68 mini-entreprises ont dévoilé leurs produits ce week-end aux clients de la Belle Étoile. Un moyen efficace de vérifier si les idées de ces lycéens et graines d’entrepreneurs rencontrent les besoins et surtout l’intérêt des consommateurs.

«Vous avez déjà goûté le premier chewing-gum luxembourgeois?» Leo Gehlen (17 ans) et son associé Julian Millim (18 ans) ont déjà bien compris que pour percer dans le commerce, il faut faire connaître son produit. Le discours marketing est rodé: une pâte à mâcher locale, faite main et sans plastique. Le tout à l’effigie d’un emblème national, la Gëlle Fra qui, visiblement, ne résiste pas au plaisir de faire une bulle avec son chewing-gum.

Comme leurs condisciples représentant 68 mini-entreprises, Leo et Julian étaient de service ces vendredi 4 et samedi 5 mars au centre commercial Belle Étoile pour l’opération «vente en commun» des mini-entreprises coordonnée pour la 21e année par Jonk Entrepreneuren Luxembourg.

Pour Leo et Julian, le chewing-gum s’est imposé autour de questions de base que se posent ceux qui veulent devenir entrepreneurs. «Nous avons cherché une idée autour d’un produit que beaucoup de gens utilisent, mais qui n’est pas fabriqué ici», indiquent ces deux lycéens de troisième au Lycée Aline Mayrisch.

À la conquête du marché

Au stand de Lëtz be Fresh, c’est une limonade au doux parfum citronné, sans trop de sucre, qui est en vitrine. «Nous avions d’abord eu l’idée de créer des vêtements, mais après en avoir discuté avec notre professeur, nous nous sommes rendu compte que l’idée serait difficile à réaliser», indique l’équipe composée de cinq garçons en troisième à l’Atert Lycée de Redange. L’entourage scolaire a permis de «challenger» l’idée initiale et s’avère être d’un précieux soutien pour la commercialisation de la limonade. «Notre professeur de chimie nous aide à injecter le CO2 et comme il fabrique aussi sa bière, il nous a aidés à acquérir des bouteilles. Le lycée nous a aussi prêté 150 euros pour démarrer. Nous fabriquons aussi l’étiquette et le t-shirt dans les ateliers», se réjouissent les garçons (Alessio Abbruscato, Michel Klos, Tiago Menezes Castro, Rafael Mesquita et Tim Hoscheid). Deux euros la bouteille ou sept euros par lot de quatre, le prix de la limonade varie en fonction, notamment, du prix des citrons, une réalité du marché que les jeunes découvrent.

Son marché, Benoit Legentil (20 ans) l’a déjà testé depuis quelques mois en écoulant ses lampes en bois provenant tantôt de pommiers du jardin familial, tantôt de France ou de Belgique «pour avoir une qualité semblable». Pour ce menuisier amateur qui pratique depuis une dizaine d’années, sa mini-entreprise Lampit Design est la suite logique de la réflexion quant à la suite de son parcours. «J’ai déjà vendu des lampes sur internet, même jusqu’en Amérique ou en Angleterre», sourit celui qui poursuit un cursus d’ingénieur à l’Atert Lycée de Redange. «L’aspect financier pourrait faire peur, car mon activité nécessite un investissement en matériel. Jusqu’ici, j’ai pu compter sur l’aide de mes parents.»

Des jeunes qui se veulent utiles

Entre la passion de longue date et le projet né à l’occasion des mini-entreprises, deux tendances se dégagent parmi les stands répartis dans les allées du centre commercial: produire autant que possible en local et se sentir utile.

À l’instar d’EcoLu (Marwa Hidan, Zoë Anouk Nastasi et Adam Kaplan) et son activité d’upcycling de sacs de courses réutilisables, qui sont pourtant remisés trop tôt au centre de recyclage. «J’ai constaté au centre de recyclage de Dudelange, où j’habite, que beaucoup de sacs étaient jetés alors qu’ils pouvaient encore être utilisés ou qu’une de leurs parties pouvait servir à confectionner un autre sac», indique Marwa Hidan. Équipé en fournitures scolaires, l’objet était vendu 25 euros ce week-end pour aider les populations ukrainiennes dans le besoin.

Quant à l’équipe de LBP – Learn By Playing de l’École privée Marie-Consolatrice d’Esch, l’idée originelle part d’un constat: comment rendre ludique, voire motivant, l’apprentissage de matières plutôt arides? «Nous voulons aider les élèves qui sont en décrochage scolaire ou qui ont du mal avec la comptabilité. Nous avons imaginé le jeu ‘L’expert-comptable’ qui se calque sur le principe du Monopoly. Nous voulons aussi adapter le jeu pour le fondamental et le décliner en format digital», indiquent Noémie Olinger et Zoé Cardoso, membres de la mini-entreprise fondée par cinq autres étudiants (Beatriz Alves Lopes, Sarah El Amri de oliveira, Deborah Ferreira Almeida).

D’autres ventes avant la finale

Les 550 élèves qui ont formé – sur base volontaire – une mini-entreprise pour l’année scolaire 2021/2022 auront encore la possibilité de se confronter aux clients lors des prochaines ventes organisées dans les Cactus de Mersch (2 avril), Howald (7 mai), Marnach (21 mai), Bascharage (4 juin) et Redange (25 juin). Elles seront aussi présentes du 22 au 30 avril lors du «festival des mini-entreprises» dans les pop-up stores de la capitale.

Une opération qui se solde en juin par une finale durant laquelle la meilleure mini-entreprise est désignée par un jury.

S’il fallait encore persuader les responsables publics de l’envie des jeunes d’entreprendre, les mini-entreprises apportent un éclairage positif et rafraîchissant. De quoi inspirer les futurs programmes électoraux pour maintenir l’entrepreneuriat au sortir du lycée.