Depuis plusieurs années, le Luxembourg se positionne comme un leader mondial dans le domaine de la finance durable, cela notamment grâce à un écosystème favorable et à des initiatives ambitieuses. Le pays a mis en place des structures de soutien et des régulations propices à l’innovation financière, comme la Luxembourg Sustainable Finance Initiative ou encore l’Impact Investing Advisory Board, attirant de nombreux gestionnaires de fonds et investisseurs internationaux.
«La finance durable a fortement évolué ces dernières années. De plus en plus d’acteurs reconnaissent son double potentiel: générer des rendements financiers tout en contribuant à un avenir durable et équitable», commente Stephan Peters, CEO d’Accelerating Impact. Cette initiative indépendante à but non lucratif, émanant d’un partenariat public-privé, a pour mission de soutenir les leaders de la finance d’impact de demain et de mobiliser des capitaux en faveur des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies.
Créer de la valeur sociale et environnementale
La notion de finance durable est large et recouvre de nombreuses réalités. Elle fait généralement référence au processus de prise en compte de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) lors des décisions d’investissement ou de financement. Ces dernières, dès lors, ne reposent plus seulement sur le rendement financier possible et les critères habituels de gestion des risques, mais intègrent aussi les enjeux de durabilité.
«Au sein de l’écosystème de la finance durable, la finance d’impact occupe une place essentielle. Elle se concentre sur des investissements générant des bénéfices sociaux et environnementaux mesurables», poursuit le CEO. Il ne s’agit pas uniquement d’intégrer les critères ESG dans les décisions d’investissement, mais bien de soutenir les performances environnementales, sociales ou de bonne gouvernance. «De cette manière, la finance d’impact favorise la transition vers une économie plus résiliente et inclusive. Elle participe activement à la construction d’une prospérité partagée et d’un avenir viable pour les générations futures», complète Stephan Peters.
Des défis à relever, des freins à dépasser
Si l’intégration des critères ESG s’est fortement généralisée ces dernières années, plusieurs défis majeurs persistent et freinent encore le développement de la finance durable et, plus particulièrement, de la finance d'impact. «Tout d’abord, on constate que le manque de standards et de réglementations uniformes peut conduire à des pratiques incohérentes et inconsistantes, augmentant le risque de greenwashing et portant atteinte à la crédibilité, où des projets sont faussement présentés comme durables ou à fort impact, commente Stephan Peters. À cela s’ajoutent des lacunes en termes de données et de méthodologies pour mesurer et comparer efficacement l'impact des investissements.»
En outre, des efforts doivent être encore consentis pour convaincre les investisseurs de l’opportunité d’une démarche d’impact. «La sensibilisation et l'éducation restent limitées, ce qui réduit la demande pour des produits financiers durables, assure le CEO. Les questions de rentabilité à court terme peuvent souvent entrer en conflit avec les objectifs à long terme de durabilité, obligeant les acteurs du marché à trouver un équilibre délicat entre performance financière et impact positif.»
Accompagner les gestionnaires de fonds d’impact
Accelerating Impact, initiative lancée en 2018, est une des réponses mises en œuvre pour dépasser ces freins et relever les défis liés au développement de la finance d’impact. Sous la forme d’un partenariat public-privé entre l'État luxembourgeois et une douzaine d’entités privées du secteur financier, elle offre un soutien ciblé aux futurs leaders de la finance d'impact. «À travers ses deux programmes phares, l'International Climate Finance Accelerator (ICFA) et l'International Social Finance Accelerator (ISFA), nous mettons à disposition des ressources et une expertise précieuse pour accompagner les gestionnaires de fonds émergents dans les secteurs climatiques et sociaux», poursuit le CEO.
L’ICFA accompagne les gestionnaires de fonds d’impact émergents qui investissent dans des projets de mitigation ou adaptation climatique. En leur apportant des ressources financières et une expertise ciblée, le programme les aide à structurer et lancer leurs fonds tout en optimisant leur impact environnemental. L’ISFA, pour sa part, fonctionne de manière similaire à l'ICFA en soutenant les gestionnaires de fonds qui investissent dans des initiatives visant à réduire les inégalités sociales, promouvoir l'inclusion financière, ou améliorer les conditions de vie des communautés défavorisées.
Luxembourg, centre d’innovation financière
Les deux programmes fonctionnent en parallèle en combinant leurs ressources et expertises. «Ils permettent de fournir un accompagnement essentiel aux gestionnaires de fonds d’impact dans les premières étapes de lancement de leurs véhicules d’investissement, lesquels se heurtent souvent à des obstacles financiers et techniques à l’entrée, précise Stephan Peters. Au-delà, l’approche contribue à renforcer la position du Luxembourg en tant que centre d'innovation financière, mais aussi de maximiser l'impact social et environnemental des investissements soutenus.»
Contribuer au développement des connaissances
Pour renforcer ses programmes, Accelerating Impact contribue activement au développement des connaissances et au partage de son expertise au sein de l’écosystème plus large de la finance d’impact. Par exemple, en collaboration avec la Luxembourg Finance Labelling Agency (LuxFLAG), Accelerating Impact a publié son approche de classification des investissements à impact social dans un document de recherche intitulé «».
L’initiative collabore également avec des institutions telles que la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Spuerkeess, renforçant ainsi la position du Luxembourg dans la réponse aux défis climatiques et sociaux mondiaux.