Pour 10,80 euros, il est possible de casser la croûte avec ce thé pétillant et cette salade composée vendus chez Cocottes. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Pour 10,80 euros, il est possible de casser la croûte avec ce thé pétillant et cette salade composée vendus chez Cocottes. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Le chèque-repas est en théorie destiné à se restaurer les jours de travail. En pratique, nombreux sont les salariés à devoir ajouter quelques euros au coupon s’ils veulent s’acheter un lunch avec boisson au Luxembourg. Petit tour d’horizon.

Entre la hausse des prix des matières premières et celle , sans oublier , force est de constater que le coût de la vie est de plus en plus élevé. Pourtant, la valeur faciale des chèques-repas n’a pas augmenté depuis la réforme fiscale de 2017, et encore: , dans la mesure où la hausse de 30% leur est imputée directement. Pour les salariés dont l’employeur a accepté de supporter cette hausse, ils bénéficient chaque mois d’un forfait de 18 coupons de 10,80 euros.

Théoriquement donc, un chèque-repas permet de se restaurer chaque jour de travail presté. En pratique, la question se pose: est-il possible d’acheter un repas avec boisson pour 10,80 euros au Luxembourg?

Au restaurant avec service à table, cela semble aujourd’hui impossible dans la capitale, confirme , secrétaire général de la fédération Horesca. «C’est pour cela que certains utilisent deux ou trois chèques et vont moins souvent au restaurant», explique-t-il. Un petit tour dans les établissements du centre, du Kirchberg, de la Gare et de la Cloche d’Or –  – nous laisse sur notre faim: les formules lunch les plus avantageuses démarrent aux alentours de 20 euros.

Des burgers, mais surtout des sandwiches

Peut-être alors est-ce possible en self-service, comme dans les fast-foods? Chez certains seulement, comme chez Quick, qui propose un «Menu de Lux» pour 10 euros, à la condition de se limiter à certains burgers. Quant à Burger King, pas mal de menus restent dans les clous du budget de 10,80 euros, et même de 8,40 euros.

Toujours au rayon de la restauration rapide, Subway propose un menu du jour à 6,30 euros. À ce prix-là, le sandwich mesure 15cm, mais il est accompagné d’un dessert et d’une boisson.

À côté des grandes chaînes subsistent des acteurs locaux, comme l’enseigne de boucheries luxembourgeoise Emo, qui propose un menu burger à 10,80 euros dans son point de vente de l’avenue de la Gare. Quelques tables permettent d’y manger son lunch.


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Au menu des sandwiches, l’horizon se dégage, mais plus forcément en étant assis sur place, car certaines enseignes ne disposent pas d’espace suffisant. Ainsi, l’enseigne Paul propose trois menus (Salade, Paul et Délice) en dessous des 10,80 euros. Les boulangeries sont nombreuses à proposer des sandwiches et wraps. Là aussi, même en combinaison avec une boisson, il est possible de rester dans le budget d’un chèque-repas chez Fischer, Namur ou encore Oberweis.

Par contre, pour ce qui est de la salade, son prix de départ tutoie généralement la valeur faciale d’un chèque-repas en grande portion. Notons que les enseignes axées sur la restauration rapide équilibrée proposent aussi des sandwiches. Cocottes les affiche à partir de 5,30 euros, Exki et l’Atelier Steffen se situent dans la même gamme, tandis que les baguettes débutent à 6,40 euros chez Victorine.

Nombreux aussi sont les salariés à faire un arrêt dans les enseignes de grande distribution, où les étals de sandwiches et autres lunchs à emporter sont généralement bien garnis. Par exemple, Auchan propose dans ses rayons des menus allant jusqu’à 10,80 euros avec boisson.

Il n’y a pas que les chèques-repas

Ce petit tour d’horizon est loin d’être exhaustif: quelques food corners dans des centres commerciaux proposent des formules parfois dans le budget, comme la Box menu d’OrientX, au Kirchberg, et les menus du Columbus Café, à la Cloche d’Or.

L’offre est aussi complétée par bon nombre d’opérateurs offrant la livraison de lunchs sur le lieu de travail ou à domicile, télétravail oblige. Et puis, certains salariés bénéficient d’une cantine sur leur lieu de travail, ce qui leur permet de se restaurer à des tarifs avantageux.

D’autres profitent carrément du meilleur des deux mondes, comme les consultants employés par des sociétés privées et bénéficiaires de chèques-repas qui sont actifs dans des institutions et peuvent donc accéder aux services de restauration collective.

Ce qui est certain, c’est qu’à 10,80 euros, la valeur faciale du chèque-repas n’a pas changé depuis cinq ans. Au 1er janvier 2017, le salaire social minimum qualifié s’affichait à 2.398,30 euros, soit 11% de moins qu’actuellement.

Aujourd’hui, la valeur normale d’un chèque-repas devrait être de 17,50 euros ou 18 euros.
François Koepp

François Koeppsecrétaire général fédération Horesca

Et si on revalorisait le chèque-repas? Le ministère des Finances nous indique qu’aucune décision n’a été prise à ce jour. La question s’est-elle posée? Silence. Pour la petite histoire, la précédente revalorisation du titre avait eu lieu après . «Aujourd’hui, compte tenu de l’inflation et de la dévaluation de notre monnaie, la valeur normale d’un chèque-repas devrait être de 17,50 euros ou 18 euros», suggère François Koepp.

La ministre annonce une révision des règles

Celui-ci plaide aussi pour «délimiter l’usage des tickets à une fin de repas». Force est de constater que de nombreux bénéficiaires de ces titres les dépensent en grande distribution, où les achats peuvent dépasser la sphère alimentaire. Mais du côté de l’horeca, certains restaurateurs rechignent à accepter ces titres. Ils pointent du doigt les frais de commission des opérateurs, pouvant atteindre 4% du montant avec . Les deux opérateurs du marché n’ont pas donné suite à nos sollicitations.

Les règles concernant l’usage des chèques-repas vont en tout cas être revues. C’est ce qui a été annoncé par la ministre des Finances,  (DP), dans une réponse parlementaire le mardi 22 janvier, ces règles n’étant plus adaptées. L’accord de coalition prévoit d’ailleurs leur mise à jour. «Des analyses sont actuellement en cours et des échanges réguliers ont eu lieu avec les prestataires de services sur la mise en place d’un format digital des chèques-repas. Il est également prévu d’amender la réglementation de 1986 afin de tenir compte des nouvelles réalités qui se présentent au niveau de la définition de la journée de travail, du plafond maximal d’utilisation de chèques-repas par jour ou du réseau des restaurants ainsi que des commerçants qui offrent des repas», a souligné la ministre.

En 2020, . Sodexo fournissait 70% du marché, alors que le reste était délivré par son concurrent Edenred.