La plateforme «Me, Family» est en ligne à partir du 28 octobre. (Photo: Extrait de la plateforme Me, Family)

La plateforme «Me, Family» est en ligne à partir du 28 octobre. (Photo: Extrait de la plateforme Me, Family)

La pandémie n’aura pas raison de la volonté et de l’énergie du Mudam. La preuve en est avec la mise en ligne du volet digital de «Me, Family. Portrait of a Young Planet», une exposition qui existe aussi bien sur les cimaises du musée que sur les écrans.

Le projet «Me, Family. Portrait of a Young Planet» est l’un des projets phares de la programmation 2020 du Mudam. L’exposition conçue par Francesco Bonami, Emanuela Mazzonis di Pralafera et Luigi Alberto Cippini, commissaires invités qui ont travaillé en collaboration avec l’équipe du Mudam, prend comme point de départ le projet «Family of Man» d’Edward Steichen qui est exposé de manière permanente au château de Clervaux. «Me, Family. Portrait of a Young Planet» vise à poursuivre les réflexions initiées par Steichen en 1955, et interroge les liens que les visiteurs peuvent entretenir avec les œuvres d’art, les différentes conditions humaines, les questions liées à l’identité, tout comme l’impact qu’ont les technologies sur nos vies quotidiennes. Mais l’ensemble de l’approche curatoriale de cette ambitieuse exposition a dû être revue suite à la pandémie de Covid-19. «La pandémie nous a forcés à repenser le projet dans sa globalité», explique , directrice du Mudam. «Pour ne pas perdre toutes les idées initiées à cette occasion, nous avons choisi de traduire une partie de ce projet sur une plateforme digitale.»

Aussi, en plus de l’exposition «Portrait of a Young Planet» présentée dans les salles du rez-de-chaussée du musée et qui rassemble une sélection d’œuvres de la collection, a été développée avec l’aide de Base Design Brussels. «C’est une totale nouvelle expérience de commissariat d’exposition», avoue Francesco Bonami, curator reconnu pour son travail au niveau international. «Cette plateforme n’est pas une exposition de substitution, car rien ne remplace le contact réel avec les œuvres, mais peut représenter une nouvelle manière de présenter ponctuellement certaines œuvres. Edward Steichen avait réfléchi à une nouvelle manière de présenter la photographie avec Family of Man. Nous avons tenté à notre tour de poursuivre cette réflexion», développe le commissaire.

Une nouvelle façon de découvrir l’art

Ne cherchant en aucun cas à singer une salle d’exposition comme on peut parfois le voir dans des projets numériques de musées, cette plateforme présente 24 œuvres de manière tout à fait appropriée à un visionnage et une découverte artistique sur écran. Y sont ainsi présentées des œuvres de Doug Aitken, Clément Cogitore, Harun Farocki, Mario Pfeifer, Wong Ping ou encore Cindy Sherman…

Chaque visiteur entre sur la plateforme sous forme d’un avatar personnalisable, avec ou sans filtre pour sa vidéo de profil, et navigue sur le mur où les œuvres sont présentées sous forme de vignettes. Pour ceux à qui cette navigation dynamique ne conviendrait pas, une navigation sous forme de liste est également possible. Au total, 24 œuvres ont été sélectionnées et dressent un portrait multifacette de l’humanité en ce début de 21e siècle et abordent des sujets tels que l’innovation numérique, le plaisir, le divertissement, mais aussi des sujets plus sombres comme l’aliénation, les inégalités sociales ou les crises identitaires. «Toutes ces œuvres entrent en résonance avec notre actualité, nous renvoient à nos questionnements quotidiens que sont la crise climatique, les inégalités sociales ou la circulation de l’information», explique Suzanne Cotter.

En cliquant sur une œuvre, celle-ci se dévoile, y compris en mode plein écran pour une immersion optimale. «Les visiteurs peuvent également laisser un commentaire à côté de l’œuvre, comme un graffiti», explique Sarah Beaumont, co-commissaire sur ce projet pour le Mudam.

«Il s’agit d’un projet pilote, qui ne trouve pas d’équivalent dans d’autres musées», détaille Thierry Brunfaut de Base Design, qui a réalisé une vaste étude avant de se lancer dans ce projet techniquement difficile à mettre en place. «Cela pourrait ouvrir la voie à une nouvelle réflexion autour de l’exposition, qui, sans jamais remplacer la confrontation réelle et physique avec les œuvres, pourrait devenir une approche supplémentaire pour découvrir la création artistique», renchérit Francesco Bonami.

Des événements et une publication

À cette présentation d’œuvres, s’ajoute un volet événementiel, disponible à la fois sur la plateforme et sur le compte Instagram du Mudam, qui consiste en des rencontres publiques avec des artistes, des chercheurs, les commissaires, autour de thématiques liées à l’exposition ou de sujets d’actualité, faisant de cette plateforme un espace propice au débat.

Une publication vient également compléter la réflexion. Elle rassemble des essais inédits d’Omar Kholeif, Natalia Kucirkova, Emanuela Mazzonis, Anke Reitz et Ali Smith, ainsi que des textes de Roland Barthes, Carl Sandburg et Edward Steichen.

Et comme toutes les bonnes choses ont une fin, la plateforme ne sera pas active ad vitam aeternam et sera mise offline le 21 mars. «Le choix de mettre une date de fin à ce projet, même s’il s’agit d’un projet numérique et qu’en soi il pourrait rester en ligne sans limites, participe aussi à une réflexion écologique. Nous avons préféré donner une date de fin pour éviter que ‘Me, Family’ ne devienne à terme un déchet numérique. Aussi, nous réfléchissons en parallèle à comment archiver ce projet», conclut Suzanne Cotter.

, jusqu’au 21 mars

, au Mudam, jusqu’au 21 mars

Catalogue «Me, Family. Portrait of a Young Planet», Édition Mudam Luxembourg – Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean, DCV. Édition bilingue anglais/français. Disponible au Mudam Store et sur , 35€