Symbole du Buy and Build de Luxempart, Sogetrel (10% pour 40 millions d’euros fin 2020) a acquis BTN en Allemagne, où la pose de la fibre optique a pris du retard. (Photo: Shutterstock)

Symbole du Buy and Build de Luxempart, Sogetrel (10% pour 40 millions d’euros fin 2020) a acquis BTN en Allemagne, où la pose de la fibre optique a pris du retard. (Photo: Shutterstock)

Luxempart a maintenu la valeur de son portefeuille au-dessus de 2 milliards d’euros au premier semestre, en baisse de 4,6% sur six mois contre -21,5% pour l’indice de référence, le MSCI Europe Mid Cap Index. Sa stratégie Buy and Build la place idéalement pour une fin d’année compliquée.

La nitroglycérine est très sensible au mouvement, l’analyse des résultats financiers aussi. En témoignent les résultats semestriels que Luxempart publie ce lundi matin: la valeur nette des actifs (2,078 milliards d’euros) est en repli de 4,6% – nettement moins que celle de l’indice de référence MSCI Europe Mid Cap Index (-21,5%) – alors même que les participations ont enregistré une progression de leur Ebitda moyen pondéré par rapport à fin décembre 2021, de l’ordre de 6,8%.

«Nous sommes encore plus prudents qu’à fin décembre sur les niveaux de valorisation», analyse Olaf Kordes, qui codirige la société luxembourgeoise d’investissement avec John Penning. La faute à la guerre de la Russie en Ukraine et aux conséquences du Covid sur l’économie chinoise, qui ont créé des tendances inflationnistes et font peser des menaces sur l’approvisionnement énergétique.

Fin décembre, les sociétés dans lesquelles Luxempart a directement investi étaient valorisées en moyenne à 10,3x l’Ebitda, contre 9,6x au premier semestre, estime-t-elle, puisqu’elle établit ce chiffre à partir d’une comparaison avec des sociétés similaires et cotées.

Sortie d’eduPRO

Cette baisse «théorique» n’est pas alarmante si l’on considère la stratégie mise en place par le tandem, le Buy and Build, qui cible des secteurs moins exposés et plus résilients, que ce soit Le Foyer, des actifs dans le domaine de la santé ou dans les services financiers.

Au premier semestre, Luxempart a cédé trois participations pour 119 millions d’euros: l’allemande Novotergum et ses centres de physiothérapie dont elle avait pris une participation minoritaire en 2019 et la belge Vivalto et ses maisons de retraite, dont elle avait acquis 12% en 2016 – deux désengagements déjà annoncés en fin d’année – et  suisse.

414 millions d’euros disponibles

Elle a investi dans deux nouvelles sociétés, Metalworks et Salice, pour 57 millions d’euros. Les 32 millions d’euros dans la première, qu’elle connaissait déjà pour y avoir investi avec Bravo Capital Partners en 2016, lui permettent de détenir environ un tiers du capital de cette société spécialisée dans les accessoires en plastique et en métal pour l’industrie du luxe. Les 25 millions d’euros dans la seconde aux côtés de Cobepa la voient entrer dans une société familiale spécialisée dans les systèmes de fermetures pour le mobilier de luxe.

Deux investissements auxquels il faut ajouter une rallonge de 7 millions d’euros dans des sociétés déjà dans le portefeuille, comme le passage de 15% à 20% du capital de Technotrans.

La trésorerie augmentée de 70 millions d’euros depuis fin décembre pour atteindre 414 millions d’euros et permettre à la fois d’être à l’affût des opportunités qui pourraient naître d’un environnement international instable et de répondre aux appels des fonds auxquels Luxempart a promis 68 millions d’euros dans dix nouveaux fonds, investissant essentiellement hors d’Europe. La société a aussi reçu des distributions à hauteur de 37 millions d’euros et investi 32 autres millions dans les fonds existants.

Sogetrel lorgne sur l’Allemagne

Le Buy and Build, qui veut donner le temps aux entrepreneurs de croître et s’inscrit en dehors des cycles habituels d’investissement, s’est aussi traduit au premier trimestre par les nouvelles acquisitions d’Evariste, cette sorte de fédération «intégrée» d’entreprises et, surtout, par le nouveau positionnement de Sogetrel, dont : alors que le marché du déploiement de la fibre optique, en France, arrive à maturité, la française a commencé à s’attaquer au marché allemand, qui semble en retard, avec l’acquisition de BTN Baran Telecom Networks.

«Nous continuons à suivre de près nos participations dans le contexte des développements économiques et géopolitiques en Europe et dans le reste du monde, qui pourraient créer une pression accrue sur l’inflation et les disponibilités de matières premières. Nous restons dès lors vigilants pour le second semestre, ne pouvant exclure des chocs majeurs», concluent les deux hommes, dans le communiqué de presse diffusé ce lundi matin.