La sécheresse amoindrit les récoltes cette année au Luxembourg. Ce qui n’est pas sans impact sur le prix final. (Photo: Jean-Christophe Verhaegen/European Union 2021)

La sécheresse amoindrit les récoltes cette année au Luxembourg. Ce qui n’est pas sans impact sur le prix final. (Photo: Jean-Christophe Verhaegen/European Union 2021)

Le manque de pluie diminue fortement les rendements agricoles. Moins de foin ou de maïs signifie moins de nourriture pour le bétail, et donc une moindre production de viande ou de lait. Avec un impact sur le prix du produit à consommer, qui part à la hausse.

. Trois mois plus tard, elles se confirment et l’impact du manque d’eau sur les rendements se fait nettement ressentir.

Au niveau du foin, on constate «-50%» de récolte, déplore Guy Feyder, président de la Chambre d’agriculture – même s’il existe des différences par région, le Sud-Est étant le plus touché.

Il en va de même pour le maïs, très gourmand en eau, qui sert au fourrage du bétail. «La récolte vient de commencer, un mois plus tôt que d’habitude. Il y a certainement des champs où on sera à 20% de rendement en moins par rapport à la normale, d’autres où on se demande si cela vaut simplement la peine de récolter. On est bien à -50%.» L’agriculteur parle, en outre, d’un maïs «pauvre en grains», ce qui nuit à la qualité du fourrage donné aux animaux. Et impacte le rendement de ces derniers. À commencer par les vaches laitières. Leur production a déjà baissé de «1 à 3% cet été par rapport à l’année dernière».

+25 à 30% pour le lait

À cela s’ajoute une pression sur le marché avec la «forte demande asiatique, que ce soit pour le lait en poudre ou les matières grasses, comme le beurre», détaille Guy Feyder. Conséquence, un prix net du lait «historiquement haut, à plus de 50 centimes le litre», soit une hausse de «25-30% en un an».

Le manque de fourrage a aussi un impact sur la viande, puisqu’il ne «permet pas d’augmenter le cheptel» pour répondre à la demande. Dès lors, les prix ont augmenté de «40 à 50%».

Pour Guy Feyder, la répétition des périodes de sécheresse ces quatre dernières années aggrave la situation. «L’accumulation fait que le sous-sol s’assèche», constate-t-il.

D’autres céréales ont moins souffert, l’été sec empêchant le développement de certaines maladies. Mais les cultures superficielles, comme celle de la paille, utilisée comme litière pour les animaux d’élevage, n’a «pas assez d’humidité».

Les experts parlent d’une adaptation à venir des cultures, en privilégiant des plantes plus sèches venues d’Afrique, comme le sorgho. «De premiers essais se font, mais nous sommes loin des conditions de l’Afrique ou du sud de la France», relativise-t-il. Même s’il «faut suivre le sujet, l’évolution va dans ce sens», confirme le président de la Chambre d’agriculture.

Des demi-récoltes pour certains légumes

Pour les fruits et légumes, «le problème vient aussi de la disponibilité de l’eau», raconte Jean-Claude Muller, maraîcher. La sécheresse impose d’irriguer plus que ce qu’il est possible de faire en 24 heures, selon lui. Résultat, des rendements réduits pour les champs les moins arrosés.

Pour les oignons, il s’attend à une «demi-récolte». Pour le chou et le céleri, «je ne sais pas si on va récolter quoi que ce soit». Côté carottes, «nous aurons une petite récolte, avec des calibres réduits ou des aliments qui ne se gardent pas longtemps». Elle devrait être bonne pour la salade, sa culture principale, qui a pu être irriguée.

Les légumes doivent être récoltés entre fin août et début septembre. Qu’en sera-t-il de leur prix? «C’est une question qui me préoccupe. La production est beaucoup plus chère, de l’engrais au fioul. Mais nous avons des clients sensibles aux augmentations de prix.»

Les fraises avaient de leur côté bien commencé, mais les fortes chaleurs ont écourté leur durée de vie, gâchant la fin de leur saison.

Le prix des pensions pour chevaux augmente aussi

L’impact de la sécheresse se fait aussi ressentir chez les propriétaires de chevaux. «Normalement, nous faisons 630 tonnes de foin. Cette année, nous en avons fait 400», illustre Nicolas Mangen, responsable du centre équestre Bouferterhaff, qui produit son propre foin. Les chevaux qui restent dehors sont passés au foin depuis plus de deux semaines, car «dans les prés, il n’y a presque plus rien à brouter comme herbe, faute de pluie». Alors que d’habitude, cela n’arrive pas avant l’automne. À côté de cela, «les prix des grains ont fortement augmenté». Le prix de la pension en box (qui était de 600 euros par mois) a ainsi augmenté de 25 euros.

Des entrevues avec le secteur sont prévues.
Claude Haagen

Claude Haagenministre de l’Agriculture

La situation pousse en tout cas l’Alliance des agriculteurs à demander au gouvernement des Assises de l’agriculture à la rentrée. Contacté, le ministre de l’Agriculture (LSAP) se dit «ouvert à tout échange avec le secteur» et «suit de très près, avec ses administrations, l’impact de la sécheresse sur des cultures agricoles sur le terrain, tout comme l’évolution des filières et des marchés agricoles». Il ajoute que «des entrevues avec le secteur sont prévues» en septembre. Des bilans détaillés seront tirés de la moisson et des autres cultures agricoles, puis des vendanges.