«De janvier à avril, j’ai peur de la grêle et des tempêtes. D’avril à septembre, je ne dors pas à cause du risque d’inondation. De septembre à décembre, ce sont à nouveau les inondations et les tempêtes. Quant aux tornades, c’est toute l’année», a déclaré le CEO de Foyer, , lors d’une interview réalisée dans leurs locaux à Leudelange.
Le changement climatique modifie le paysage des catastrophes
«Les assureurs et les réassureurs sont confrontés à des événements que nous ne connaissions pas il y a 20-30 ans», a-t-il expliqué, en précisant que le Luxembourg a connu une tornade en 2019, un phénomène rarement observé dans le pays auparavant, et une inondation éclair en 2021. «Il est difficile de nier que les températures augmentent. Cela a un impact sur les tempêtes, les sécheresses et les inondations.»
Un assureur sait gérer les risques, mais il n’est pas spécialiste de la gestion de l’incertitude.
La tornade a indéniablement préoccupé M. Lauer, avec un impact financier de plus de 60 millions d’euros pour l’ensemble des assureurs luxembourgeois en 2019. Depuis lors, il a noté qu’il y a eu une autre tornade dans la région de l’Eifel en Allemagne, non loin du Luxembourg.
Pourtant, il a suggéré que le stade à partir duquel Foyer ne couvrirait pas un risque au Luxembourg en raison du changement climatique n’a pas encore été atteint.
S’adapter à l’inconnu inconnu
«Un assureur sait comment gérer le risque, mais il n’est pas spécialiste de la gestion de l’incertitude», a observé M. Lauer. Compte tenu des récents développements liés au changement climatique, il estime que l’incertitude est très importante et que, par conséquent, la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles telles que les tempêtes, les sécheresses et les inondations ne sont pas encore claires.
Plus aussi inconnu à présent
La récente tornade a pris de court les assureurs nationaux. Selon le CEO, elle n’est plus sous-estimée. Cependant, il est difficile de prévoir de nouveaux risques. Par exemple, Foyer évalue si les futures périodes de sécheresse pourraient entraîner des fissures dans les bâtiments, mettant ainsi en péril leur stabilité.
De manière surprenante pour les nouveaux arrivants, malgré le climat pluvieux du pays, l’assurance contre les inondations n’a pas été proposée au Luxembourg par les assureurs avant il y a moins de 10 ans, selon lui.
En raison de l’augmentation du risque d’inondation, le secteur de l’assurance a convenu avec le ministère des Finances que chaque assureur proposerait la couverture à ses clients en option. Il a noté que plus de 90% de leurs clients sont désormais assurés contre les risques de tempêtes et plus de 70% sont assurés contre les inondations.
Le rôle proactif joué par les assureurs pour sauvegarder leur solvabilité
«Les assureurs nationaux travaillent à mieux comprendre leurs risques», a expliqué M. Lauer. L’analyse est réalisée à travers une géolocalisation qui va jusqu’à examiner le niveau d’un bâtiment spécifique. Les données sont utilisées pour alimenter des modèles développés et fournis par les réassureurs et les courtiers en réassurance afin d’évaluer les probabilités et l’intensité de différents événements.
Vous devez vous préparer dès aujourd’hui aux catastrophes de demain.
«Les assureurs excellent dans la collecte et le traitement des données internes et externes, notamment celles provenant des prévisions météorologiques», a déclaré M. Lauer. De plus, ces modèles sont mis à jour pour prendre en compte les événements récents. Cependant, il a mis en garde en précisant qu’un modèle est une «reproduction imparfaite de la réalité» et que les modèles ne donnent de bons résultats que lorsqu’ils sont alimentés avec suffisamment de données.
Pour un petit pays comme le Luxembourg, la mutualisation des risques est essentielle. Le CEO explique qu’ils utilisent uniquement des produits de réassurance pour transférer le risque hors de leur bilan. En d’autres termes, Foyer, comme de nombreuses autres compagnies d’assurance primaires dans le monde, souscrit des polices d’assurance auprès de sociétés de réassurance pour se protéger contre les risques importants.
L’éducation et la communication pour réduire l’impact des catastrophes
Pour M. Lauer, «il faut se préparer aujourd’hui aux catastrophes de demain». Les assureurs jouent un rôle dans la réduction de l’impact des catastrophes par le biais de l’éducation. Avant une tempête, «il pourrait être judicieux de déplacer votre voiture si elle est garée au niveau moins deux.»
De plus, le rôle de l’État est central car il doit alerter la population suffisamment à l’avance. À cet égard, le secteur de l’assurance communique régulièrement avec l’État sur ce qui est «possible, nécessaire et souhaitable pour minimiser le coût des catastrophes de demain».
Le rôle pratique des régulateurs
Comme le régulateur national et l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles, ou EIOPA, doivent assurer la solvabilité du secteur de l’assurance, «ils doivent réfléchir sérieusement aux scénarios qui pourraient entraîner l’insolvabilité des entreprises», a estimé M. Lauer. Les risques qui préoccupent les régulateurs sont très similaires à ceux des assureurs individuels tels que Foyer.
Il a note que l’EIOPA a fait une liste de recommandations. Étonnamment, le régulateur européen aurait déclaré que le «risque d’inondation est inexistant au Luxembourg». Soyez rassurés; le régulateur national a une perspective différente.
Cet article a été rédigé par en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.
Cet article est issu de la newsletter Delano Finance, le rendez-vous hebdomadaire pour suivre l’actualité financière au Luxembourg, en anglais et en français. . Vous pouvez lire cet article en anglais sur Delano.lu.