Marcel Goeres a fondé son groupe hôtelier en 1993. Pour qu’il survive à la crise, il doit être flexible et moderne. (Photo: Paperjam)

Marcel Goeres a fondé son groupe hôtelier en 1993. Pour qu’il survive à la crise, il doit être flexible et moderne. (Photo: Paperjam)

Le Covid-19 fait vivre aux CEO un été pas comme les autres. Chaque semaine, nous les interrogeons sur leur stratégie pour la reprise. Le point aujourd’hui avec Marcel Goeres, propriétaire du groupe hôtelier éponyme. 

Marcel Goeres nous reçoit à l’intérieur de sa Biscuiterie. La porte ouverte offre une vue sur le début du parc de Merl-Belair et laisse entrer le chant des oiseaux dans la grande pièce. Le temps est au beau fixe, contrairement aux activités du secteur, l’un des plus touchés par le Covid-19. Le propriétaire des quatre hôtels, trois restaurants et des appartements du groupe Goeres, qu’il a fondé en 1993, nous livre sa stratégie «reboot».

Le tourisme fait partie des secteurs les plus touchés par la crise. Comment vivez-vous la situation?

Marcel Goeres. – «Pendant la crise, nous nous sommes retrouvés avec un chiffre d’affaires de quasiment zéro. Pour le mois de juin, opérationnel, nous devions avoir dans notre budget 1,4 million de chiffre d’affaires. À la place, nous avons fait 240.000 euros. C’est une situation qui va perdurer au cours de cette année. Par exemple, les sociétés qui continuent le télétravail ne reçoivent plus leurs clients pour signer des contrats. Ce sont des clients en moins. Le business représente quand même 80% de notre activité.

Nous avons un taux d’occupation de 15% pour juillet/août. Normalement, sur l’année, nous avons un taux d’occupation de 75% en moyenne.

Quel sera l’impact sur votre chiffre d’affaires?

«En 2019, nous avions un chiffre d’affaires de 13,6 millions d’euros. 2020, il faut l’oublier. On ne sera même pas à 20% de ce qui était prévu. Notre budget pour 2021 est de 10,2 millions d’euros.

On est donc loin d’un retour à la normale… Comment gérer cette situation?

«Dans notre métier, le coût du personnel c’est 40%, les loyers 15%, les coûts marchandises 12-15%. Il faut vraiment réfléchir à la façon de réagir. Pour faire 10 millions, vous n’avez pas besoin de 139 personnes. L’État a dit qu’il allait prolonger le chômage partiel jusqu’à la fin de l’année sous certaines conditions. Ce n’est pas assez. Dans notre métier, il faudrait le garder, sous conditions, jusqu’à fin 2021. Sinon, le risque est fort grand que d’ici là nous devions nous séparer peut-être de 20 ou de 25% de notre équipe, qui va ensuite nous manquer en 2022.

Qu’a changé la crise dans vos façons de travailler?

«Nous constatons que certains se découvrent des talents. Un réceptionniste qui maintenant ne doit recevoir que 20% des clients peut par exemple donner un coup de main à la comptabilité. Ils deviennent plus polyvalents.

La crise a-t-elle mis en pause vos projets?

«Nous avons chaque année un programme d’investissement important, entre 500.000 et un million d’euros. Nous les continuons comme avant. Une entreprise comme la nôtre ne peut pas arrêter les investissements.

Cette année-ci, nous avions prévu la climatisation d’un hôtel de 65 chambres. Dans deux semaines, elle sera terminée.

Nous allons aussi lancer une application. Avant, nous proposions un énorme buffet. Avec le Covid, nous en avons profité pour diminuer le choix de produits. Nous les proposerons maintenant dans des petits sacs à emporter ou sur plateau. Le client commandera la veille à la carte via l’application, de façon à ce qu’on ait moins de pertes et qu’on puisse acheter mieux, des produits bio et locaux. Une telle application coûte environ 30.000 euros. Elle est prévue pour dans quelques semaines.

Au total, nous avons cette année-ci un budget investissement de 400.000 euros.

Comptez-vous encore investir dans les prochaines années, dans de nouveaux hôtels peut-être?

«Dans notre métier, on est toujours en train d’investir. C’est spontané. S’il y a un hôtel en bonne forme à céder pour raisons familiales, nous pouvons être intéressés.

Il se peut que l’année prochaine, on climatise aussi notre hôtel près du parc Plaza, qui compte 90 chambres. Ce sont des décisions que nous ne prenons pas aujourd’hui.»