«Grâce à Wortimmo, j’ai pu trouver un spot près de mon Alzette.» À côté de la punchline de la campagne, sur une vidéo, Mélusine – la sirène magenta du modèle polygonal «low-poly» – assise sur la table de sa cuisine raconte comment elle a pu trouver l’appartement idéal, dans le Grund, depuis 2015. Pour une première, c’était une première réussie par l’agence Wait pour le site internet immobilier du Wort grâce à LetzAI, l’outil développé par Neon.
Sauf…
Sauf que la représentation de la célèbre sirène sur les images et dans le clip imaginés par l’agence publicitaire copie la sculpture de Serge Ecker, sans que celui-ci n’ait jamais été contacté pour l’utilisation de l’image de son œuvre.
«J’ai toujours milité pour le droit au logement, pour que l’on mette fin à la spéculation immobilière. Si mon œuvre avait été utilisée dans un contexte culturel, encore je veux bien discuter, mais là, non!», explique gentiment Serge Ecker. Prévenu par l’Association des artistes plasticiens de Luxembourg, il tente d’entrer en contact avec les promoteurs de cette campagne innovante.
Les droits moraux, gardiens de l’œuvre
Il s’appuie sur la loi de 2001 sur les droits d’auteurs, loi qui explique que «indépendamment des droits patrimoniaux, et même après la cession desdits droits, l’auteur jouit du droit de revendiquer la paternité de son œuvre et du droit de s’opposer à toute déformation, mutilation ou autre modification de celle-ci ou à toute atteinte à son œuvre, préjudiciables à son honneur ou à sa réputation.»
«Nous avons immédiatement pris des mesures correctrices et j’ai présenté mes excuses à Serge», explique Misch Strotz, qui a lancé LetzAI, début septembre. Cela dit, ajoute l’entrepreneur le plus avancé au Luxembourg sur l’intelligence artificielle dans la création, «LetzAI ne fournit pas de licences commerciales pour les images générées par notre système. Si un utilisateur choisit d’utiliser notre plateforme respectivement les images en tant qu’outil “Pro”, il est en fait libre de le faire, mais il est également responsable du respect des droits d’image qui en résultent. Comme Photoshop, Apple ou Bic, nous ne pourrons pas contrôler tout ce que les utilisateurs font après.»
D’ailleurs, dans le dossier de presse du lancement de cet outil figurait une Mélusine, une jeune femme déguisée en sirène flanquée d’un drapeau luxembourgeois et pas une image qui détourne l’œuvre dont il est question.
Misch Strotz est même très clair: «Nous ne cautionnons en aucun cas l’utilisation incorrecte de notre outil, nous prenons très au sérieux tout ce qui touche aux droits d’image (voir nos terms of service). En effet, c’est un de nos piliers principaux où nous nous différencions par rapport aux autres générateurs d’images: chez nous, on peut activer et désactiver un modèle avec un clic. C’est-à-dire aussi que si nous remarquons que des utilisateurs sont en train d’abuser du système, ou si nous recevons des rapports d’abus ou des infractions, nous pouvons réagir et bloquer le modèle ou même l’utilisateur.»
Tant Adada qui s’était fait, le premier, l’écho de cette campagne inédite, que celui qui l’avait imaginé, ont retiré toute référence à l’œuvre en 3D de Serge Ecker. Née en 2013 et installée deux ans plus tard au 13 rue Plaetis à Luxembourg, la statue peut tranquillement regarder l’Alzette, où elle disparut un jour pour échapper au comte Sigefroi.