Martine Schummer (Schroeder & Associés). (Photo: Martine Schummer)

Martine Schummer (Schroeder & Associés). (Photo: Martine Schummer)

En amont du Breakfast Talk – Pénurie des matériaux: quelles alternatives?, organisé le mardi 17 mai 2022 par le Paperjam + Delano Club, découvrez l’interview de Martine Schummer, ingénieure associée chez Schroeder & Associés.

Les conséquences de la pandémie mondiale de Covid-19 ont créé des problèmes d’approvisionnement, comment voyez-vous l’évolution de cette pénurie des matériaux?

– «Le marché des matériaux de construction est un marché global qui évolue très vite. Personne n’aurait pu imaginer il y a trois ans qu’on aurait aujourd’hui des pénuries de matériaux dans la construction au Luxembourg. Le marché n’est plus prévisible, ce qui rend la planification, pour un bureau d’ingénieurs-conseils, bien évidemment plus compliquée, et nous incite à trouver des alternatives pour nos clients. Indépendamment de l’évolution de ces crises mondiales, je pense qu’il faut chercher des solutions innovantes, résilientes et durables.

Des solutions de remplacement existent, quelles sont selon vous les plus prometteuses?

«Nous pouvons actionner aujourd’hui plusieurs leviers pour faire face à ces fluctuations, à commencer par l’utilisation de nos ressources locales et la création de chaînes de valeur régionales pour produire des matériaux de construction durables (le bois en est un bon exemple). Ensuite, nous avons un stock de matériaux très important dans le bâti existant de nos villes. L’urban mining (réutiliser au lieu de jeter dans une décharge) dans le cadre du développement de l’économie circulaire me semble une piste très prometteuse. Finalement, pensons ‘efficience’ et essayons de n’utiliser que les matériaux vraiment nécessaires!

Quels impacts budgétaires peut-on anticiper avec l’adoption croissante de ces nouveaux matériaux?

«Aujourd’hui, l’utilisation de matériaux de construction durables, locaux ou circulaires a un coût supplémentaire, ce qui s’explique par plusieurs facteurs: marchés de niche, cadre réglementaire pas forcément adapté rendant la planification plus complexe, ou problèmes de responsabilité dans le cadre du réemploi. Pour trouver les bonnes solutions, tous les acteurs devront avancer ensemble (politiques, administrations, planificateurs, entreprises, maîtres d’ouvrage) et je suis persuadée que cette pénurie peut aussi être une opportunité pour accélérer cette transition vers une construction plus durable.»