Dix ans après la création d’Active Asset Allocation, sa fondatrice et CEO, Adina Grigoriu, n’a pas encore de clients luxembourgeois. Même avec un outil d’analyse de rendement de fonds possédant plus de 20 milliards d’euros sous gestion. (Photo: AAA)

Dix ans après la création d’Active Asset Allocation, sa fondatrice et CEO, Adina Grigoriu, n’a pas encore de clients luxembourgeois. Même avec un outil d’analyse de rendement de fonds possédant plus de 20 milliards d’euros sous gestion. (Photo: AAA)

Vainqueur du premier concours de start-up de la Lhoft organisé par l’Aca, Active Asset Allocation n’a pas encore convaincu de clients luxembourgeois, même en apportant une solution à un problème des assureurs et des banquiers. Le Covid a rendu les contacts plus compliqués, dit sa CEO, Adina Grigoriu.

Elle est aussi fonceuse que diplomate. Elle aimerait être autant au Luxembourg qu’en France. Mais le Covid-19 a bouleversé certaines habitudes. Du bout des lèvres, la CEO d’Active Asset Allocation, Adina Grigoriu, reconnaît qu’elle n’est pas encore parvenue à convaincre un client luxembourgeois, alors même que sa solution est utilisée par la MAIF ou l’Urssaf en France et qu’elle a des clients aux États-Unis, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas.

«La victoire du premier concours de start-up de la Lhoft, organisé par l’Association des compagnies d’assurance et de réassurances du Luxembourg, contre Lingua Custodia, Neterium, B4Finance, Tryolabs ou Stampify, m’a permis d’évoquer ma solution au cours d’un webinar avec les assureurs», se rappelle-t-elle, elle qui est à la tête d’une équipe d’une quinzaine de personnes réparties entre Nice et la Lhoft.

Le triple A étant habituellement réservé à la bonne santé des finances luxembourgeoises, rappelez-nous quel problème vous abordez avec Active Asset Allocation.

Adina Grigoriu. – «Depuis dix ans, nous travaillons sur des algorithmes et de l’intelligence artificielle qui permettent d’obtenir de meilleurs rendements d’investissements à long terme, tout en préservant le capital. Nos algorithmes sont utilisés par des assureurs, pour leur compte propre ou dans l’assurance-vie, ou encore par des institutions comme l’Urssaf, en France, qui va placer les cotisations pour pouvoir financer ses prestations. Aujourd’hui, nous travaillons beaucoup avec des assureurs vie et des établissements bancaires qui connaissent une situation inédite en raison des taux bas. Les assureurs vie, dans le cadre d’un contrat à capital garanti, vous promettent de retrouver votre capital à tout moment, mais pour cela, ils sont obligés d’investir sur des horizons de plus en plus lointains, parfois 30 ans ou plus, pour arriver à trouver un peu de rendement. Il faut donc pouvoir proposer une alternative intéressante à ces fonds garantis et inciter les clients à y aller. En France, pour l’assurance-vie, on parle d’enjeux de l’ordre de 1.700 milliards d’euros.

Du côté des banques, avec des taux à court terme négatifs, certaines commencent à imaginer faire payer leurs clients pour certains produits comme les livrets A, il faut trouver des solutions alternatives. Historiquement, les banquiers pouvaient payer sur ces livrets la différence entre les taux qu’ils obtenaient dans le marché et leur marge, mais avec les taux négatifs au lieu des 6% que l’on pouvait avoir dans les années 1990, soit on fait payer ses clients pour leurs dépôts et on les perd, soit on perd de l’argent…

Du coup, que fait votre technologie? Elle va chercher toutes les informations des fonds d’investissement de la planète pour les proposer au client final? Pour lui permettre de se passer d’obligations qui ne produisent pas assez de rendement à des unités de comptes parfois beaucoup plus alléchantes de fonds d’investissement?

«Alors, oui, on va chercher les informations disponibles sur les comportements des classes d’actifs et projeter des milliers de scénarii prospectifs. À partir de là, nous pouvons fournir des propositions personnalisées de haute qualité, en masse, à des milliers de clients dans l’application mobile de l’institution, sur son portail internet ou au travers des conseillers financiers. Les conseillers travaillent avec l’aide de nos simulateurs sur la meilleure solution à proposer au client en temps réel, en l’adaptant à ses envies. Si vous ne voulez pas investir dans une société qui produit du pétrole, vous pouvez. Nous, les critères ESG, nous les avons adoptés par défaut, il y a dix ans, avec notre premier client, la fondation MAIF! De la même manière, nous avons adopté une stratégie ‘cloud native’ d’emblée, aujourd’hui avec Azure de Microsoft, parce que cela permet à ces clients institutionnels, les assureurs et les banques, de conserver les données de leurs clients dans le pays où ils exercent, ou à l’endroit qu’ils veulent. Le délai de mise en valeur de notre solution peut être extrêmement rapide (<3 mois) car elle ne nécessite pas d’investissement significatif de la part des rares ressources informatiques de nos clients, puisque nos services sont disponibles en API. 

Le Covid-19 a accéléré la digitalisation du secteur financier. Est-ce que cela vous a rapprochée de ce monde grâce à votre solution?

«C’est certain, parce que la demande a augmenté, même s’il n’est pas facile de discuter à distance avec les uns et les autres, les relations interpersonnelles à distance sont très différentes. Et malgré toute cette technologie, ce qui compte, ce sont les gens! Nos clients aiment que nous ayons conservé l’esprit et l’agilité de la start-up, c’est primordial dans ce monde qui bouge de plus en plus vite.»

Cet entretien est issu de la newsletter hebdomadaire Paperjam Trendin’, à laquelle vous pouvez vous abonner .