«Avant la crise, la notion de plaisir tirée de la visite à un événement était très importante, il faudra conserver un niveau de plaisir élevé, mais probablement différemment», résume Morgan Gromy, CEO de Luxexpo The Box. (Photo: Mike Zenari / archives Paperjam)

«Avant la crise, la notion de plaisir tirée de la visite à un événement était très importante, il faudra conserver un niveau de plaisir élevé, mais probablement différemment», résume Morgan Gromy, CEO de Luxexpo The Box. (Photo: Mike Zenari / archives Paperjam)

Luxexpo The Box a entamé un grand chantier d’adaptation de son fonctionnement et de son offre en raison de la crise du Covid-19. Avec la double ambition de sauver le dernier quadrimestre de l’année et de contribuer à la relance de l’économie en tant que vitrine et fournisseur d’activité pour de nombreux professionnels.

«Nous sommes un site de rencontre.» En usant de l’analogie avec les apps de rencontre, le patron de Luxexpo The Box synthétise tout l’enjeu des prochains mois: mettre en place les nouvelles conditions propices à la reprise de l’activité et donc à la réouverture des portes aux visiteurs, qu’ils soient professionnels ou particuliers.

«Nous travaillons sur trois points d’appui pour notre relance: nous adapter, rassurer et aider», indique , CEO de la structure d’organisation et d’accueil d’événements au Kirchberg. «Nous voulons adresser ces trois points tant pour nos clients, nos prestataires et parties prenantes que pour nos visiteurs. Nous parlons d’un changement de paradigme pour que la relance s’effectue dans de bonnes conditions et surtout qu’elle soit durable.»

Une remise en cause profonde de la façon de travailler dans le secteur de l’événementiel et des foires et salons qui passe par l’adaptation des infrastructures, des moyens techniques et humains, ainsi que des protocoles inhérents au contexte actuel.

«Nous sommes en train d’établir une vingtaine de procédures spécifiques Covid-19 pour assurer une traçabilité ad hoc, en plus de nos procédures antérieures. Ces procédures seront aussi partagées avec les organisateurs qui utilisent le site afin d’assurer une même mise à niveau», ajoute Morgan Gromy. «C’est une nouvelle façon de faire qui ne doit pas reposer sur une approche intuitive, elle passera par un énorme travail de formation et d’information.»

Nettoyage du site, contrôle des accès, ventilations, adaptation du wifi pour privilégier les usages digitaux et limiter les contacts… l’inventaire des points sensibles et donc des conditions de la reprise est discuté avec l’ensemble de la profession et soumis au gouvernement.

Quels événements pour quels publics ?

Dans le même temps, la période des annulations ou reports des événements a été mise à profit pour se projeter et simuler plusieurs scénarios (conférence, conférence-exposition et même des événements festifs) selon les nouvelles modalités imaginées à la croisée de la sécurité sanitaire tout en remplissant la mission du site.

«Nous observons que la question du volume du public qui pourrait être accueilli dépend de deux autres paramètres-clés, à savoir la surface disponible et la durée», pointe Morgan Gromy. «Dans tous les cas, la rigueur devra prévaloir, en sachant que 100 personnes gérées ‘à la légère’ peuvent être plus dangereuses que 2.000 personnes bien gérées.»

Quelle sera la taille des événements à venir? Quid du format? Et quels sujets aborder? Outre les conditions sanitaires, le secteur événementiel poursuit une réflexion plus profonde sur son offre. Celle-ci pourrait s’inspirer du large mouvement en faveur des activités en local et de l’utilisation accrue des outils digitaux que la crise a entraînée.

Le fait que Luxembourg ait toujours été positionnée sur des événements de taille moyenne ou de plus petite taille peut représenter un atout.
Morgan Gromy

Morgan GromyCEOLuxexpo The Box

«Les notions de distanciation sociale et de mobilité sont les deux éléments majeurs et distinctifs de notre secteur, car la mise en relation est notre raison d’être, c’est notre core business», poursuit Morgan Gromy. Qui imagine les impacts d’un monde avec une distanciation sociale et une mobilité internationale plus limitée sur toutes les strates de l’activité de Luxexpo The Box.

«Le fait que Luxembourg ait toujours été positionnée sur des événements de taille moyenne ou de plus petite taille peut représenter un atout», estime-t-il. Le choix d’une destination ou d’un lieu d’événement s’effectuera sur base de la sécurité sanitaire et du confort pour le visiteur. Nous devons réussir à transformer ces contraintes en atout.»

Car les infrastructures qui appartiennent à la Sipel (Société immobilière du parc des expositions de Luxembourg, détenue par l’État) et la société d’exploitation Luxexpo The Box appartenant à la Chambre de commerce (actionnaire majoritaire) et à la Ville de Luxembourg entendent jouer un rôle dans la dynamique de la reprise économique en tant que vitrine des secteurs et lieu de mise en relation.

«Avant la crise, la notion de plaisir tirée de la visite à un événement était très importante, il faudra conserver un niveau de plaisir élevé, mais probablement différemment. Les thèmes abordés seront probablement aussi différents. Mais nous attirerons les gens avec du contenu fort, puissant et adapté», résume Morgan Gromy, qui entrevoit une accélération de la forme hybride des événements. «On a souvent voulu opposer l’online et l’offline, mais les deux sont interconnectés. En utilisant à nouveau l’image d’un site de rencontre, la connexion en ligne est sacralisée au moment de la rencontre réelle.»

Des enjeux économiques

Des événements qui tendraient vers une taille plus petite, plus sélectifs, davantage contrôlés. Le dispositif et, plus largement, le nouveau modèle économique à écrire dans les prochains mois seront-ils viables? Morgan Gromy y croit, à condition que les professionnels (gestionnaires de site, organisateurs et prestataires) s’accordent: «Il faudra probablement que les trois parties s’entendent sur la répartition des tâches et mutualiser les efforts. Le coût unitaire sera peut-être différent, mais le prix le sera tout autant.»

Figurant parmi les derniers secteurs à rouvrir, l’événementiel voudrait sauver, autant que possible, la deuxième partie de 2020, alors qu’à Luxexpo The Box, la perte pour la période de mars à août se chiffre à 2 millions d’euros sur base des objectifs fixés.

Si on ne peut pas réaliser ce qui est projeté, il faut imaginer ce que cela représente pour la filière qui dépend de nos activités.
Morgan Gromy

Morgan GromyCEOLuxexpo The Box

«Nous avons réussi à reporter 1,5 million sur le dernier quadrimestre; il vient s’ajouter aux 3,2 millions qui sont dans le pipeline. Une cinquantaine de clients attendent de savoir si on reprend ou pas. Si on ne peut pas réaliser ce qui est projeté, il faut imaginer ce que cela représente pour la filière qui dépend de nos activités…», ajoute Morgan Gromy.

Celui qui avait et avait été de la structure a été nommé administrateur délégué lors de la récente assemblée générale qui s’est tenue au cœur de la crise. Un signal de confiance en perspective d’une reprise qui s’envisage avec un premier scénario concret: le salon thématique Home & Living Expo. «1.500 techniciens y interviennent pour le montage. Si nous arrivons à modéliser cela, nous arriverons à modéliser le reste», estime Morgan Gromy.

À Luxexpo The Box, le centre de soins avancés s’apprête . En attendant que d’autres visiteurs puissent à nouveau les pousser, pour d’autres raisons. Après la pression des restaurateurs pour rouvrir leurs établissements de façon prévisible, le gouvernement aura tout intérêt à faire redémarrer de la sorte un secteur générateur d’activité – et donc d’emploi – en cascade.