Entre «surprise» et sentiment de reconnaissance, son cœur balance. «Je me suis penché sur les critères de sélection du jury pour mieux comprendre», sourit Maxim Straus, 45e en 2022, à l’évocation de sa présence haut perchée dans le classement de Paperjam cette année. Une réaction sur la retenue, bien à son image.
Verbe facile, sens du contact à l’avenant, le CFO (nommé dès 2016) de Cargolux, 43 ans, s’excuserait presque d’attirer la lumière sur lui. «Rien de feint», assure un proche collaborateur croisé dans les étages du QG de l’entreprise, à Sandweiler. «Ce qui le caractérise, c’est l’humilité, poursuit, entre deux portes, notre témoin. Dans ma carrière, j’ai rarement rencontré un dirigeant avec autant de valeurs. Mais il ne lui viendrait jamais à l’idée de mettre cela en avant.»
«Responsabilisé»
L’histoire de Maxim Straus s’écrit depuis toujours au côté de Cargolux. Il y a posé pour la première fois ses enthousiasmes dans le cadre d’un stage de fin d’études de son diplôme postgrade en management international, en 2005. «J’aimais les finances, mais sans intention de rallier une banque. Je voulais combiner la finance avec du concret, des assets physiques», rembobine cet «ex» de HEC Lausanne. «J’étais curieux, je revenais d’un échange à Boston, je souhaitais de l’international. J’ai commencé par regarder dans l’industrie. Cargolux a retenu ma candidature. Très tôt, on m’a responsabilisé. Dès mes premiers pas, j’ai été associé à de gros projets. J’ai beaucoup appris, rapidement.»
Passionné
Maxim Straus ne peut s’empêcher de se dévisser le cou quand, au-dessus de la tête, glisse tout là-haut un avion percutant les nuages, et qu’il en perçoit le ronron vrombissant. «Je n’étais pourtant pas un passionné d’aviation, c’est venu au fil du temps», consent-il. «Ce qui me passionne dans mon métier, c’est que cela change tous les jours», développe ce mari et père de trois enfants qui se qualifie lui-même d’«ambitieux et efficace», manière d’affirmer une détermination et son goût pour la multitude de casquettes qu’implique son job de CFO.
Le voici tour à tour grand argentier, stratège, inspirateur, vigie… Multipliant les jetons de présence, ici dans le secret du conseil d’administration de la Chambre de commerce, qu’a présidée Luc Frieden («Il m’a beaucoup enseigné»), là au sein du Luxembourg Centre for Logistics and Supply Chain Management, de l’Université du Luxembourg, dont il est membre de l’advisory board. Sans oublier son rond de serviette à la table des compagnies XXL de ce monde, dans le cadre de l’International Air Transport Association (IATA). «L’influence que l’on a aide à provoquer des décisions politiques et économiques allant dans le sens de ce qui est bon pour la société», résume-t-il. Le terme société étant, ici, à entendre au sens large…
Fierté
Retour au business. Cargolux, à présent, ce sont près de 4.000 collaborateurs et plus de 3 milliards de chiffre d’affaires généré, «avec une profitabilité confirmée depuis plus de dix ans». La compagnie transporte à l’année plus de 1 million de tonnes de marchandises vendues, via 85 bureaux dans une cinquantaine de pays autour du globe. Peu après son arrivée, en 2005, l’entreprise avait célébré la mise en service de son quinzième avion. Aujourd’hui, ce sont 30 appareils 747 – dont quatre via une filiale établie en Italie – qui effectuent le ballet aérien journalier.
«Je suis fier de ce que Cargolux est devenu. Auparavant, il s’agissait d’une compagnie cargo luxembourgeoise. Ce n’est plus le cas, nous sommes une multinationale, fière de son ancrage luxembourgeois. Un pilier de l’économie nationale qui exporte le drapeau partout dans le monde et qui garantit que le Luxembourg soit connecté. La perception nous concernant a un peu changé…»
Décarbonation, gestion des crises internationales et compétitivité de l’Europe figurent au rang de ses priorités à l’agenda. «Quand une crise secoue la planète, on en ressent l’impact immédiatement», observe Maxim Straus. Ici, partout, et incontournable.
A global affairs virtuoso: mastering diplomacy, navigating skies, and financing freight.
Au long cours
Jeune… et déjà vieux. Jeune (43 ans), compte tenu de ses fonctions. Vieux chez Cargolux. Déjà bientôt 20 ans de longévité! Arrivé encore étudiant dans la maison en 2005, Maxim Straus a vite franchi les étapes, devenant tour à tour manager aircraft financing en 2010, directeur Corporate finance & Strategy projects en 2013, puis vice-président Corporate development & Strategy alliances en 2014. Il occupe le poste de CFO depuis l’été 2016, lorsqu’il a pris la suite de l’actuel CEO, Richard Forson. À seulement 35 ans…
Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de , parue le 11 décembre. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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