Aujourd’hui retraitée, Martine Reicherts est présidente du Fonds national de la recherche et de Mediahuis Luxembourg. Elle siège aussi à la BCL depuis 2018.  (Montage: Maison Moderne)

Aujourd’hui retraitée, Martine Reicherts est présidente du Fonds national de la recherche et de Mediahuis Luxembourg. Elle siège aussi à la BCL depuis 2018.  (Montage: Maison Moderne)

Dans son numéro Women on board, Paperjam met en lumière plus de 100 profils de femmes prêtes à rejoindre un conseil d’administration. Découvrez divers profils de femmes ainsi que leurs points de vue et leurs idées pour un meilleur équilibre des genres dans les instances de décision.

est présidente du Fonds national de la recherche, présidente de Mediahuis Luxembourg et membre du conseil d’administration de la Banque centrale du Luxembourg. Elle était auparavant directrice générale de l’EAC, Éducation, Culture et Sports à la Commission européenne. De juillet à octobre 2014, elle a été commissaire européenne luxembourgeoise en remplacement de Viviane Reding jusqu’à l’entrée en fonction de la nouvelle Commission présidée par M. Juncker. Lors de la présidence de la Commission européenne exercée par M. Santer, elle fut la directrice adjointe de son cabinet (1995-1998), avant d’endosser le rôle de porte-parole de l’exécutif de Bruxelles de 1998 à 1999.

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice indépendante?

Martine Reicherts. – «Un gros investissement est nécessaire au début des fonctions pour se familiariser avec le secteur. Chaque conseil fonctionne avec sa dynamique propre liée au domaine d’activité et à la personnalité des personnes qui composent le conseil.

Comment gérez-vous les éventuelles résistances à votre égard?

«Une résistance initiale est inévitable, il faut la prendre en compte et essayer de faire ses preuves.

Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration? 

«Dans le secteur public certainement, la loi prévoit des seuils, dans le privé, c’est plus difficile.

Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils?

«Aujourd’hui, je suis en faveur des quotas, ma position a évolué avec le temps. Les postes les mieux rémunérés sont essentiellement occupés par des hommes. Les quotas permettraient un meilleur équilibre. Il y a autant de femmes compétentes que d’hommes.

En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?

«Cette question a toujours été importante pour moi tout au long de ma carrière.

Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?

«La diversité amène des façons de faire et des réflexions variées qui permettent d’ouvrir le débat et de trouver des solutions innovantes lorsque cela s’avère nécessaire.

Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?

«Définition claire des conflits d’intérêts, limitation du nombre de mandats et publicité des mandats vacants.

Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?

«Faites-vous confiance!

Pour finir, avez-vous une anecdote ou un moment marquant dans votre parcours qui illustre la réalité d’être une femme dans ce rôle?

«Mon côté provocateur fait que souvent dans les conférences que je donne, je me présente comme étant une femme-quota et j’ajoute que j’en suis fière. Ce n’est évidemment pas une condition suffisante pour réussir!

Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Que lui déconseilleriez-vous?

Osez et voyez grand! – Voilà le conseil. Et ne vous transformez pas en homme!»