La fascination que suscite ChatGPT s’accompagne de craintes vis-à-vis de l’emploi. Quel regard portez-vous sur ces enjeux?
Maxime Allard. – «L’engouement lié à ChatGPT s’explique par le fait que la technologie, d’un coup, a été rendue très accessible à tout le monde. Le public a pu interagir avec une interface dans une langue qui lui était très familière. Je ne partage toutefois pas ce sentiment de panique suscité à l’égard des emplois. Quand on regarde comment elle agit, on comprend que beaucoup d’éléments ne sont pas encore au point. La connaissance de ChatGPT est construite sur des milliards de documents, qui sont fondés ou non sur le monde réel, sans que la technologie ait forcément interagi avec celui-ci. Aussi, ChatGPT est conçue pour créer du texte, des phrases vraisemblables. L’IA ne comprend pas les implications que cela peut avoir dans le monde physique. La technologie ne sait pas comment conduire une voiture ou faire la vaisselle.
On ne peut cependant ignorer le potentiel de ces technologies à automatiser de nombreux processus…
«Aujourd’hui, il appartient aux organisations de réfléchir à la manière d’exploiter le potentiel de ces solutions et de planifier les transformations à mener. C’est un outil. J’aime faire une analogie avec la calculatrice. On peut l’utiliser pour résoudre plus facilement des opérations complexes, pour peu que l’on soit en mesure, au départ, de lui donner les bonnes instructions.
Comment cela se traduit-il?
«Prenons l’exemple d’un avocat qui a recours à une intelligence artificielle pour produire des textes juridiques. In fine, c’est lui qui engage sa responsabilité. C’est à lui de vérifier que ce qui a été produit au départ de l’intelligence artificielle est correct. Au niveau de nos jobs, on devrait assister à une transformation, avec plus de temps consacré à la vérification, au contrôle, à l’adaptation, plutôt qu’à des tâches opérationnelles que l’intelligence artificielle réalise plus efficacement.
L’IA, associée à l’automatisation, va progressivement faciliter la réalisation de tâches répétitives.
À quelle vitesse ce shift va-t-il s’opérer?
«Au niveau de l’évolution technologique, tout va très vite. Au niveau des métiers, cela dépendra de la capacité des acteurs à intégrer ces outils. L’intelligence artificielle, associée à l’automatisation, va progressivement faciliter la réalisation de tâches répétitives, permettre de classer et de retrouver des documents plus rapidement ou encore de répondre plus efficacement à des questions récurrentes. Les employés, eux, pourront se concentrer sur des éléments nécessitant plus de capacités intellectuelles: la recherche d’idées, l’innovation, le développement de concepts. Ces technologies ouvrent de nouvelles perspectives. Grâce à elles, il est possible de relever de nouveaux défis.
Comment doivent évoluer les compétences?
«L’enjeu, pour chacun, sera de parvenir à appréhender le potentiel de ces technologies, de pouvoir les mettre en œuvre à l’échelle d’une organisation ou d’un processus pour, in fine, obtenir le meilleur résultat en gardant la maîtrise sur l’ensemble des éléments. De nombreux aspects doivent être pris en considération. Beaucoup de progrès doivent encore être réalisés sur l’intelligence artificielle lorsqu’elle est amenée à interagir avec le monde physique, au niveau d’une chaîne de production ou dans le cas de la conduite autonome, par exemple.»
Cette interview a été rédigée pour l’édition magazine de , disponible en kiosque dès ce 12 juillet. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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