Le directeur artistique du LuxFilmFest, Alexis Juncosa, estime que la série LuxFilmLab «montre que le public des films indépendants est impatient de revenir au cinéma». (Photo: DR)

Le directeur artistique du LuxFilmFest, Alexis Juncosa, estime que la série LuxFilmLab «montre que le public des films indépendants est impatient de revenir au cinéma». (Photo: DR)

Le premier mercredi de chaque mois, un groupe de cinéphiles se réunit au Ciné Utopia pour regarder un film inédit sur grand écran dans le cadre de la série LuxFilmLab.

Au milieu des années 1990, avant l’arrivée du multiplexe de 10 écrans Kinepolis, le Ciné Utopia au Limpertsberg était le lieu idéal pour  les cinéphiles luxembourgeois. Le cinéma intimiste de cinq écrans, installé dans un garage reconverti, proposait les derniers blockbusters hollywoodiens ainsi que des films indépendants, et chaque jeudi soir accueillait une «sneak preview», un film surprise qui n’était pas encore sorti. Les habitués ont appris à se connaître et ont ensuite passé du temps dans l’un des cafés locaux pour discuter du film qu’ils venaient de voir.

25 ans plus tard, une ambition un peu similaire a émergé grâce à une initiative conjointe entre le Luxembourg City Film Festival et Kinepolis. Et l’initiative LuxFilmLab a surpris la direction du cinéma par son succès.

«Tout part d’un sentiment de frustration», déclare Alexis Juncosa, directeur artistique du LuxFilmFest. Parce que le premier confinement dû à la pandémie a commencé pendant le festival 2020, plusieurs films qui avaient été programmés n’ont pas été projetés. La solution, après la réouverture des salles dans le cadre de mesures strictes d’hygiène et de distanciation sociale, était de projeter une sélection de ces films ‘manquant à l’appel’ en dehors du cadre du festival, mais dans un contexte très spécifique qui concernerait toujours les fans du festival.»

Ce qui était une expérience est maintenant devenu un événement mensuel très attendu, et qui, selon Alexis Juncosa, justifie la confiance placée dans l’idée par la direction de Kinepolis. «Cela montre que le public des films indépendants est impatient. En fait, nous avons eu plusieurs événements à guichets fermés et la fréquentation dépasse même celle de superproductions qui ont été projetées», explique-t-il.

Cela fut par exemple le cas pour la projection en avril de «The Father», qui a permis au public du LuxFilmLab d’être le premier du Grand-Duché à voir la performance oscarisée d’Anthony Hopkins. Et ensuite, un autre favori de la saison des récompenses, «Minari» de Lee Isaac Chung, qui a remporté le prix du meilleur film en langue étrangère aux Golden Globes et l’Oscar de la meilleure actrice de soutien pour Youn Yuh-jung.

Les films sont choisis conjointement par le comité artistique du LuxFilmFest et l’équipe de programmation du Kinepolis. Les premiers films incluaient l’Ouest australien «True History of the Kelly Gang», le drame iranien «Yalda, a Night for Forgiveness» et la comédie d’horreur française «Mandibules».

Mais «The Father» et «Minari» sont le genre de films indépendants qui ont un attrait croisé. «Ce sont deux films que nous aurions clairement envisagés pour le festival, mais que nous n’avons pas pu programmer en raison du timing de leur sortie initiale», explique Alexis Juncosa. «Le LuxFilmLab nous permet de nous assurer de ne manquer aucun gros poisson.»

Sortir des sentiers battus

La série LuxFilmLab n’est qu’une des façons dont le LuxFilmFest continue de «sortir des sentiers battus». En janvier, le festival faisait à nouveau partie des projections de la Journée de la mémoire de l’Holocauste à travers le Grand-Duché avec «Les Leçons persanes» de Vadim Perelman et «Adam Resurrected» de Paul Schrader, ou encore un programme scolaire. Il a également organisé une conférence à la Cinémathèque avec des extraits du film déchirant «Death Mills» de Billy Wilder sur la libération des camps de concentration en 1945.

Pendant ce temps, le programme du LuxFilmLab pour juillet et au-delà est en cours de finalisation avec des films très prometteurs en préparation, d’autant plus que les cinémas des pays voisins rouvrent et que les distributeurs remettent leurs horaires sur les rails, permettant un choix de films encore plus grand.

Déclaration d’intérêt: Duncan Roberts est membre du comité artistique du LuxFilmFest.