Marie Kox a de bons souvenirs de son enfance au sein d’une famille active dans le secteur viticole. Même si elle dit avoir pris un peu de distance, elle a assisté à certaines vendanges et à certains événements au Domaine Sunnen-Hoffmann, qui était alors dirigé par sa mère, Corinne Sunnen, et son oncle vigneron, Yves Sunnen, qui a depuis pris sa retraite.
Marie raconte que ni eux ni son père, Henri Kox, ingénieur et homme politique luxembourgeois, ancien ministre du Logement et de la Sécurité intérieure, ne l’ont poussée à entrer dans l’entreprise familiale. Marie se souvient que c’est un peu plus tard qu’elle s’est dit: «Pourquoi ne pas étudier la viticulture?» Sa sœur aînée, quant à elle, avait décidé d’emprunter une autre voie professionnelle.
Marie a donc décidé d’entamer des études en viticulture, œnologie et commerce du vin à l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne, en Autriche, puis d’obtenir la maîtrise correspondante à l’Institut Agro Montpellier, en France. C’est au cours de ses études, avoue-t-elle, que sa passion pour le vin s’est réellement affirmée, alors qu’elle découvrait les méthodes de production du vin et les différentes façons de travailler au cours de ses stages. «Il y a tellement de choses à découvrir dans le monde du vin», ajoute-t-elle. «Presque partout dans le monde, on peut trouver de la production de vin. Le monde du vin est vaste et il est toujours intéressant de découvrir quelque chose de nouveau.»
Passion pour la viticulture biologique
En mai 2024, Marie a repris le rôle de CEO du Domaine Sunnen-Hoffmann. Au moment de la rédaction du présent article, elle a tout juste 32 ans.
Dans ses nouvelles fonctions, elle s’est concentrée sur certains des défis auxquels l’industrie du vin est actuellement confrontée. Le premier d’entre eux est lié à certaines tendances de consommation sans alcool, les gens ne buvant plus autant de vin. Dans ce contexte, Marie affirme que «vous devez vraiment raconter votre histoire, la philosophie qui sous-tend votre production, pour montrer que cela vaut toujours la peine de boire un bon verre de crémant ou de vin, même s’il n’y en a pas beaucoup en quantité. Il est très important que tout soit basé sur la qualité.»
En outre, il y a l’impact du changement climatique. Comme l’explique Marie, les conditions météorologiques peuvent évoluer rapidement et les précipitations extrêmes, par exemple, peuvent avoir un impact considérable sur la production. «Cela rend le travail avec la nature encore plus problématique, mais c’est pourquoi il est si important de travailler avec la nature», explique-t-elle.
Depuis plus de 20 ans, le Domaine Sunnen-Hoffmann travaille dans le domaine de la viticulture biologique, un héritage que Marie tient à perpétuer. «Il est très important de travailler avec le sol pour qu’il soit sain et plein de vie et qu’il puisse absorber l’eau lorsqu’il pleut», explique-t-elle, ajoutant que l’équipe s’efforce également de «pousser un peu le système immunitaire de la plante» pour qu’elle soit plus résistante aux champignons potentiels.
Investissements pour l’avenir
Au fil des ans, des investissements importants ont été réalisés dans les produits et les installations. En 2002, par exemple, les anciennes cuves ont été remplacées par de nouvelles cuves en acier inoxydable de 300 à 2.000 litres, tandis qu’en 2006, un nouveau système de refroidissement a été installé pour mieux préserver les arômes. En 2013, la salle de dégustation a également fait l’objet d’une rénovation complète.
Marie explique qu’un grand plan d’investissement est également en cours. «Les jeunes viticulteurs reçoivent beaucoup d’aide du gouvernement... nous prévoyons donc d’investir un peu plus dans nos bâtiments et nos machines», explique-t-elle.
Il faut vraiment raconter son histoire, la philosophie derrière sa production, pour montrer que ça vaut toujours la peine de boire un bon verre de crémant ou de vin, même s’il n’y en a pas beaucoup en quantité.
La cave a déjà été quelque peu transformée avant les vendanges de l’année dernière, et les travaux ont récemment commencé pour la construction d’un nouveau toit afin d’atténuer la chaleur estivale qui peut affecter les températures de la cave. Il y a deux bâtiments: l’un était déjà surmonté d’un panneau solaire, l’autre va en recevoir un. De nouveaux plans sont également en cours pour retirer et remplacer certains réservoirs obsolètes.
Privilège et responsabilité
Gérer une entreprise familiale, dit Marie, peut être un défi, parce que ce n’est pas un travail que l’on accomplit de 9h à 17h. Mais elle tire satisfaction de son rôle et de la façon dont elle peut laisser sa propre marque tout en perpétuant l’héritage familial. «C’est très intéressant de m’exprimer dans les produits que nous fabriquons. On peut vraiment montrer sa personnalité dans les produits et raconter l’histoire des différents vins et crémants», dit-elle.
Par exemple, elle a consacré beaucoup d’efforts à la production de pinot noir parce que «je pense que nous avons beaucoup de potentiel ici, au Luxembourg, pour produire aussi de très bons vins rouges».
En outre, elle éprouve un certain sentiment de privilège et de responsabilité dans son rôle. «En travaillant avec la nature, j’ai la possibilité de faire quelque chose de bien pour celle-ci», dit-elle. «J’ai le choix: je peux choisir la voie d’une plus grande responsabilité» en ce qui concerne le changement climatique.
«Nous devons essayer de maintenir les vignobles en bonne santé et en vie le plus longtemps possible, afin qu’il soit encore possible pour la prochaine génération de les prendre en charge.»
Une longue histoire
Fondé en 1872, le Domaine Sunnen-Hoffmann est une exploitation viticole familiale depuis plus de six générations, dont la philosophie est de «produire des vins en harmonie avec la nature, afin qu’ils reflètent toujours les caractéristiques du terroir et du cépage».
Impact écologique
Un pas a été franchi il y a environ 25 ans, lorsque le Domaine Sunnen-Hoffmann est devenu le premier domaine viticole de la Moselle luxembourgeoise à cultiver des vignes de manière biologique selon les critères du «Bio-Lëtzebuerg», d’abord en expérimentant sur une surface de deux parcelles de 0,35ha.
L’entreprise n’utilise ni herbicides ni engrais chimiques, et seuls le compost et les engrais organiques sont autorisés. En cas de maladie des plantes, des produits naturels sont utilisés. L’effeuillage est effectué dans le but d’améliorer la circulation de l’air, ce qui est important pour éviter les conditions humides qui pourraient potentiellement permettre le développement de champignons indésirables.
En 2009, le Domaine Sunnen-Hoffmann a reçu une mention honorable lors de la remise des prix Bio-Agrar-Präis par le ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural.
Agriculture pédagogique
Depuis 2005, l’entreprise est membre de l’APFAPL (Luxembourg Association of Open and Educational Farms – Association luxembourgeoise des fermes ouvertes et pédagogiques), qui permet aux écoles primaires de participer à des activités agricoles pédagogiques.
Ces activités comprennent généralement une visite de trois heures, au cours de laquelle les jeunes peuvent en apprendre davantage sur le travail des viticulteurs, se promener dans les vignobles et jouer à un jeu éducatif. Les enfants peuvent également repartir avec une bouteille de jus de raisin gratuite.
Cet article a été rédigé pour le supplément de l’édition de parue le 29 janvier. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.
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