Patrick Kersten n’a pas de problème, l’entrepreneur a des solutions: après le succès de Doctena, il lance le premier site de recrutement de niche, focalisé sur le personnel pour les secteurs du soin, de la santé et du social. (Photo: Archives Maison Moderne)

Patrick Kersten n’a pas de problème, l’entrepreneur a des solutions: après le succès de Doctena, il lance le premier site de recrutement de niche, focalisé sur le personnel pour les secteurs du soin, de la santé et du social. (Photo: Archives Maison Moderne)

La pandémie a mis en lumière l’extrême tension que subit le marché des personnels dans les domaines de la santé et du social. Le secteur, qui emploie autant de personnes que la finance (50.000), a beaucoup plus de mal à recruter. Avec MediNation, Patrick Kersten «soigne» le mal.

«J’ai discuté avec un médecin généraliste, qui va partir à la retraite et qui était triste de ne pas être sûr que quelqu’un allait continuer à s’occuper de ses patients. La moitié des médecins vont prendre leur retraite d’ici 10 à 15 ans! Et un étudiant sur trois en médecine ne revient pas travailler au Luxembourg après ses longues études.»

 a la fièvre, et ce n’est pas le Covid-19. La passion de l’entrepreneur digital est souvent synonyme de success-story à venir.

«Tu savais qu’il y a 50.000 personnes employées dans les domaines de la santé et du social au Luxembourg? Autant que dans la finance, mais on n’en parle beaucoup moins! Il n’y a même aucune autre possibilité d’avoir une meilleure chance de tomber sur une offre d’emploi que de lire le Wort du samedi, en vertu d’une règle qui prévoit la publication de ces annonces dans un quotidien.»

Évidemment, dans le monde digital dans lequel il évolue, le fondateur de Doctena, dont il n’est plus le CEO depuis la fin de l’année dernière, ne peut pas s’en satisfaire. «En France ou en Allemagne, il existe une multitude de plateformes de recrutement, souvent régionales. En Belgique, il y en a quatre; en Suisse, cinq».

Le serial entrepreneur – et son équipe complètement en mode «remote» – lance donc MediNation, qui centralisera les offres d’une première série de partenaires, comme Hëllef Doheem, Servior, Arcus, le Centre hospitalier du Nord, les Laboratoires Réunis, Verbandskëscht, ZithaSenior, Elisabeth, Fondation Maison de la porte ouverte, le Centre hospitalier neuro-psychiatrique, Sodexo Senior, Coviva ou Bionext Lab. Au total, une cinquantaine d’acteurs pourraient être intéressés à publier leurs offres et trouver plus rapidement le personnel dont ils ont besoin. Autant d’acteurs qui seront confrontés, surtout dans le domaine des soins à la personne, à une vague de départs à la retraite sans précédent dans les cinq à six années à venir.

«Même les gens qui sont à l’étranger et qui ne connaissent pas forcément l’écosystème luxembourgeois pourront y avoir accès plus facilement», explique-t-il, même s’il reste encore la barrière de la langue dans le processus de recrutement. «J’ai rencontré une ophtalmologue chinoise qui habite à Londres. Elle n’aura pas son agrément faute de parler le luxembourgeois, alors qu’avec 3.000 Chinois à Luxembourg et la communauté internationale, elle pourrait avoir une belle patientèle qui souffre d’un manque de spécialistes.»

comportait 161 offres d’emploi, qui seront probablement très regardées de l’autre côté de la frontière, côté français. Les élus lorrains sont nombreux à se plaindre que le Luxembourg pille le personnel formé en France. Le ministre des Finances, (DP), ou le nouveau maire de Metz, François Grosdidier (Les Républicains) ont appelé à une nouvelle organisation de la formation pour répondre aux besoins des deux côtés de la frontière.