage des aides, mais surtout dans la progressivité de l’arrêt de ces dernières.

De l’autre côté du spectre se trouvent aussi des entreprises qui connaissaient déjà des difficultés financières avant la pandémie, et qui, sans les dispositifs d’aides exceptionnelles leur ayant permis de garder la tête hors de l’eau pendant plusieurs mois, auraient probablement déposé le bilan. Il faut bien garder à l’esprit que les faillites contribuent à un processus d’assainissement de l’économie, ou, comme l’aurait dit Schumpeter, à une sorte de destruction créatrice permettant notamment un renouvellement de l’offre sur le marché. Elles ont également le mérite de «clarifier» des situations parfois complexes vis-à-vis des créanciers.

Face à la diversité des situations, il faudra donc observer les (probables) hausses de faillites des prochains mois avec un certain discernement et garder à l’esprit qu’en adoptant un mix des visions de Schumpeter et de Keynes, la vague tant redoutée ne verra peut-être pas le jour.