Tahereh Pazouki passera l’examen final de son PhD en psychologie le 22 janvier. Le ministère de l’Éducation ne l’a pas attendue, et sa solution, MaGrid, sera implémentée dans 800 écoles luxembourgeoises à la rentrée de septembre. (Photo: Paperjam)

Tahereh Pazouki passera l’examen final de son PhD en psychologie le 22 janvier. Le ministère de l’Éducation ne l’a pas attendue, et sa solution, MaGrid, sera implémentée dans 800 écoles luxembourgeoises à la rentrée de septembre. (Photo: Paperjam)

Comment éviter que l’apprentissage des mathématiques soit impossible parce qu’un enfant a des difficultés… linguistiques? MaGrid, solution développée à l’Université par une étudiante diplômée en informatique, a été achetée par l’État luxembourgeois. L’Inde, le Brésil ou encore le Portugal sont intéressés.

Chaque nouvelle étude Pisa déclenche de nouvelles crispations au Luxembourg. Cette année encore, le pays a décroché. La «faute», en partie, au fait que plus de 55% des élèves sont issus des migrations (contre 13% de la moyenne de l’OCDE), une situation que connaissent de plus en plus de pays, au rythme des développements économiques, des guerres et des catastrophes climatiques ou environnementales.

Comment faire pour doper l’apprentissage des mathématiques en s’affranchissant de la question linguistique? En utilisant MaGrid, un nouvel outil d’apprentissage développé par la jeune Iranienne Tahereh Pazouki.

Arrivée en 2012 au Luxembourg depuis l’Iran, la jeune femme a directement obtenu un master en informatique à l’Université, en même temps qu’elle collaborait à des travaux du SnT. «C’était intéressant, mais je me demandais quoi faire concrètement, et j’ai vu les études que menait Romain Martin. Comme je ne connais personne, je lui ai envoyé un e-mail, et nous nous sommes parlé pendant deux heures.» Le professeur de psychologie et chercheur en éducation est aussi le responsable du centre luxembourgeois pour les tests dans l’éducation (Lucet). Il dit banco devant la volonté farouche de la jeune femme d’aider la société à progresser. «C’est si chouette, j’aimerais tellement remercier les gens de m’avoir permis de travailler sur ce sujet!»

Deux QR codes

Car l’étudiante, en PhD, a développé une nouvelle méthodologie d’apprentissage, MaGrid, «en référence à la marguerite», qui combine des livrets sur papier pour l’instant avec 180 tâches spécifiques et une application pour tablette. Âgé de quatre à six ans, l’enfant reçoit une carte d’identité numérique, un QR code, qui va lui permettre de se «logger» dans l’application. Sur le livret, un autre QR code, l’amène sur les exercices spécifiques, entièrement visuels.

Les tests dans une vingtaine d’écoles luxembourgeoises ont tellement bien fonctionné que le ministère de l’Éducation a acheté la solution: à la rentrée prochaine, 800 écoles seront équipées.

Fin du projet? Non. «Je travaille à l’évolution de cet outil pour en faire une plate-forme évolutive», explique Tahereh Pazouki. «Cela permettrait aux professeurs et aux parents de voir où l’enfant bloque et où il a besoin d’une aide spécifique plus ciblée. MaGrid n’est pas venu de nulle part, mais des thèses très précises sur la visualisation dans l’éducation et a nécessité un peu plus de trois ans de recherche.»

Outre l’État luxembourgeois, elle a reçu des marques d’intérêt du Brésil, du Portugal, de l’Inde et d’autres pays du Moyen-Orient alors même que sa société n’est pas encore tout à fait lancée. Le 22 janvier, la protégée de Pranjul Shah, le directeur de l’incubateur de l’Uni, passera son PhD. Avant de se lancer vraiment.

«Ça me rend heureuse, vraiment, d’avoir un impact sur la société!» Car le troisième étage de la fusée est déjà dans son esprit. Si cette technologie fonctionne pour les enfants du premier cycle, pourquoi ne fonctionnerait-elle pas pour des enfants qui seraient atteints de dyslexie ou d’autisme?