Sur la scène de la GovSatCom 2023, fin février, au Centre de conférences, le CEO de LuxGovSat, Patrick Biewer, s’est peut-être un peu avancé. Selon le récit fait par LuxTimes mi-mars et jamais démenti, la joint-venture entre l’État et SES avait vécu sa première année avec des résultats financiers positifs.
«Nous n’avons jamais dit cela comme cela», nuance aujourd’hui la responsable de la communication. Elle ajoute que le dernier trimestre a été particulièrement bon – comprenez bénéficiaire –, que 2023 sera bénéficiaire et que la compagnie vise une croissance de 20%.
Les résultats de 2022 font apparaître un chiffre d’affaires en hausse de 3,9% à 26,9 millions d’euros. Avec une réduction de ses dépenses opérationnelles de plus de 2 millions d’euros, l’entreprise limite la casse à 1,7 million de pertes qui s’ajoutent aux 46 millions d’euros déjà perdus jusqu’ici. Mais, bonne nouvelle, l’Ebitda fait encore un bond en avant passant de 4,7 en 2020 à 8,7 en 2021 et à 11,8 l’an dernier.
Un marché en plein changement
Au-delà des chiffres, l’entreprise reconnaît dans les analyses des risques de son rapport annuel que «l’émergence de nouvelles technologies entraîne des changements rapides dans certains des marchés de l’entreprise».
«GovSat-1 est un satellite à large faisceau qui n’est pas aussi efficace en bande passante que les satellites HTS commerciaux (bien qu’il soit plus sûr). Il existe un risque que HTS augmente la prime pour la capacité sécurisée au niveau Mbps. L’adoption et la disponibilité croissante de terminaux multibandes (permettant l’utilisation de fréquences commerciales et militaires sur le même terminal) peuvent conduire l’essentiel de la demande de trafic de ces terminaux vers une capacité SFS commerciale moins chère et plus généralement disponible, tandis que la demande d’une capacité plus sécurisée peut être limitée à la situation critique seulement», peut-on lire.
Co-actionnaire avec l’État, SES peut jouer sur les deux tableaux avec sa nouvelle constellation O3b mPower et sa nouvelle stratégie qui l’a vue rebrander sa filiale de Redmond, SES Government Solutions en SES Space & Defence. Ce qui a surtout le mérite d’être plus clair sur sa volonté de conquérir des parts de marché pour la défense américaine.
Pas de panique, dit un observateur avisé, il y aura des clients peut-être moins avancés ou moins riches ou dont les besoins sont inférieurs, et qui voudront acquérir des capacités de communication militaire «offertes» par LuxGovSat.