Appliquer la politique de l’autruche peut permettre de décoller, un paradoxe que la start-up de l’espace Maana Electric cultive parfaitement.
Née en 2018 au Luxembourg après avoir remporté le Luxembourg Prize – SpaceStarters Award du premier Forum de l’espace organisé au Luxembourg, la start-up de l’espace a même choisi d’aller mettre la tête (et les pieds) dans le sable de Dubaï et du Moyen-Orient, conformément à son plan de développement.
«Nous y avons eu des discussions poussées, depuis notre création», explique Fabrice Testa, un des cofondateurs. «Nous visons, pour la partie terrestre de notre projet, le marché des parcs solaires installés dans le désert. C’est pourquoi nous ouvrons une filiale à Dubaï, pour y nouer des relations précommerciales et commerciales. C’est un gros marché. Ils se réorientent tous vers l’énergie renouvelable et notamment le solaire. Ils ont une quantité de sable assez importante. Nous travaillons avec tout type de sable, comme nous le purifions au départ. Sur le marché du spatial, l’Agence spatiale des Émirats arabes unis est aussi très active dans le domaine de l’utilisation des ressources spatiales. Et nous aimerions travailler sur des projets spécifiques avec eux.»
Après une première année à travailler sur le processus de transformation du sable en silicium et à tester les sous-systèmes qui seront intégrés à la TerraBox, la start-up de l’espace, qui emploie aujourd’hui 40 personnes, dont quatre aux Pays-Bas, poursuit le développement de son prototype. Ce dernier est capable de produire un mégawatt de panneaux solaires en un an.
Énergie 100% «verte»
La TerraBox tient dans six conteneurs maritimes de 20 pieds, dont chacun apporte un processus spécifique: purification du sable, double flux pour produire du silicium et du verre, production de «wafers» (ces plaques sur lesquelles seront greffées les cellules photovoltaïques) et assemblage des deux feuilles de verre et des cellules photovoltaïques, le tout sans cadre d’aluminium, ce qui rend les pays riches en sable totalement indépendants d’autres technologies.
«Aujourd’hui, avec notre réacteur en construction, nous arriverons à produire plusieurs kilos de silicium par jour», détaille l’entrepreneur. «Les panneaux sortent. Et la machine prototype produira 20 à 25 panneaux par jour. La machine commerciale produira 200 panneaux par jour, soit 10MW sur l’année.»
La machine possède trois avantages: les coûts de production seront cinq fois moins élevés que pour les panneaux solaires, le processus est écologique puisqu’il n’y a ni utilisation d’eau ni de produits chimiques, et le panneau est un produit local. «Et ça, c’est très apprécié», note encore M. Testa. «Pas question d’être à la merci de quotas qui viendraient du principal fournisseur…»
Objectif Lune en 2024
La start-up luxembourgeoise, qui a financé son développement grâce au contrat-cadre avec le ministère de l’Économie, la Luxembourg Space Agency et l’Agence spatiale européenne, a déjà enregistré trois contrats et assure qu’elle aura des recettes en 2022, vu les demandes qui lui parviennent du monde entier. «Pour l’instant, nous travaillons au développement de la TerraBox», tempère celui qui a cofondé la société avec le Néerlandais Joost van Oorschot.
Sans perdre de vue que cette technologie pourrait être embarquée à bord d’une fusée, dans une version en trois CubeSat, ces satellites de la taille d’une boîte à chaussure. En 2024, la LunaBox pourrait ainsi produire ses premiers 100 grammes de silicium et 100 grammes d’oxygène, particularité du dispositif sur la Lune.